France : Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour "Au revoir là-haut"

Pierre Lemaître, au sommet de sa notoriété.
Pierre Lemaître, au sommet de sa notoriété.

Le lauréat du prix Goncourt pour "Au revoir là-haut" a estimé lundi que le jury avait récompensé son "savoir-faire qui vient du polar, du roman populaire".

Le prix Goncourt a été attribué lundi à Pierre Lemaitre pour Au revoir là-haut, un roman haletant sur les démobilisés de la Première Guerre mondiale, tandis que le Renaudot est allé à Yann Moix pour Naissance, un ouvrage beaucoup plus difficile d'accès sur l'enfer des relations parents-enfant. Comme le veut la tradition, c'est du restaurant parisien Drouant qu'ont été annoncés les lauréats dans une grande bousculade de journalistes et de photographes, le Goncourt restant le prix littéraire français le plus convoité, consécration suprême et jackpot pour le lauréat et son éditeur, avec 400 000 ventes à la clé pour le roman barré du célèbre bandeau rouge.

Les jurés du Goncourt ne se sont mis d'accord qu'au douzième tour sur Au revoir là-haut (Albin Michel), époustouflant roman sur une génération perdue, les démobilisés de la Première Guerre mondiale, sacrifiés par une France exsangue après quatre ans d'horreur dans les tranchées. La guerre de 14-18 est d'ailleurs l'objet d'un déluge de publications dans le monde de l'édition, à l'approche de la célébration du centenaire de la "der des der". En revanche, les jurés du Prix Renaudot se sont mis d'accord dès le premier tour, avec six voix, sur Naissance de Yann Moix, un ouvrage monstre de près de 1 200 pages qui débute par la venue au monde de l'auteur sous les insultes de ses parents. 

Le sacre du "roman populaire"

"Je suis le plus heureux des hommes. C'est un moment unique dans la carrière d'un écrivain. C'est comme une naissance, un mariage heureux", a dit le lauréat du Goncourt, auteur de romans noirs qui faisait là sa première incursion hors du roman policier. "Ce que l'Académie Goncourt a bien voulu couronner, c'est un savoir-faire qui vient du polar, du roman populaire, et c'est une bonne nouvelle pour la littérature populaire", a-t-il ajouté, confiant avoir pleuré à l'annonce de sa victoire.

Bernard Pivot, l'un des jurés du prix le plus convoité, a d'ailleurs souligné le "mélange d'une écriture très cinématographique" dans ce "roman populaire, dans le bon sens du terme". Pierre Lemaitre "prend son temps pour raconter un geste ou une action, mais avec des mots fulgurants", a-t-il dit. Il a souligné l'importance du choix de l'après-guerre de 1914 comme contexte, qui montre que "l'horreur continuait" après la guerre dont on s'apprête à célébrer le centenaire.

Avant l'annonce des prix, alors que journalistes et photographes se bousculaient, une petite dizaine de militantes du mouvement féministe La Barbe ont brièvement pénétré dans le restaurant Drouant pour lire un manifeste de protestation contre le manque de femmes dans les jurys et la liste des candidats. "Messieurs de l'Académie Goncourt, La Barbe est à vos côtés pour célébrer la gloire du verbe masculin", a lancé une militante. "Chers jurys du Goncourt, en 110 ans, et 109 prix remis, vous avez honoré 99 fois de mâles et talentueux écrivains", ironisait le mouvement sur son compte Twitter.

Avec AFP

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