"Les lois fondamentales de la stupidité humaine"

De l'élection dans le monde démocratique sortent ouvrier, cadre ou patron...
De l'élection dans le monde démocratique sortent ouvrier, cadre ou patron...

Introduction : "L’humanité est dans le pétrin. Ce n’est pas une nouveauté, cela dit. Aussi loin que l’on puisse remonter, l’humanité a toujours été dans le pétrin."

La première loi : "Chacun sous-estime toujours inévitablement le nombre d’individus stupides existant dans le monde."

Non seulement, il sous-estime ce nombre, mais en plus il se surestime puisqu’il est convaincu de ne pas en faire partie. Tel l’Algérien durant les événements du printemps arabe. Il a sans doute cessé de croire qu’il n’est pas né arabe. Le devenir pour plaire au Pouvoir c’est moins grave. Un crétin se laisse guider sans honte par un bandit. Et l’Arabe n’est-il pas ce bandit qui s’acharne à fuir son Arabie en voulant arabiser le reste du monde ? Un crétin explique l’auteur des «lois fondamentales de la stupidité humaine» c’est quelqu’un qui subit une perte qui profite à un autre. Un bandit c’est l’inverse. Par exemple une Kabylie indépendante sera sans doute envahie par des êtres intelligents, stupides crétins et bandits. Loin des puits de pétrole des frontières et des Hommes, elle n’aura le choix que de s’ouvrir à tous, le temps d’un bronzage exotique. Mais que sera demain l’Algérie sans la Kabylie ? Une France sans Paris ? La pauvre Kabylie n’a jamais accueilli le sérail encore moins les Classiques qui ont fait la Révolution française. Malgré Nedjma, Kateb Yacine a été expulsé de cette terre qui continue à jouer le négre amnésique qui pique ses crises. Heureusement, les sultans d’Alger ne sont pas ingrats : à chaque festivité vantant les "racines", ils exposent les robes amazighes, bijoux en argent et ustensiles en argile échappé au déluge de l’Histoire que de vieilles survivantes modèlent à l’ombre des gourbis montagneux. Et puis, ils n’ont pas le choix, à part ces têtes brûlées au rêve «massinicien», le reste du désert ne peut donner que du désert. Au pays de Massinissa, il n’y a plus que la Kabylie pour s’isoler et rêver de la société d’Aristote où l’homme n’est qu’un animal social s’il n’est pas la proie…Surestimer un nombre qui porte la poisse c’est prendre le risque de booster une dépression. Le contraire ne s’avère pas si stupide qu’on le pense.

La deuxième loi : "La probabilité que tel individu soit stupide est indépendante de toutes caractéristiques de cet individu."

Mais quelle caractéristique peut échapper à la stupidité ? Dans les plus beaux yeux du monde, l’éclat fait la différence. On peut naître stupide et devenir monarque adulé, intelligent et moisir dans une cellule remplie de rats. L’auteur affirme que dans toutes les catégories, il y a la même proportion de personnes stupides. Dans l’inégalité, on trouve donc de l’égalité, rassurant. Mais la stupidité d’un ministre d’un général est-elle de la même nature que celle d’un chauffeur d’une femme de chambre ? D’un coté on peut vider les caisses, provoquer un génocide (consciemment) et de l’autre, bousiller une voiture de luxe rater un rôti (inconsciemment). Normalement, la probabilité est nulle de voir l’idiot occuper la chaise d’un génie, mais l’idée géniale est que ce dernier se cache derrière le premier. Le problème est à l’image du virus du sida, transmission à la moindre diversion. Le proverbe des Anciens dit qu’il vaut mieux avoir un ennemi intelligent qu’un ami bête. Imaginons l’Algérie colonisée par Israël, nous deviendrons des Palestiniens israéliens rassurés de mettre de la distance avec Gaza. Et comme nous avons de l’espace et du désert pailleté, on ne risque pas de se piétiner. Pour notre Paradis, on peut se rassurer, la mosquée et la synagogue ont plus de points communs que l’église et le temple réunis. Notre Kahina était bien juive. Enfin, nous sauverons nos journalistes politiques du syndrome de la feuille blanche, Alger -Tel-Aviv sera meilleure muse. Et puis quel idiot croit encore à la colonisation. Aujourd’hui on a fait des progrès, pas besoin de coloniser un pays pour prendre ses commandes. 

La troisième loi ou règle d’or : "Est stupide celui qui entraine une perte pour un autre individu ou pour un groupe d’autres individus, tout en n’en tirant lui-même aucun bénéfice et en s’infligeant des pertes."

Là, on est bien servi, les exemples pullulent. Le suicide de Bouazizi, une perte pour sa famille entrainant la perte de la famille Ben Ali. Quant aux Tunisiens, ils attendent toujours de savoir s’ils ont perdu ou gagné au change. Il n’y a qu’à lire Merzouki en opposant et en président pour s’en convaincre. Le Merzouki algérien a choisi le moyen inverse : dénoncer la corruption du système avant de le «dégager» ; une façon de s’en prendre à la mue du serpent au lieu de lui couper la tête. Pas bête. Et le Bouazizi algérien n’hésite pas à s’enflammer pour des cendres, pour rien. Pas découragé pour autant. Pendant ce temps-là, le loup mime sans succès le renard. Il dépense des millions pour faire de la pub sans vendre ni acheter. Pour élire sans élire flatter sans flatter détruire sans détruire construire sans construire. Saboter par exemple une autoroute censée verser dans la séduction de masse. Le bakchich n’en valait pas la peine. Avec un minimum de jugeote, on pouvait faire mieux en évitant le pire (par exemple le gaz de schiste dit-on). Que gagne un dictateur quand il jette ses tueurs sur une populace-zombie ? Plus de médailles, de gardes du corps, de drogues afin de combattre les insomnies, les cauchemars des coups d’État des assassinats qui ne viendront que des courtisans les plus engraissés. Et quand la mort finit par sonner, il sera somptueusement enterré par des héritiers nombreux parasites ingrats affamés et bien portants. Le seul bémol, c’est l’espérance de vie des stupides : rassurante. La stupidité a fini par forger du rationnel.

La quatrième loi : "Les non- stupides sous-estiment toujours la puissante destructrice des stupides. En particulier, les non-stupides oublient sans cesse qu’en tous temps, en tous lieux et dans toutes les circonstances, traiter et ou s’associer avec des gens stupides se révèle immanquablement être une erreur coûteuse."

S’ils oublient c’est qu’ils ne sont pas aussi intelligents qu’on le pense. Sauf si on est vieux et malade : l’Alzheimer. Dickens déclarait : "l’homme peut tout affronter, armé de stupidité et d’une bonne digestion." Quand des gens non-stupides veulent élire quelqu’un, ils choisissent toujours le dernier d’entre eux : celui qui a le minimum de no stupidité. Il n’y a qu’à voir les noms qui sortent des urnes dans n’importe quelle élection du monde démocratique où le choix est libre et transparent pour s’en convaincre. Du patron à l’ouvrier, on s’est donné le mot, l’ascenseur social ne doit pas se bloquer mais se scinder en deux : l’un monte l’autre descend. Résultat, le moteur central tourne dans le vide en chauffant vers le bas. Il n’y a qu’à prendre n’importe quel moyen de transport en commun pour s’interroger si cette quatrième loi n’est pas un peu dépassée. Dans la masse du commun des mortels, quand ça va mal, on se déteste. Le temps d’arriver chez soi, on hait cette "cohabitation corporelle" obligée entre un arrêt et un autre. Et cette haine insensée n’est-elle pas de la stupidité pure ? Pourquoi mon pareil serait responsable de ma peine ? Lorsqu’on pense que tout ce qui fait rêver aujourd’hui comme les Droits des Hommes est le fait de rebelles qui ont eu l’intelligence de se bénir au lieu de se maudire afin d’avoir la force nécessaire pour briser leur esclavage. Aujourd’hui, stupidement, on préfère se résigner, se déshumaniser, fantasmer sur le suicide de Spartacus. Enfin, la classe au pouvoir peut se targuer de ne contenir aucun stupide. Elle a compris vite d’où vient le danger et n’est pas prés de l’oublier.

La cinquième loi : «Un individu stupide est le type d’individu le plus dangereux.» Son corollaire : «L’individu stupide est plus dangereux que le bandit.»

Qui des deux est le plus dangereux ? Tout réside dans la trajectoire et la cible. Pour un Papa rentier, des individus stupides n’ont besoin que de la pierre philosophale schématisée par la télé et le frigo, automatique la castration. Pour le non-rentier, celui qui n’a pas de grotte d’Ali Baba, le sésame est d’abord de blanchir la matière grise pour fabriquer les 40 voleurs. Le banditisme se trouve dans la jungle ou dans le luxe raffiné de l’égalité et de la liberté. Mais où est donc la fraternité ? Sans elle, notre mal social est total. Le philosophe, le prêtre finissent toujours par mourir en bandit entourés de gens stupides. Voltaire avait raison : "vers 1750, la nation rassasiée…de réflexions morales et de disputes théologiques sur la grâce et les convulsions, se mit enfin à raisonner sur les blés." Sauf qu’au 18e siècle, on raisonnait sur le bon blé naturel et qu’au 21e siècle, on raisonne sur le blé sur les insecticides, sur les OGM...alors que notre ADN n’a pas changé. En Algérie, nous sommes au-dessus de tout soupçon puisque nous nous contentons de l’importer. En résumé, le bandit a besoin du stupide et le stupide a besoin des dieux, mais ces derniers en reprenant l’expression de Schiller "luttent en vain". Ce n’est pas facile de sauver un train qui déraille conduit par un homme stupide. Avec le bandit, on évite le désastre majeur, affirme Cipolla, mais au prix d’une totale stagnation. C’est vraiment stupide de construire un train qui refuse de démarrer.

Mimi Massiva

Référence : Les lois fondamentales de la stupidité humaine, Carlo M. Cipolla, 1922-2000, historien de l’économie de renommée mondiale

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Commentaires (3) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Khalida targui

Decevant Mimi DECEVANT; un train qui marche c'est la cata en Algerie, souvenez vous quand le RCD a appelé à la marche pour faire come les Tunisens el hamdoulilah, tous nos trains etaient bloques sinon où serait l'Algerie si ils avaient roulé ce jour là? Non, non, un train qui roule ya latif, la baraka c'est pas bouger

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