Le cinéma du fond et de la forme

La vérité que cache le système s'échine à cacher est que Bouteflika est dans l'incapacité de gouverner l'Algérie
La vérité que cache le système s'échine à cacher est que Bouteflika est dans l'incapacité de gouverner l'Algérie

Quand cessera ce cinéma d’images qui s’entête à maquiller une incapacité présidentielle avérée ? A quand l’épilogue de ces séquences de quelques secondes qui se suivent depuis la première mise en scène parisienne ?

Le fond est que le président soit toujours incapable de gérer. Ils le disent eux-mêmes et clairement: le président est en convalescence, en congé de maladie. Mais la forme ce sont ces images qui défilent à travers les canaux de la communication officielle. Depuis le 12 juin jusqu’au 5 septembre 2013, les valets soumis de la désinformation ne cessent d’harceler par des images présidentielles souhaitant fabriquer de l’émotion et de la compassion ! Mais hors champs que se passe-t-il ? Avant et après ces mises en scène, dans quel état Bouteflika se trouve-t-il ? Est-il porté pour arriver au décor de ce cinéma, ou bien effectue- t-il le déplacement de lui-même ?

Connaissant la nature fermée du régime en place, la forme passe toujours avant le fond. Réellement malade et la maladie use la personne, Bouteflika demeure imaginairement en poste. Il est, au vu de la pathologie grave que les images filmées ne trahissent pas, un semblant de président, un président silhouette. Un fond qu’aucun réalisateur de la communication officielle ne peut noyer par ces images cinématographiques. Ce ne sont que des séquences de forme pour soutenir qu’il y a toujours un président qui parle, prend son café, écoute le chef de l’Etat major et examine un dossier qui lui est remis par le simple coordinateur du gouvernement.

Mais après, entre la durée qui sépare deux séquences, qu’en est-il exactement. La capacité présidentielle demeure-t-elle intacte ? Il y suffisamment de doute car la réalité sur la santé présidentielle fut et reste entourée de mensonge et de mystification. La confiance est rompue pour qu’elle puisse être rétablie par ces mises en scène tout à fait truquées. Il y a maldonne pour se contenter de la forme et omettre le fond.

Oui, le fond demeure cet état de vacuité institutionnelle. La forme, qui est toujours respectée dans une autocratie, tourne au tour du pot d’une télévision aux ordres. Elle montre ce qu’elle souhaite et ce que les maîtres décideurs désirent présenter à des spectateurs majoritairement non branchés. Une manière de perpétuer cette forme de non gouvernance, au moins pour permettre au locataire du palais présidentiel de terminer son mandat.

Le reste, ce ne sont que des aspects accessoires desquels l’autocratie en place s’accommode toujours. Constitution, parlement, gouvernement, télévision, démocratie sociale, économie productive… n’est qu’une terminologie pervertie par des apparences qui sont toujours trompeuses. Car, au fond, c’est en club privé que le sort présidentiel se décide. Les dés sont déjà jetés.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (6) | Réagir ?

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oziris dzeus

Boutef vient de s'attaquer au noyau de l'état. Nous sommes en 1979, le même scenario est en phase d'être repris. Un coordinateur pour les tous les services, pour bien les museler et faire entrer saadatouhou à elmouradia. La cosa nostra.

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Guel Dring

" Si tu n'éprouves pas de la pudeur fais-ce qu'il te plait ". La pudeur relève de la Foi. La Pudeur et la Foi s'accordent et s'associent parfaitement, ce qui veut dire que si l'une des vertus disparaît l'autre la suit. Qu'est-ce qu'on peut attendre d'un bonhomme qui n'a pas de pudeur donc sans foi ni loi d'ailleurs. Puisque c'est la loi "du plus fort" qui gère les partis et le pays.

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