Il faut destituer Bouteflika pour la pérennité de la nation

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Le système de pouvoir a fait de la santé de Bouteflika une raison d’État. C’est par l’action citoyenne que l’on puisse exiger l’application de l’article 88, pour le destituer et faire de manière qu’il cesse d’être une menace pour la pérennité de la Nation.

L’information du public dans tous les pays obéit généralement à des règles et la première d’entre elles est la raison d’État, aussi problématique qu’elle soit, notamment envers les libertés individuelles, que par son empiètement sur l’état de droit, elle se justifie néanmoins par l’objectif qui vise à la préservation de la pérennité de la Nation. En Algérie, la raison d’État trouve principalement sa raison dans la survie du système de pouvoir. A cette fin, ce qui est permis d’être diffusé comme information devrait prendre en compte prioritairement cette raison, au détriment même de l'intérêt suprême, qui est la pérennité de la Nation. Ce glissement pervers et dangereux de la raison d’état vers celui de la raison du pouvoir est en train de mener le pays sous l’ère Bouteflika vers une dangereuse issue, qui risque de porter un préjudice irréversible au destin de la Nation algérienne, par les risques de son démembrement que par celui de sa recolonisation.

Le système de pouvoir sous Bouteflika est considéré par les uns comme "l’État-DRS" et par d’autres comme "l’État-Bouteflika", alors qu’il s’agit en vérité de la même entité, dont la confusion est sciemment entretenue pour brouiller l’opinion et donner l’impression que le pouvoir est un SDF (sans domicile fixe), pour renforcer ainsi son invulnérabilité. Les clients du système, médias et classe politique confondus, ne sont pas admis à culpabiliser cette entité dans son intégralité, mais seulement de semer la confusion dans l’opinion sur sa vraie nature, pour le rendre hors de portée de la conscience collective, afin d’empêcher que les contestations populaires ne convergent vers lui. 

Déroger à cette règle, c’est franchir la ligne rouge, au risque de mettre en péril la pérennité du système. La matérialisation de cette ligne rouge est ce qui détermine la raison du pouvoir au détriment de celle de l’État. Quiconque s’aventure vers ce franchissement se voit immédiatement interdit de publication et les journalistes ayant commis ce franchissement seront exposés à toute sorte de pressions, voire de harcèlement judiciaire, pouvant conduire à la prison ou à la mise en faillite de leur situation financière et professionnelle pour les neutraliser. C’est pour cela que les discours des personnalités politiques, qui meublent la façade démocratique et les médias autorisés, à large diffusion, dits libres, sont restreints à cet impératif, sous peine de leur exclusion des privilèges que leur procure une telle complicité. La manne publicitaire offerte comme salaire du silence et de la connivence pour les médias et l’impunité totale devant des affaires de corruption ou de détournement des deniers publics pour la classe politico-financière, devenue de facto non justiciable. Ce sont là les symptômes d’un état d’exception. Ici la raison d’Etat devient le garde-fou de cet état d’exception, caractérisé par une prédation propre à la horde primitive, telle que définie par Freud. 

Dire que la guerre des clans bat son plein au niveau du sommet du pouvoir, que l’Algérie est mal gouvernée, que le conseil des ministres ne s’est pas tenu depuis plusieurs mois, que ce dernier allait se tenir et qu’il a été reporté en dernière minute, que l’Algérie va mal, que ceci et cela, ne rajoute rien à ce que le commun des exclus des privilèges que procure la rente aux divers clients du système ne connait déjà. Mais vouloir expliquer à l’opinion pourquoi et comment sont prises les décisions de diffuser ou non telle information, qui pourrait éventuellement provoquer et accentuer le trouble dans l’opinion publique et son indignation, pouvant menacer l’ordre établi par le système de pouvoir, cela est considéré comme un franchissement dangereux de la ligne rouge, fixée implicitement entre le pouvoir et ses clients. 

La question toute légitime que se pose le commun des citoyens et qui est refoulée de tous : pourquoi le conseil des ministres qui devait se tenir ce mercredi a tout simplement été reporté ou annulé, n’a pas été posée ouvertement et aucun média n’a eu la volonté de prendre l’initiative de la poser aux premiers concernés, à savoir les premiers responsables de l’État. Cela s’explique tout naturellement par le fait que celle-ci appartient au registre de la raison d’État. Car, répondre à cette question traduit la preuve irréfutable que le Président de la République ne peut satisfaire à l’article 88 de la constitution et qu’il est dans l’incapacité d’assumer ses fonctions pour empêchement, lié à son état de santé, qui ne le lui permet pas et cela dure depuis plusieurs mois. Dévoiler publiquement cet état de fait et le rendre accessible à l’opinion publique, c’est exiger sa destitution et l’anticipation de l’échéance des élections présidentielles dans les délais définis par la constitution ; ce qui ne va pas sans mettre en péril la pérennité du système. Car, ce dernier a besoin d’un alibi pour préparer sa succession sans rien changer au système de pouvoir.

Parfois, cette ligne est même déplacée sous la pression de l’opinion et ces commis sont autorisés de colporter un tas de rumeurs pour brouiller encore plus l’opinion et calmer ses ardeurs.

Bien que des réponses précises à cette question ont été rapportées par des canaux libres de toute compromission avec le système de pouvoir et c’est à cause de cela d’ailleurs ceux-ci manquent cruellement de visibilité. Ce dernier fait état d’une brusque détérioration de l’état général du Président Bouteflika et même d’un effondrement, d’où l’annonce tardive de l’annulation du conseil des ministres. Ces mêmes canaux, véritablement indépendants et bien informés, rapportent que les médecins qui l’ont suivi aux Invalides ont été appelés en urgence à Alger, qui ont pris la décision de l’évacuer à Paris, chose qui a été faite ce jeudi vers 17 heures. Alors que les médias à grande diffusion, dits libres, mais qui sont en réalité soumis au devoir de satisfaire aux exigences de cette raison d’État, sont restés muets sur la question. En attendant probablement le feu vert de colporter des rumeurs sur cette information, si la pression de l’opinion commence à se faire menaçante.

Que reste-t-il à la société civile comme moyens de défense et d’action pour remédier à cette perversion dangereuse du système de pouvoir et de ses clients, pour inverser le processus qui est en train de défaire la société et ses fondements. Alors que la société se désagrège, par manque de moyens de défense face aux offensives destructrices des valeurs morales véhiculées par l’image de prédation que lui renvoi les pratiques et comportements de nos dirigeants, orchestrés comme mode de gouvernance, seules les valeurs de citoyenneté peuvent constituer un véritable rempart, pour empêcher la Nation de dériver vers la déliquescence.

Cela devrait susciter chez nous une franche implication et un engagement sincère, qui devrait nous inciter à se joindre à tous ces patriotes, qui au péril de leur bien-être et de leur sérénité sont monté au front du refus de la fatalité pour mettre fin à cet état d’exception et exiger la fin de la confiscation de l’État et la restitution de la souveraineté au peuple. Parmi lesquels, on peut citer Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la culture et de la communication, Sofiane Djillali, secrétaire national du parti Jil Jadid, Mohcine Belabbas, secrétaire national du parti RCD, Ahmed Adimi, colonel à la retraite et enseignant en sciences politiques à l’Université d’Alger, Mohand-Arezki Ferrad, ancien député du FFS, pour ne citer que ceux-là.

Youcef Benzatat

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Commentaires (4) | Réagir ?

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ali belkacemi

@ ramesses II/ : ok il faut le federalisme mais comment ? comment deloger ce système tentaculaire ? seule une alliance contre nature une alliance islamo-laique, oui je dis bien islamo laique viendra a bout de ce regime !!!! là où le dictateurs sont tombés on a remarqué que les laics et les islamistes manifesaient cote à cote ! faut pas s’allier avec le diable me dira-t-on ok ! mais le diable ce n’est plus ali belhadj c’est boutef !!!!!la seule condition ; à l’ssue du grand coup de balai il doit etre ecrit noir sur blanc que la kabylie devient souveraine !!!! et elle beneficiera d’un budget pendant 5 ans pour programmer sa sortie !!!! nous aurons des voisins islamistes tant mieux pour eux ils viendront se saouler chez nous comme le font les emirs du golfe a londre et a paris !!!!!

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R A M E S S E S II

@Da Youcef:

maintenant qu'on se connait un peu sur cet espace du matindz, pour moi c'est comme la cour de la maison de mes grand parents, un espace convivial ou se mêle jeu, politique, insouciance de mes années d'enfance, et la vérité qui sort de la bouche des enfants. Je vous suggère aussi de noyer le poisson, le gros poisson, la baleineau! "Kemlass Aken Aterthihadh" dixit Lwennas Matub!

Une équation à trois inconnues, le peuple, le pouvoir et l'oppositoire! Ce pays n'a pas de chance mon frère, comment faire bouger un peuple qui mange sans travailler, et une opposition payée pour jouer le jeu dans la cour des grands parents, voila, donc, la boucle est bouclé, nous devons trouver autre chose que ce peuple, le fédéralisme et l'autonomie des régions, retour au système de gouvernance qui n'exclut pas les Algériens, l'espoir renaitra de ces cendres!

RM II

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