Le dernier mensonge de Bouteflika : l’Etat civil de façade

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Après l’épuisement du mensonge de la façade démocratique, le pouvoir n’a d’autre choix que d’adapter le mensonge politique à la conjoncture présente, par la promotion de l’état civil de façade.

Autiste et sournois, le pouvoir continu à vouloir tromper indéfiniment l’opinion. Aidé en cela par les quelques derniers crédules qui croient encore au bras de fer entre la DRS et le clan Bouteflika, par la promesse d’établir un État civil à l’occasion des présidentielles de 2014, en espérant ainsi surmonter la crise de confiance dans laquelle il est empêtré, le temps de mener à terme la campagne électorale pour cette échéance.

Sa stratégie consistait à ne pas déclarer brutalement la reconduction de l’équipe dirigeante actuelle, présidée par Bouteflika, par l’annonce officielle de sa candidature à un quatrième mandat. Mais de sensibiliser l’opinion progressivement à cette idée, de manière à ne pas alerter sa suspicion dans l’immédiat et donc son rejet précoce, pour l’amener par la suite devant le fait accompli, par un coup de force électoral comme à l’accoutumé. 

C’est toute la stratégie de la reconduction du système de pouvoir à l’occasion des présidentielles de 2014 qui devrait reposer sur le nouveau mensonge de l’État civil de façade.

En effet, depuis le retour de Bouteflika de sa convalescence aux Invalides, le pouvoir n’a pas cessé de travailler à l’acceptation par l’opinion de ce nouveau mensonge politique qu’est l’État civil de façade. Il fallait neutraliser la revendication principale de l’opposition, qui consistait à dénoncer la main mise sur la vie politique par un pouvoir occulte "faiseur de Rois", à laquelle commençait à adhérer massivement et dangereusement pour le pouvoir l’électorat potentiel. Car pour contester le mensonge de la façade démocratique, l’opposition ne se contente plus aujourd’hui de dénoncer les coups de force électoraux successifs, mais préfère s’attaquer à la source même du problème, en réclamant un État civil, élu au suffrage universel et non pas désigné dans les coulisses du centre occulte du pouvoir, dans les arrières cours des casernes militaires. 

Il fallait conditionner la perception du potentiel électeur, par une illusion de mouvement perpétuel de changement dans les structures de l’État et de leurs locataires, pour l’amener à croire à un véritable processus de changement dans la vie politique. On a assisté au tout début à un soudain remaniement du gouvernement sans logique apparente, pour lui faire admettre une volonté de changement dans la gouvernance. Les mêmes crédules dans le bras de fer entre la DRS et le clan Bouteflika avaient cependant émis leur propre hypothèse de logique à ce remaniement ministériel. Ils considéraient que Bouteflika avait placé ses hommes aux postes clefs pour verrouiller l’issue du scrutin d’avril 2014. Comme s’il y avait parmi le personnel politique de l’équipe gouvernementale une réelle opposition au mensonge politique de la façade démocratique ! Ensuite, c’est le parti du pouvoir, le FLN, qui connaitra à son tour un ravalement de sa façade, en désignant un nouvel secrétaire général, dont la mission serait de distiller à petit feu le mensonge de l’État civil pour la conquête de l’opinion. C’est lui qui a confirmé «la restructuration de la DRS à l’avantage de la présidence.» C’est lui aussi qui a annoncé «la fin de la période des faiseurs de Rois pour laisser place à un État civil.» Et c’est lui aussi qui vient de confirmer l’annonce de Sellal, que Bouteflika est candidat à un 4° mandat.

Finalement, la campagne électorale que mène sournoisement l’équipe de Bouteflika ne s’inscrit pas dans un contenu programme politique à faire valoir dans une éventuelle rivalité directe avec des adversaires politiques, sur la base de programmes politiques concurrentiels. Mais seulement, sous la forme d’une manipulation de l’opinion, pour la tromper et l’amener à croire en l’idée de sa volonté à restituer la souveraineté à l’État, en l’émancipant de la tutelle des militaires, à travers son dernier mensonge de vouloir fonder un État civil. Parce que tout simplement, le pouvoir n’a ni la volonté, ni la capacité, en l’état actuel de sa structure, de proposer autre chose que la perpétuation du système de pouvoir autoritaire et hégémonique, hérité de l’indépendance nationale, auquel il doit son existence et d’où il puise tous ses privilèges, dont il n’est pas prêt à céder. Il faut se rendre à l’évidence et ne pas perdre de vue le fait que c’est toute la structure du pouvoir qui émane de l’institution militaire. C’est elle qui réprime systématiquement la population civile, à chaque fois que celle-ci s’exprime pour contester la confiscation de l’État. S’il y aura un jour une véritable volonté de restituer la souveraineté à l’État, ce sera les militaires qui en prendront l’initiative. Il faut également se rendre à l’évidence, que cette initiative ne pourra survenir que sous la pression populaire.

Car pour prétendre fonder un État civil, il fallait au préalable restituer la souveraineté, réciproquement, aux différents pouvoirs sur lesquels cet État civil se fonde lui-même. A savoir, l’indépendance de la justice, pour pouvoir arbitrer équitablement l’organisation et la validation du scrutin. Au lieu et place des verdicts sur coups de fils ; La liberté des médias, pour permettre à tous les candidats de faire compagne librement et faire valoir leurs programmes politiques réciproques, d’une part, et de dénoncer a l’opinion et à la justice, le cas échéant, les vices de procédures et toutes sortes de fraudes commises tout le long du processus électoral. Au lieu de lancer à la veille des élections une compagne d’intimidation et de répression contre les blogueurs et les journalistes qui refusent de soutenir la propagande du pouvoir pour la reconduction du système de pouvoir. Ces derniers n’auront d’autre choix, que de faire la promotion de cette méprise, en adoubant sans modération une victoire illusoire du clan Bouteflika sur la DRS, qui viendrait renforcer la crédulité de l’opinion dans ce grossier mensonge politique de l’État civil de façade. Ils auront en récompense beaucoup à gagner en estime de la part du pouvoir. Et pour afficher leur adhésion hypocrite à la nécessité faussement patriotique, de contribuer à la stabilité de la société, ils auront également le devoir complice dans le zèle de s’abstenir à soutenir toute candidature à la présidentielle, qui émanerait d’une personnalité libre politiquement.

Youcef Benzatat

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Bachir ARIOUAT

Il est impossible que ce soit, sont dernier mensonge, puisque chaque matin, son réveil matinal vivant est un mensonge, il trompe les Algériens qui ne le croient pas encore faire partie de notre monde.

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Massinissa Umerri

Vous continuez Mr. Benzetat a gratter et scrutiner les methodes, alors que je vous l'ai dit, il y a 1000 ans, qu'il s'agit de structure. C'est la structure-meme, decide'e par d'autres deja sous terre, qui conditionne tout, incluant ceux-la meme qu'on croit, decider, faire ou defaire quoi que ce soit.

Voici un example, qui vient de Kabylie, car d'ailleurs les nouvelles n'arrivent qu'en Arabe, alors que je depends du francais. En fait tout est la: la dependance des algeriens, de moyens etrangers, pour ne serait-ce decerner un semblant de vision de leurs destine'es, car il y en a plus d'une. Des ide'e seulement, deconnecte'es des realite's algeriennes, d'ou l'emergeance d'ideplogies comme moyenne de groupe. Vous/benbitour appelez cela, "les tendances" et, pour inclure les Kabyles dans vos fantasmes utilisez "sensibilite's. " - Pour rappel, tous ces gemissements, ne sont que du rechauffe' des "nationalistes/algerianistes" Kabyles, c. a. d. RCD, FFS.

Voici donc l'example - rapporte' sur tamurt. info (oui je sais tout sur tamurt, je les ai aide' a monter le site - cependant, l'information est vraie, et n'est pas unique a cette commune, mais toute l'algerie.

"... Hamou Ahmed Touhami, le wali de Bgayet, a refusé la démission du maire et des élus sur la liste indépendante « Les gens du bien » à l’assemblée communale de Tinebdar.

Il a avancé le non respect de la procédure imposée par le nouveau code de la commune de 2011. Selon les articles de ce dernier, les élus communaux adressent leur démission au Maire alors que ce dernier est tenu de la présenter à l’assemblée pour approbation en délibération avant de la transmettre au wali. Par cette décision, le wali veut continuer le bras de fer avec le tonitruant maire de Tinebdar qui a tout le temps refusé le diktat du wali. "

Le lien direct entre bouteflika et Mr. Lambda (citoyen plus populaire d'algerie) est: Wali, le chef de Daira et le Maire. Les directeurs de ministeres sont les executeurs, soutenus biensur par les gendarmes (armee), les policiers, et les repentis.

C'est comme ca aussi, que s'execute le scrutin a la con ! Que les choses soient discute'es a la television, la radio etc. ou pas. D'ailleurs ou est la difference, on le fait bien sur la toile.

Bref, c'est la meme chanson reinterprete'e dans plusieurs genres - Un patriotisme creux et vide de substance, repris a la facon baathiste par les khobzistes, Saoudienne ou Iranienne par les islamistes et enfin a la Rousseau ou Jeffersonnienne pour les Kabyles - Tous contre le regime hitlero-Stalinien du systeme, inspire'. Bref, tous des models etrangers. Ces models marchent dans les societe's qui les ont enfante's, mais helas du n'importe quoi en algerie.

Allez donc melanger, ces societe's-la ! Ca ne marchera jamais. Il n'y a qu'a jeter un coup d'oeil sur l'union europeenne - Ils ne se retrouvent que relativement a leurs adversaires, c. a. d. les usa, la russie, et les africains qui les maintiennent unis contre l'emigration. Sans ca, c'est le dictat des uns sur les autres et retour inevitable a la case de depart - dictat Allemand, gesticulations franco-Anglaises et indignation des autres ptit-cons !

Bref, que faut-il pour l'algerie et en fait comme model pour le reste du tiers-monde, bien au-dela du monde dit "Arabe" ou "Musulman" ? La reponse est: UN ORDRE NATUREL, dont votre (benbitour) version (fausse) est labellee'e "decentralisation" - Fausse car vouss prechez decentralisation tout en maintenant l'autorite' centrale - du n'importe-quoi ! L'example cite' en est l'illustration et ca se passe partout en algerie, et a travers le 1/3 monde et en france ! Ca fait moins de bruit en france a cause de l'absence de petrole et a la soumission totale des provinces, culturellement reduite a neant a 90%, donc dependantes du savoir-faire (culture) des francs. Ce regime fait pareil, en substituant la culture Arabo-Islamique au Franco-Catholicisme - c. a. d. le meme plan a l'etage en dessus, dont l'acces depend de l'ascenseur qui y est controlle'. Ecoutez le bouteflika (quand il pouvait encore bouger les levres), insister sur "le transfer du savoir-faire. "

Ou est donc le remede, me diriez-vous ! c. a. d. qu'est-ce que l' ORDRE NATUREL?

Brievement, c'est le retour des populations locales a leur organisations sociales naturelles. c. a. d. la liberation des villages et douars (communes) pour qu'elles se reorganisent et se developent a leurs manieres respectives. Il en resultera une gestion equitable, c. a. d. juste mais aussi la valorisation de la terre et l'activite' humaine - De la emergeront les "tendances" et meme les "sensibilite's", ainsi que des associations guide'es par l'interet plutot que l'ideologie (comme decrite plus haut). A mon avis, un socialisme en emergera, mais un qui soit rationnel, c. a. d. base' sur la cooperation locale, qui montera a travers des associations libres au niveau national. En d'autres termes, s'effectueront les negotiations des bases de construction d'une Nation, c. a. d. ses valeurs. A mon avis, c'est toute l'equation qui changera, c. a. d. ses variables et ses systemes.

Mais biensur qu'on butera eventuellement sur la gestion de la rente. Effectivement, c'est la que la societe' civile laissera tout autre sujet de cote' pour se mobiliser sur les dollars, c. a. d. les moyens de l'etat et sa structure. La et rien que la, sera-t-il termps, de filosofer sur les methodes. Pour l'instant, c'est la structure qui importe - l'aboutissement d'une APN reelle, c. a. d. naturelle. Ce qui a semble' etre un drame, dans la neutralisation de l'administration Obama recemment sera possible en algerie.

La question alors devient: Comment y aller a partir d'ici, sans tomber dans le chaos egyptien ou syrien?

La reponse est de devisser la prise sur les populations, en devissant les communes a 100%, les Daira a 50% et les Wilayas a 25%, c. a. d. la conception de la republique communale, ou des constitutions de communes et leur liberation de la daira, en decretant le droit de veto des APC sur le maire, et celui de l'Assemble'e de daira sur "le chef de Daira" et de meme pour le Wali, qu'il faut subjuguer a l'avale de l'APW, c. a. d. qu'un personage n'est Wali qu'avec l'avale a 60% a 75% des elus de l'APW, avec le droit de veto sur ses initiatives... Ainsi, les projets de bouteflika peuvent etre bloque's dans une wilaya X et implemente's dans Y.

Cela menera sans le moindre doute a la contestation de l'autorite' du Wali, qu'il faut desormais soumaitre au vote populaire, sous le controle total de l'APW. L'autre consequence benefique et naturelle est un meilleur controle des elus nationaux, c. a. d une APN plus legitime (meme si pas souvereine), qui sera plus competante, qui se mettra a ecrire des lois nationales plutot qu'a endorser du n'importe quoi - Leur dependance de leurs wilayas respectives les forcera a bouger, a contester, s'imposer et a imposer un corps independant pour interpreter leurs lois, c. a. d vers le model Americain, ou le president propose un membre du conseil constitutionnel et l'APN l'accepte ou le rejette. Tous les autres problemes sont alors solubles, sans recours a la violence - par example: Les Chambis et les Mzabs se separent en 2 communes et 2 polices communales... et les uns et les autres des 2 cote's sont oblige's de se soumettre aux regles de l'autre des qu'il y foutent les pieds ! Le spectacle sera en Kabylie, ou toutes les mosque'es de l'etat se transformeraient en biblioteques, et la fin du sponsoring des religions quelque soient-elles ou l'enseignement des langues etrangeres comme langues maitresses, a l'example du francais et de l'arabe - elles y seront biensur mais comme langues etrangeres necessaires. . . a dominer et exploiter, selon qu'elles soient utiles ou pas !

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