Tonton-Maire pourquoi tu ne réponds pas ?

La manipulation des foules et de l'opinion constitue l'une des pierres angulaires du système Bouteflika.
La manipulation des foules et de l'opinion constitue l'une des pierres angulaires du système Bouteflika.

En mathématiques, le nombre premier a la particularité de n’accepter que deux diviseurs le 1 et lui-même. Le zéro, faussement attribué aux Arabes, ne divise aucun, mais tous le divisent. Nous sommes pourtant dans les sciences exactes et tout ce qui pose problème est expulsé vers l’infini dénué de toute exactitude.

Dans nos sciences, le dominant peut être assimilé au nombre premier, le dominé au zéro et l’infini au mektoub. Depuis la nuit des temps, diviser pour régner en toute tranquillité est la règle en diamant du chef qui veut mourir de vieillesse sur son fauteuil. La révolte populaire est le cauchemar numéro un du sérail. Diviser les "bougnouls" au lendemain l’Indépendance était une priorité absolue pour nos caïds experts au forcing élimination-manipulation. En l’absence d’une entité étrangère qui aurait fait un bouc émissaire naturel, à l’ère du nationalisme primant sur l’islamisme, il fallait dénicher du "harki" dans l’autochtone. Kabyles, "non-arabisables", "francisables" à souhait, étaient tout trouvés pour assurer la pérennité du clan "révolutionnaire". Entre guillemets car, par définition, une révolution c’est quelque chose qui nous fait passer d’un mal vers un bien. C’est plutôt le clan de l’antirévolution puisqu’on est passé d’un Ferhat Abbés à un Ben Bella d’un Boudiaf à un Bouteflika. Avant de mourir en exil, Ferhat Abbas a écrit dans L’Indépendance confisquée : "L’Algérie française a été détruite, l’Algérie musulmane n’a pas été recréée, l’Algérie socialiste n’est pas née."

Plus d’un demi-siècle, l’Algérie, non seulement n’est pas encore née, mais sa grossesse pose problème. La division a un double effet salvateur : empêcher toute force contraire de naître et engendrer une multitude de petites forces hostiles qui se combattent entre elles se détruisent se dévorent pendant que leur adversaire unicellulaire se goinfre de leurs cadavres. Exemple : « Un incident cocasse qui a failli troubler les travaux de ce concave (meeting des "comités de soutien" de Bouteflika) lorsque des membres de deux ONG rivales des familles victimes du terrorisme en sont venus aux mains, quasiment sur la scène, derrière Amar Ghoul qui s’égosillait à haranguer l’assistance. Les "pugilistes" ont toutefois été expulsés par le "service de l’ordre" (1). Si le ver a atteint les ONG des victimes du terrorisme à ce point-là, il vaut mieux reléguer l’espoir à une autre vie si résurrection il y a... Après avoir dressé le Kabyle contre l’Arabe, l’arabisant contre le francisant, le moudjahid contre le non-moudjahid le vrai moudjahid contre le faux moudjahid, la femme contre l’homme, le musulman contre l’islamiste on arrive forcement à l’amoureux contre le non-amoureux. Sans oublier les leurres, car que veut dire un amoureux en l’Algérie aujourd’hui. Il peut être un barbu ne maîtrisant ni l’arabe ni le kabyle encore moins le français trop jeune pour être un vrai faux moudjahid, mais assez vieux pour rêver de l’Occident sur son tapis d’Orient. Le proverbe populaire dit : "Il m’a frappé et il a pleuré puis il m’a devancé pour porter plainte". Et là, on peut idiotement se demander pourquoi le régime, qui a mis des cadenas sur les quelques millimètres de "liberté "acquises depuis nos années" printanières, «autorise l’association des "Cadenas d’Amour". Quel lien existe entre lui et l’amour ? N’est-ce pas lui qui a pondu le code de la famille obligeant l’homme algérien à puiser dans une sous-espèce son autre moitié ? Hitler aussi a codé la femme, mais c’est une femme décodée qui règne aujourd’hui sur l’Allemagne et sur l’Europe. C’est ce pouvoir illégitime depuis 1962 qui est parti à la chasse des couples illégitimes c'est-à-dire des amoureux. Le FIS s’était montré à son époque un enfant de chœur exigeant le certificat de virginité que pour officialiser le mariage. Le pouvoir "anti-Fis" a lancé la police aux trousses des filles de la populace les fichant en prostituées pour un oui ou un non. «Lorsqu'on m'a parlé de cette initiative, je n'ai pas adhéré tout de suite. J'estimais qu'il y avait d'autres urgences dans ce pays qu'aller accrocher un cadenas lorsqu'un pays est cadenassé de partout. Et puis, je me suis souvenue d'une nuit où j'étais de garde à l'hôpital et où on m'a ramené deux jeunes filles apeurées afin de répondre à une réquisition : "Veuillez apporter la preuve de la virginité de ces filles !" Signé par le juge d'instruction. Les deux jeunes filles accompagnées de plusieurs policiers. J'ai posé la question aux jeunes filles si elles avaient été agressées, si elles avaient déposé plainte ? Elles ont répondu que non, qu'elles étaient juste allées assister à un anniversaire avec deux amis à elles et que les policiers les ont arrêtées dans un barrage en leur compagnie et c'est ce qui leur a valu cette mésaventure. J'ai demandé si leurs parents étaient au courant de leur présence ici ? Elles ont répondu que non. Il fallait répondre à la réquisition et l'examen fut fait, j'ai "terrorisé" ces jeunes filles avec un examen après qu'elles aient été terrorisées par la police car il fallait répondre à la réquisition et que ceci est la "Loi". Mais ceci m'a dégoûté en tant que médecin, qui au lieu de soigner fut obligé de participer à aider une police des mœurs à l'esprit cadenassé" (2) On croyait bêtement qu’un barrage c’était pour lutter contre les terroristes. Et ce pauvre juge d’instruction qui bosse même la nuit, quel calvaire et oui un fonctionnaire de l’État doit se sacrifier pour sauver l’État en danger. Quant au toubib de garde bien réveillé, bravo, mais s’il est occupé à soigner l’urgence nationale, il ne reste aux autres malades que de patienter et prier qu’il se libère avant qu’il ne soit trop tard pour eux … Et dire qu’il y a des filles qui naissent sans virginité d’autres qui refont leur virginité. Une fille "raflée" n’a pas de voiture pas de parents pourquoi aurait-elle un droit sur son corps ? Pour nos dirigeants misogynes et calculateurs au diable, que vaut la réputation d’une fille lambda ? Hélas pour eux, des chercheurs américains viennent de découvrir que les problèmes des hommes liés à l’âge (obésité impuissance…) sont dus à un manque d’hormones femelles pas à une baisse de testostérone comme on le croyait (3). Hélas pour nous, ils ne vieillissent pas.

Comment les naïfs initiateurs des Cadenas d’Amour n’ont pas tiqué quand le maire d’Alger a donné le feu vert à leur étrange initiative. Ces Romeo has been se sont étonnés qu’il ne réponde pas au téléphone quand les frérots rappliquèrent. Et tous les commentaires ont pointé du doigt la société : trop complexée pour tolérer l’amour. Le clou déjà bien ancré dans l’os s’est enfoncé encore plus. Saîd Mekbel affirmait la veille de sa mort qu’un journaliste ne sait rien faire de ses mains, rien d’autre que ses petits écrits… et que les roses poussent bien sur les tas de fumier. Ce sont des journalistes qui ont eu l’idée de transformer le pont des suicidés en pont de l’amour, une façon de dire qu’on peut aimer en Algérie malgré les tueries d’hier. Heureusement que la police était présente pour empêcher le lynchage. Cela rappelle la marche initiée par le RCD out au début du printemps arabe. Le danger pour les amoureux du "Dégage !" n’est pas venu des forces de l’ordre, mais de quelques jeunes issus du même petit peuple. Donc une manifestation agréée ou pas, la police sera toujours présente pour réprimer, protéger ou les deux en même temps. Une chose est sûre, pour le moment, deux mots d’ordre sont à éviter : à bas le pouvoir et vive l’amour. Or on ne se réveille pas un matin en décidant de faire le Manifestant de Rachid Mimouni, bien sûr Gandhi l’a fait avec la marche du sel, mais c’est Gandhi. Comme derrière toute manifestation, il y a des initiateurs, de même il y en a pour la saboter. Logique. Aux USA, un journaliste peut faire tomber un président, en Algérie, un prédicateur peut faire tomber une "concorde civile". On a certes condamné des terroristes, laissé fuir des complices, récompensé des repentis, mais qui s’est intéressé aux prédicateurs, ces laveurs de cerveaux à l’acide ? Quel tribunal a été saisi pour faire le procès d’un seul d’entre eux ? Certes, on l’a vu dans le film Viva l’Algérie et dans ces films égyptiens de l’après-Moubarak, que le prédicateur lui aussi ne se lève pas un matin et décide de lessiver les petites cervelles égarées. Dans un pouvoir bâti à la verticale chaque pièce du montage est surmontée par une autre et toutes les ficelles arrivent mécaniquement vers le sommet qui voit tout, sait tout, commande tout. En résumé, il ne fait que cela. Donc ce genre de gourou n’est pas une taupe, il a toutes les tribunes officielles à sa disposition des mosquées aux télés dites publiques ou privées.

Si des dizaines de millions de personnes ne peuvent rien faire, ni marcher, ni s’associer, ni revendiquer sans l’autorisation du pouvoir sans sa protection, une poignée d’énergumènes peut former une armée de pyromanes de psychopathes en toute impunité. Ces supermans sont ou bien en service commandé ou en possession d’une baguette magique pour neutraliser n’importe quel manitou. Contrairement aux commentaires officiels et officieux, notre société surtout la nôtre qui végète depuis plus d’un demi-siècle est incapable d’avoir des complexes aussi déstabilisateurs, aussi performants, il suffit de méditer sur son comportement lors de la décennie noire pour s’en convaincre. Piétiner un cadavre ne servira qu’à se fouler le pied. Hier quand les indigènes ne connaissaient pas l’école ne savaient pas lire le Coran encore moins Voltaire quand ils avaient le premier et le dernier mot pour marier leur progéniture et quand leurs filles allaient rejoindre le maquis en toute sécurité, vivaient parmi des hommes pendant de longs mois où étaient les complexes barbares qui auraient dû normalement sévir ? Pratiquement, le viol n’existait pas, il y avait même des histoires d’amour qui se terminaient en union sacrée. Plus tard avec l’école l’arabisation l’islamisation, rares sont les parents qui se vantent aujourd’hui de choisir à la place de leurs rejetons. Barbue ou pas, voilée ou pas, la jeunesse en général veut aimer avant de se lier et les parents se sont pliés à l’air du temps. Certes, il y a l’insécurité ennemie de l’amour, mais elle n’a rien à voir avec la société puisque depuis plusieurs siècles et partout dans le monde, les groupements humains ont accepté de payer des chefs pour assurer leur sécurité. Aujourd’hui en Algérie, les dirigeants non seulement ne protègent pas les citoyens, mais c’est dans l’instabilité qu’ils puisent leur pérennité. Inutiles, indivisibles, vampires vieillissants, rapaces gorgés d’or de paresse de peur de haine, ils sont devenus le danger même.

Le philosophe affirme que la terre est peuplée d’amoureux et des autres. Ces autres qui se demandent comment noyer un chien quand il n’a pas de crocs et n’arrive pas à attraper la rage ? C’est simple, sans se salir la patte, utiliser un autre chien…Enlever les cadenas de l’amour, maintenir les cadenas de la haine et laisser le téléphone sonner dans le vide. Spinoza disait : "La haine ne peut jamais être bonne. Elle s’augmente par une haine réciproque et au contraire, elle peut être étouffée par l’amour, de telle sorte que la haine se change en amour." Mais si la haine se change en amour sur quelles divisions la dictature pourrait compter ? Aujourd’hui les cadenas d’amour demain les cadenas de la démocratie et adieu pouvoir illimité argent à gogos et 40 millions d’ânes-tourtereaux qui se becquetteront, revendiqueront le droit au bonheur inscrit dans la Constitution universelle des droits de l’Homme au lieu de s’entretuer. Demain est loin et la stratégie de la manipulation qui nous force à nous culpabiliser au lieu de nous révolter a réussi au-delà de tous les espoirs des maîtres de l’Algérie. 

Mimi Massiva

(1) Journal Liberté (22/09/2013)

(2) Réseaux sociaux Leila Nine médecin à Alger

(3) Soir Santé 22/09/2013 (chercheurs du Finkeistein of Massachussetts General Hospital, USA)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Massinissa Umerri

Combien de Lyceens Algeriens, qui liraient ce recit, le comprendront et sentiront la colere monter?

Je pose la question reellement - je ne connait d'algeriens que ceux de 2 ou 3 journaux en ligne et je n'ai pass ete en algerie depuis 30 ans, au moins. C'est pour cette raison que je pense pas qu'il soit possible de tout changer par une mobilisation generale, car celle-ci demande un developement d'ide'es et une convergeance vers une solution - synchronisation.

Pour cela, je crains que la seule facon de secouer les choses est de secouer les gens, c. a. d. la violence... Il faudra donc attendre que se produise un evenement majeur. Le trifouillage de la constitution s'annonce comme un evenement avec fort potentiel.

Est-ce la raison derriere le silence de la muette - laisser les bouteflika franchir des lignes indicutables, pour se donner le role de sauveur encore une fois, et forcer sur les algeriens une transition supplementaire ?

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Khalida targui

lorsque des predicateurs à la telé deconseillent à une fille de ne pas rentrer seule dans une piece où se trouve son père, c'est qu'on est tous mabouls d'ailleurs dans le programme de 9 année fondamentale il y a les femmes interdites la mère la fille la soeur come si on etait pire que des hayaounes, des betes quoi, hamdoullilah que les jeunes qui sont contre l'amour n'ont pas egorgé les jeunes de l'amour, meskina l'algerie c'est vrai que nos parents etaient plus cools

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