Le FMI cherche de nouveaux marchés en Algérie !

Karim Djoudi et Christine Lagarde, directrice du FMI.
Karim Djoudi et Christine Lagarde, directrice du FMI.

"Le crédit à la consommation va avoir un effet positif sur l’économie dans son ensemble, ainsi que sur les conditions de vie des ménages, étant donné que les citoyens vont vivre dans de meilleures conditions. Je ne vois pas d’inquiétude particulière sur le fait que les crédits à la consommation peuvent porter un souci de stabilité macroéconomique globalement". Ce n’est pas un vulgaire journaliste qui le dit mais c’est le chef de mission économique du FMI à Alger, Mr Zeidane Zeine. Au-dessus c’est le soleil, disait l’autre.

De qui se moque-t-il ? Il ne faut pas avoir un doctorat en économie, la vraie je vise ici, pour comprendre que cela est sans fondement est même d’une contradictoire ennuie. En fait selon cet expert de du Fonds Monétaire International (FMI), ce crédit à la consommation, déjà établi puis suspendu par les autorités algérienne, donnera un coup de pousse à la consommation des ménages et par voie de conséquence à toute l’économie nationale. Cela est vrai notamment sur le plan théorique, tellement cher aux économistes professionnels, mais sans rapport avec la réalité de l’économie algérienne. Cet agent, appelons-le ainsi du moment qu’il travaille pour une telle entreprise, a oublié juste d’ajouter que les ménages dépensent selon leur volonté et selon leurs besoins parce qu’ils sont «rationnels». Je ne vais pas parler du mensonge des allégations selon lesquelles le consommateur est souverain car le professeur J.K. Galbraith a démontré que c’était juste une chimère qui tient à cœur les économistes classiques (néoclassique surtout). Mais je tiens quand-même à rappeler que la rationalité est le fondement de l’économie classique et des institutions monétaires telles que le FMI et la Banque mondiale… Être rationnel est une « obligation » en économie sinon toutes les prévisions seront erronées. Mais si on décortique bien la scène économique internationale, on comprendra bien que la dernière des choses à faire, si on est vraiment doué de bon sens et d’un esprit rationnel, c’est d’écouter et de suivre les recommandations du FMI & Co (Cf. J. Perkins "Les confessions d’un assassin financiers").

Si par malheur l’Algérie décide d’autoriser ces crédits à la consommation, l’économie algérienne va subir un choc de demande suite à la hausse de demande générale autour de certains biens. Le problème réside en fait dans la nature de ces biens sur lesquels va porter cette nouvelle demande. Il s’agit sans doute des biens importés car aucun algérien ne va penser à augmenter sa consommation en ognons si on lui augmente son salaire. Je dis salaire car, pour en résumer, le crédit est un revenu (salaire) anticipé que le ménage désir consommer avant de l’avoir, c’est-à-dire une utilisation de son revenu mais qui est interférée dans le temps. Je m’explique : au lieu d’épargner pour satisfaire ses besoins, le ménage va emprunter de l’argent pour acheter des biens qu’il ne pourrait bien se procuré avec son revenu courant. Jusqu’ici rien d’anormal. Cependant, une fois qu’il a emprunté et contrairement à l’utilisation de son épargne, le ménage sera obligé de payer un taux d’intérêt à son prêteur, le service de la dette. Au final, pour assurer les échéances de l’emprunt, le ménage qui s’est endetté doit faire attention à ses dépenses et surtout éviter un retard de paiement car cela impliquera automatiquement des sanctions financières qui vont alourdir davantage le fardeau initial. Pour illustrer le crédit à la consommation et afin de simplifier les calculs, j’ai pris un taux d’intérêt fixe et non pas variable:

- Un crédit de 500 000 DA sur 4 ans, avec un taux d’intérêt de 4% par mois : à la fin de ses 48 mensualités, le ménage se voit rembourser le capital emprunté (500 000 DA) et un intérêt de 41897,31 DA.

- Un crédit de 1 000 000 DA sur 4 ans, avec un taux d’intérêt de 4% par mois oblige le ménage à rembourser 22579.05 DA par mensualité soit un intérêt de 83794.62 DA à la fin de 4 ans, auquel on ajoute le capital emprunté soit un total de 1083794.62 DA.

Ces deux exemples montrent bien que celui qui gagne est bien le banquier qui a prêté de l’argent qu’il ne possède même pas, d’ailleurs, car une simple écriture suffira pour «créer» votre argent. À vrai dire, «c’est les crédits qui font les dépôts» et non pas l’inverse comme le pensent généralement les gens (cf. Holbecq et al., «La dette publique, une affaire rentable). Je ne vais pas entrer dans la discussion du "Haram ou Hallal" autour de ces taux d’intérêt. Néanmoins l’Algérie est un Etat Laïc sur le plan économique et, je signale au passage qu’aucun pays, soi-disant musulman, ne pratique les recommandations coraniques en économie.

Cela dit, il y a un autre aspect qu’il faut souligner à savoir que ces crédits à la consommation vont engendrer une hausse de l’inflation (hausse générale des prix). Sans y entrer dans les détails, une hausse de la demande des biens impliquera forcément une hausse de leurs prix. Cela est vrai surtout en Algérie où il n’y a aucun organisme pour contrôler les prix sauf le lait, le sucre, l’huile, le pain et les produits de première nécessité. D’ailleurs, assurer le contrôle et les subventions seulement sur ces produits nous laisse penser que l’Algérie est un pays tellement pauvre que le fait de les assurer relève d’un bien-commun indéniable qui profite à tous les algériens. Ce qui est nullement le cas si on prend en considération que l’Algérie est un pays riche et que ces subventions profitent plus aux gens aisés qu’aux pauvres car ces derniers ont une préférence (taux marginal de substitution) limitée ce qui n’est pas le cas des premiers. En d’autres termes, le riche peut manger du miel si le sucre lui semble inintéressant. Par ailleurs, si on ajoute à cette nouvelle inflation à celle qu’enregistre l’économie actuellement, je dirais même que le Dinar Algérien sera comme le Papiermark.

Revenons à l’économie algérienne, personne ne peut ignorer le fait que l’Algérie est un pays consommateur et ne produit quasiment-rien sur le plan industriel et si elle le fait c’est surtout sous des licences étrangères comme les produits électroménagers entre autres. Personne n’ignore aussi le fait que l’Algérie n’assure pas encore une autosuffisance alimentaire y compris dans les produits de première nécessité à l’instar du blé. Par ailleurs, un ménage qui se voit accorder un crédit de consommation peut avoir une illusion selon laquelle l’argent du crédit lui appartient définitivement et en conséquence il va le dépenser rapidement sous l’influence des publicités. Il va acheter une voiture neuve pour remplacer l’ancienne ; acheter un téléviseur Led LG pour remplacer l’ancien de marque ENIE… et un tas d’autres produits qui relèvent de « biens de prestige », c'est-à-dire des consommateurs ostentatoires achetant des biens qui les laissent penser qu’ils ont une certaine supériorité par rapport à leurs semblables ! En tout cas, la nouvelle demande impliquera certainement une hausse des importations par le simple fait que la production nationale ne répond pas suffisamment à la nouvelle demande. Le meilleur exemple est la viande rouge. À chaque fois que les ménages augmentent leur dépense en viande, sujet de polémique à chaque mois de ramadan, les autorités importent de la viande surgelée (je ne parle pas ici de la nature de cette viande car cela est toute une autre polémique) pour faire face à la hausse de la demande. En effet, suite à la hausse des importations la balance commerciale sera déstabilisée. Ceux qui gagnent vraiment avec ces crédits à la consommation sont des entreprises étrangères qui exporteront davantage de produits vers l’Algérie. Je pense que le FMI, avec ses recommandations, cherche de nouveaux marchés pour les multinationales qui subissent des coups, des pertes de profits, en ce moment dans tous les pays développés.

De notre côté, et en guise de conclusion, je rappelle que nous ne devons pas oublier que cette nouvelle consommation va rendre le mode de vie des Algériens, sur un plan matériel, plus proche de celui des Occidentaux. Mais pour maintenir un tel rythme de vie, l’Algérien sera dorénavant obligé d’emprunter pour dépenser. Une pratique d’ailleurs très courante, voir obligatoire, dans les pays développés et sans laquelle le simple citoyen sera à la marge de sa société. La consommation ostentatoire qui détruit les pays développé doit être combattue par le Algériens s’ils ne veulent pas aller à la dérive de l’Occident. Au lieu de se focaliser sur la consommation l’Etat doit soutenir davantage les entrepreneurs algériens afin qu’ils puissent mettre en marche une économie digne de ce nom. Faciliter le crédit est l’une des clés de réussite de l’industrie algérienne. On se demande pourquoi les autorités ferment les vannes de crédits à la première entreprise privée en Algérie, Cevital entre autres ! Cela va de soi qu’un simple économiste de formation va dire, entre autres, qu’il faut des crédits aux entreprises nationales, privées et publiques, ainsi qu’un protectionnisme intelligent (il faut favoriser les produits nationaux) pour une meilleure stabilité macroéconomique, contrairement à ce que préconise cet agent du FMI.

Nabil de S’Biha

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Commentaires (9) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Khalida targui

on bouffe on bouffe on bouffe voilà notre avenir vu par le FMI, monsieur l'Algerien demande la democratie pour elire un maire qui va s’occuper des déchets pour pas tomber malade et s'occuper de l’hôpital si on tombe malade et s’occuper de l'ecole pour avoir des mecs et des nanas pas cons, voilà si on nous fait credit pour ça c'est ok car c'est ça nos problemes mais qui nous demande notre avis monsieur ?

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