Algérie : du pouvoir personnel à l’immobilisme institutionnel

Vacuité du bureau présidentiel et immobilisme institutionnel.
Vacuité du bureau présidentiel et immobilisme institutionnel.

Y a- t-il vraiment des institutions dans ce pays pour parler de leur immobilisme, de leur paralysie ou de leur dysfonctionnement ? La presse évoque cet état de fait. Mais c’est hypocrite ! Car en l’absence de liberté et d’autonomie, il ne peut y avoir de représentation véritablement démocratique pour limiter les dégâts.

Normal qu’on arrive à cet état de vacuité institutionnel quand le pouvoir est incarné par des hommes et non pas par des institutions. Et en l’absence de séparation des pouvoirs, les rôles s’interfèrent en toute évidence. L’exécutif s’empare du judiciaire et le législatif est vite transformé en boite aux lettres. Quand au quatrième pouvoir qui est la presse, il est tout simplement apprivoisé.

Bien sûr que la présente session d’autonome du pseudo parlement sera pauvre en activités. Députés indus et sénateurs soumis n’auront rien à traiter au cours de cette inutile session, mêmes s’ils ont l’habitude de ne rien traiter de sérieux. La cause : la maladie du président. Car, s’il s’agissait d’un vrai parlement, démocratiquement élu, ces messieurs députés et sénateurs seraient réunis dans un congrès commun, comme stipulé dans la constitution pour statuer définitivement sur la vacance du poste de président de la république. Mais hélas, Bensalah n’est ni libre ni affranchi. Il incarne un pouvoir législatif longuement à la merci des maîtres décideurs. Apres le défunt CNT en 1994, ensuite un passage de 1997 à 2002 au perchoir de l’APN , il fut introniser en serviteur zélé au sénat dont la présidence lui est assurée, semble-t-il, à l’infini.

Pareil à la chambre basse ! Sa fonction parlementaire est immobilisée. Elle l’est, en premier par le concours du même Bensalah. Ce naturalisé était le premier président de la première assemblée accessoirement pluraliste de 1997 à 2002. Puis, pour réhabiliter les barrons de l’immobilisme politique, à l’arrivée de Bouteflika la chambre basse du parlement passe aux mains du FLN. Ce lui-ci en guerre clanique, évince l’humilié Benyounés et place l’heureux Saadani, un drabki, à la tête de cette représentation théoriquement populaire.

Définitivement récupérée en 2007 par l’as de la paralysie, le FLN place son disciple Ziari au perchoir de la deuxième chambre parlementaire. Enfin à la faveur d’un vote frauduleux initié par les militaires au profit du FLN, un vieillard en recommandé, est placé à la présidence de l’APN, présentement malade et en soins intensifs sur le sol français.

Ainsi, avec des personnages aussi asservis et désignés d’avance, le pouvoir législatif ne peut être qu’auxiliaire, dépendant et inféodé aux maîtres décideurs. Dés lors, la mission parlementaire est neutralisée. Et parler ou évoquer dans ces conditions l’existence d’un parlement qui vaque à ses occupations n’est qu’une aberration d’esprit. Le médiatiser est pire qu’une complicité.

Nul n’ignore que le pouvoir judiciaire est directement inféodé au pouvoir exécutif incarné par un président intronisé par des maîtres chanteurs de la paralysie. La justice est neutralisée, le juge est terrorisé depuis. Bien sûr que la justice peut être actionné de nuit comme de jours, 24/24 et 7/7 pour jeter en prison les contradicteurs, intervenir et placer Saadani à la tête de leur organisation maffieuse, juger des manifestants et prononcer des peines à l’encontre des blogeurs ou des non jeûneurs. Sans autonomie effective et toujours sous pression, le juge est sans honneur. Avec une culture d’Etat travestie, il outrepasse sa mission en se transformant en instrument de répression redoutable. La vraie justice est immobilisée au vu des ordres et des instructions qui pleuvent d’en haut.

Quant à la presse, elle est dans sa majorité apprivoisée. La manne publicitaire entre les mains des maîtres chanteurs, a poussé énormément de journalistes à tronquer le principe contre de l’argent.

Le quatrième pouvoir est lui aussi paralysé, immobilisé. Il est infiltré par des agents doubles qui agissent pour maquiller l’absence de vraies institutions républicaines par la médiatisation, quelquefois à outrance, de clubs privés en querelles permanente pour le partage de la rente et du gâteau. Par fois, en voix interposées, ils alimentent des faux débats pour créer des diversions afin de noyer les vrais problèmes. Le secteur étatique a perdu la notion de service public et roule ouvertement pour les maîtres décideurs. Le privé s’adapte aux situations et se vend au plus offrant. La neutralité et l’indépendance ne sont que des mots creux.

Au fait, l’immobilisme semble être une caractéristique nationale. L’institution présidentielle est scandaleusement paralysée par la longue maladie de ce lui qui l’incarne. La muette s’enlise dans un rôle qui n’est pas le sien depuis qu’elle a investi le champ miné de la politique et le domaine corrompu de la finance. Le conseil constitutionnel, par anticipation, est mis à l’écart depuis la désignation de Belaiz à sa tête. Les APC sont immobilisés par des indus élus. Les wilayas sont clouées par des préfets capricieux. La scène politique est figée par de pseudos partis. Mêmes les grèves paralysent périodiquement, l’école, l’université, les hôpitaux, la poste et les autres secteurs…

Cela est dû à l’absence d’une culture d’Etat. Car un Etat de droit sépare les pouvoirs et assure l’autonomie et l’indépendance des institutions qui le composent. Ainsi sera garanti la puissance et pérennité de l’édifice institutionnel. Mais quand on concentre les pouvoirs entres les mains de quelques hommes asservis à la merci d’un clan, c’est comme vidé tout l’édifice institutionnel de sa substance. Et quand les institutions sont faibles parce qu’elles sont entres les mains de valets, c’est comme si elles n’existent pas. Or ce qui n’existe pas ne fonctionne pas. Mais hélas, Bouteflika longuement absent fonctionne en président silhouette. L’indu-parlement avec ses deux chambres est constamment en session, fonctionne en boite aux lettres. La constitution est violée au su et au vu de Belaiz qui, lui fonctionne toujours en patron du conseil constitutionnel. Saadani qui a existé plus en drabki qu’en homme politique, avec le concours de l’administration et de la justice, fonctionne dores et déjà en SG du FLN, un front qui normalement avait cessé d’exister en 1962. Mais la grande muette bien qu’elle existe ne garantit rien.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Emiliano Zapata

La centralisation des pouvoirs a toujours été l'apanage des dictateurs et des incompétents qui n'ont confiance en personne et doutent même de leur propre personne. Alors ils centralisent tout entre leurs mains, se croient irremplaçables et doutent de tout et de tous. C'est ce qui arrive à fakhamatouhou dont l'égo démesuré n'est pas fait pour arranger les choses. Sa santé fragile, son âge et même sa petite taille lui jouent des mauvais tours et c'est à se demander s'il a encore toute sa tête et s'il a conscience des ravages qu'il fait. Car la terre ne s'arrête pas de tourner pour lui faire plaisir, le monde avance et nous on fait du surplace et nous reculons même.

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Guel Dring

Du coller copier ces citations de Lavoisier :

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

"L'homme naît avec des sens et des facultés ; mais il n'apporte avec lui en naissant aucune idée : son cerveau est une table rase qui n'a reçu aucune impression, mais qui est préparée pour en recevoir. » Même Bouteflika ?

Mais pourquoi donc devons-nous toujours nous référer aux autres qui ne nous sont différents que par ce que Dieu a voulu de langues, de couleurs, d'us dans l'habillement et dans l’alimentation.

Autant que nous, ils sont des mortels. La cause de toutes ces dérives ? Elle est définie dans la première citation parce que ce que nous constatons est une transformation permanente des attitudes dans un perpétuel mouvement des causes aux effets . Et les causes, ce n'est pas seulement un frémissement de feuillages à un déplacement de vent, c'est aussi une guerre, des guerres mondiales, des génocides et des traités de paix pour fixer un nouveau décor pour un nouveau départ avec de nouvelles règles, de nouvelles dispositions de lois, mais c'est toujours une transformation.

Que peut faire un humain, qui est un élément parfois actif (éveillé) et passif (endormi) du créé ?

Il vit pour réaliser sa mission sur terre - en bien ou en mal - (mais pourquoi donc sautes-t-on sur la question systématique devrais-je payer une faute prédestinée qui m'a été "imposée") et ne doit pas

"accuser" Dieu de vouloir le punir. Il y a des solutions comme la reconnaissance du tort comme le regret qui est déjà une forme de repentir ce que rejettent certains qui considèrent qu'ils n'ont aucun compte à rendre même pas à Dieu. Dans ce cas là, à ce moment là, il faut s'attendre à ce que Dieu nous éprouve en nous envoyant la variété de sans fois ni lois qui nous gouvernent. Oui, je relève ma tête ya Ba mais vers le ciel, puisse Dieu nous libérer de vos abus.

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