La douane intercepte des marchandises objet de transfert vers l’étranger

D'étranges réseaux de fuites de capitaux se sont constitués ces dernières années.
D'étranges réseaux de fuites de capitaux se sont constitués ces dernières années.

La presse nationale à l’instar du quotidien El Watan et le Soir d’Algérie a repris ces derniers jours un communiqué de presse abordant une importante affaire de corruption et de transfert illicite de capitaux de l’Algérie vers l’étranger.

En effet, le Soir d’Algérie qui a repris mot par mot ce que les responsables des douanes de Bejaia lui ont dicté a parlé d’une importante affaire de transfert illicite d’argents, estimée selon ces mêmes responsables à plus de sept millions de dollars américains.

L’auteur de l’article parle d’une marchandise interceptée par les experts de la douane, moi qui suis douanier j’ignore qu’il y a des experts dans la douane ou moment ou continue à figuré sur la liste des casé douanes dans le monde. On a même pas atteint le niveau d’être appelé douanes, ce mot et trop grand pour nous.

Il ajoute qu’il s’agit d’une marchandise d’origine chinoise, en provenance de Hong-Kong, composée de 23 machines destinées à la fabrication de gobelets et précise que ladite marchandise à été interceptée lors d’un contrôle de routine, alors que des marchandises similaires de même marque et importées par les mêmes importateurs ont été bloquées successivement au port de Mostaganem et au port de Skikda il y a plusieurs jours déjà. Ce qui veut dire que les responsables régionaux et locaux des douanes étaient au courant qu’il y aura une marchandise (des machines pour la fabrication de gobelets d’origine chinoise) en provenance de Hong Kong qui va débarquer au port de Bejaia telle date et ses propriétaires font partie d’un réseau de trafiquants qui excelle dans les transferts illicites de capitaux vers l’étranger.

Les experts des douanes de Bejaia, pour reprendre l’expression de l’auteur de l’article du soir d’Algérie, ont tout simplement attendu jusqu'à ce que les importateurs de ces machines déposent leur déclaration en détail pour le dédouanement de leurs marchandises et ils ont bloqué ces déclarations pour fausse déclaration de valeur.

C'est-à-dire, comme il est souligné dans l’article, selon nos experts, parce qu’on en a maintenant, la valeur réelle d’une machine de ce genre ne doit pas dépasser les 13 000 USD à l’achat alors que les propriétaires de ces machines les ont déclarées à plus de 670 000 USD l’unité.

Un coup de baguette magique et on se retrouve avec une marchandise qui coute plus de 07 millions de dollars américains saisis, parce que la douane de Bejaia est dotée d’un groupe d’experts capable de déceler avec un coup d’œil des marchandises contrefaites et des marchandises déclarées avec des fausses valeurs, quelle pièce de théâtre somme nous entrain de jouer la ? A. Hitchcock et S. Spielberg seront certainement intéressés par un scénario pareil.

Ce qui est spectaculaire dans cette affaire, c’est la vitesse avec laquelle nos experts douaniers ont estimé la valeur de la marchandise saisie, c’est comme si ces mêmes experts ont passé la moities de leurs vies dans les usines chinoises et dans les laboratoires internationaux les plus expérimentés dans le domaine industriel.

Sur quelle base un simple douanier qui a fait ces études dans une école des douanes où il on en a même pas une toilette digne de ce nom, et toute sa vie n’a jamais bénéficiers d’une formation digne dans le domaine de la contrefaçon peut distinguer une marchandise contrefaite d’une autre marchandise d’origine ? Ou arrive à estimer la valeur d’une machine on jetant un coup d’œil rapide à celle-ci ? Ou moment ou la contrefaçon fait rage au niveau mondial et que toutes les douanes du monde se sentent impuissantes face à l’ampleur du phénomène.

Ce que je veux dire par là, c’est comment les services des douanes de Bejaia ont pu donner en un temps record la valeur de ces machines, son faire aucune vérification, ni établi des contactes avec les fabricants de la marque. Un exemple très simple nous permettra de comprendre la difficulté auquel nous avons à faire. Prenant un IPhone, combien d’entre nous qui ont des appareils qui coutes moins de 15 000 dinars alors que le vrai IPhone est estimé à plus de 50 000 dinars, mais comme le téléphone portable est à la portée de tout le monde le dernier d’entre nous vous dira qu’il s’agit bien d’un faux, sachant qu’il est très difficile de faire la différence entre les deux appareils. De plus, toutes les autorisations d’importation délivrées entre 2005 et 2010, pour les importateurs de portables, notamment la marque Nokia, étaient toutes falsifiées. 

Alors là on parle de machines très sophistiquées inexistantes sur le marché national et extrêmement difficile à estimer du faite de leur complexité et de la délicatesse de la démarche à suivre sur le plan purement douanier pour prouver que les valeurs déclarées sont fausse. Le produit chinois fait partie des meilleurs produits dans le monde, une vérité au quelle nous algérienne nous ne voulons pas croire. On n’est pas premier exportateur dans le monde quant on fabrique des produits de mauvaise qualité et le paradoxe et la force de la Chine se manifestent justement dans sa capacité à s’adapter aux différents changements dans le monde et sa capacité à produire des produits de haut de gamme et d’une dose technologique extrêmement élevée, mais aussi à fabriquer des produits de bas de gamme destinés notamment aux pays sous développés avec des salaires relativement bas.

Alors si on se trouve dans notre cas face à des importateurs qui ont décidé d’importer des produits de très bonne qualité nos experts douaniers n’ont pas le droit de nous faire sortir leur méthode d’estimation basée sur une comparaison avec un produit similaire et d’accepter que ces machines sont déclarées avec leur vraie valeur.

Même dans le cas ou ces machines ne coutent pas vraiment 670 000 UDS l’unité, il est très difficile d’établir l’acte de vol ou de transfert illicite de fonds vers l’étranger. La méthode adoptée jusque-là consiste à contacter un expert industriel (un expert qui a l’habitude de travailler avec la douane) pour estimer la valeur de ces machines et on compare cette valeur avec le montant transféré via la banque pour le paiement de la marchandise, avec ça on arrive à déterminer s’il y a oui ou non fausse déclaration ou non autrement dit transfert illicite ou non de fonds vers l’étranger.

Une procédure qui reste incomplète, parce que si ces importateurs apportent la preuve qu’ils ont acheté ces machines avec le prix déclaré et qu’ils les ont aussi déclarées avec la même valeur lors de leurs exportations du port de Hong Kong la justice va trancher pour ces derniers.

Mais ce qu’il faut retenir de cette opération ces erreurs répétitives des responsables de la douane qui court à la communication des informations qui peuvent êtres remisent en cause par la suite par la justice et cause ou plus tôt a causé déjà la fuite des coupables comme dans l’affaire des CCR falsifiés, une affaire qui remonte à l’année passée.

Saisir une marchandise de 7 millions d’USD (une valeur à confirmer bien sûr) est une bonne affaire, mais elle ne constitue qu’une goute dans un océan. Les importateurs de cette marchandise saisie n’ont pas su acheter la route pour leur marchandise tout simplement, c’est pour cela qu’elle a été interceptée et saisie. Des tonnes et des tonnes de marchandises qui passe chaque jour par le port de Bejaia et les autres ports au niveau national, avec des fausses déclarations de valeur, d’espèce et d’origine et personne ne lève le petit doit pour dire ou faire quoi que ce soit et mettre fin à ces pratiques mafieuses. Sauf que là il ne s’agit pas de simples importateurs, là je parle d’amis de hauts responsables d’État, des amis de généraux, des amis de Directeurs centraux et des directeurs régionaux des amis et des frères de ministres… etc. 

Connaissez vous un seul inspecteur liquidateurs, un IPCOC ou encore un chef d’inspection qui reçoit un appel téléphonique de l’un de ses supérieurs qui lui demande de laisser passer une marchandise X importée par Monsieur Y et qu’il refuse de la laisser passer ? Je ne suis pas partisan de ces pratiques et pour être tout à fait honnête avec les lecteurs, je ne compte pas rester trop longtemps. Une dizaine d’années dans ce sal boulot, c’est déjà plus qu’assit. 

C’est malheureusement le cas chez nous, la majeure partie des trafiquants sont des amis de hauts responsables dans notre administration et ces mêmes trafiquants fassent passer leurs marchandises avec des interventions quotidiennes auprès de nos responsables locaux. Ceux-ci acceptent et font semblant de ne pas savoir pour conserver leurs places et se contentent des miettes qu’en leur laissent. C’est honteux.

Une pratique qu’on expliquer par le fait que le plus grand voleur dans la douane et le directeur des ressources humaines (Djazouli), qui enlève et place les douaniers selon leur capacité à payer plus pour un poste donné. C'est-à-dire comme je l’ai déjà expliqué dans un ancien article, tous les postes sensibles et les postes de responsabilité dans l’administration des douanes font l’objet d’une vente aux enchères publique restreinte, le plus offrant aura le poste. Alors, il faut toujours beaucoup d’argent pour pouvoir défendre sa place à tout moment. C’est la loi du marché ou de la jungle, je n’en sais plus.

Beaucoup se souviennent encore de l’enquête menée par les responsables de (Inspection générale des Douanes) IGD en juin 2012, qui abouté à la découverte de plusieurs déclarations en détaillent qui ont été liquidées son la vérification de la marchandise, ni de sa valeur ni encore son origine. On s’est donc retrouvé avec des importateurs de chaussures qui déclarent des machines destinées au fonctionnement, d’un coté ils échappent aux contrôles de conformité des services du ministère de commerce (marchandise destinée au fonctionnement) et de l’autre coté ils échappent aussi au paiement des droits et taxes (au lieu de 30% de droits de douane et 17% de la TVA, ils paient uniquement 5% de DD et 7% de TVA).

C’est dans cette conquête aussi qu’on a trouvé des déclarations en détail liquidées en 5 minutes avec la précision sur celle-ci que le dossier a été liquidées suite à une visite effectuée par l’inspecteur vérificateur (une visite qui n’a jamais eu lieu). Des dossiers qui contiennent des milliers de chaussures et leur propriétaire ne déclarent que la moitie et l’en passe.

Suite à cette enquête des inspecteurs ont avoué qu’ils ont procédé à la liquidation de ces déclarations parce qu’ils ont été contactés par des responsables régionaux ou centraux de notre administration qui leur ont demandé de passer outre les anomalies constatées dans ces dossiers parce qu’ils appartiennent à leurs amis.

Je n’irais pas jusqu'à dire que tous les douaniers de Bejaia sont des anges, qu’ils ne sont pas des voleurs et que tous les dossiers louches ont été liquidés après avoir reçu des instructions de hauts, loin de là, ce que je veux transmettre comme message c’est que les vrais mafieux c’est d’abord les hauts responsables et les miettes restantes sont naturellement amassées par les petits voleurs. Ces petits chiens errants. 

Le Directeur actuel de la douane algérienne est complice dans l’affaire Sonatrach II. En effet, selon le journal arabophone Elchourouq du 21/08/2013, la relève de l’ex-DG de la douane (Sid Ali Lebib) de son poste a été précédée par une affaire de corruption à grande échelle entre la Sonatrach donc Chakib Khelil et la société pétrolière américaine Haliburton dans le cadre d’un partenariat qui a donné lieu à la création de la société BRC.

Selon toujours le même journal, suite à une enquête diligentée par l’ex-DG de la douane et conduite par le service de la lutte contre la fraude qui a abouti à la découverte de plusieurs anomalies dans les dossiers de la société algéro-américaine BRC, notamment des majorations de valeur entrainant des transferts illicites de capitaux vers l’étranger.

Sauf que suite à l’intervention de Chakib Khellil auprès de l’ex-ministre des Finances M. Medelci celui-ci a procédé sur le champ au limogeage de Lebib et l’installation de Bouderbala qui a pris en main l’affaire de BRC et a classé l’affaire sans suite en stoppant toutes les investigations enclenchées par les services de la lutte contre la fraude et la destruction de toutes les preuves.

Un douanier indigné (Bejaia)

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Commentaires (7) | Réagir ?

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mohamed bentabet

j'ai travaillé plus de 30 années de ma vie en tant que cadre des douanes, je sais et vous le savez aussi bien que moi que l'opinion publique algérienne a une très mauvaise idée sur les douaniers, tous des corrompus tous des voleurs, comptes off shore, villas, biens immeubles à l'étranger etc... Cette manière de juger ce corps et les gens qui ont choisi de faire carrière est aléatoire et constitue un crime devant dieu pour les honnetes douaniers et ils sont très nombreux. L'Algérie n'est pas une nation digne de ce nom, c'est une entité corrompue où les corrompus sont présents à tous les niveaux, ils détiennent tous les pouvoirs et ils se partagent les milliards de dollars de la rente pétrolière. Il y a plusieurs douaniers voleurs et corrompus, il y a plusieurs magistrats voleurs et corrompus, il y a plusieurs wali voleurs et corrompus etc... Mais sachez et gardez-le bien précieusement vous serez témoin devant dieu le jour du dernier jugement que 90% des douaniers vivent en dessous du seuil de pauvreté et ils ne touchent jamais, ni aux bananes ni à l'argent sale et ils vivent à 10 dans un F2.

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Yacine Khalfi

L'incompétence des commentateurs est vraiment affligeante. Comment pouvez-vous mettre en cause des douaniers issus des prestigieuses universités d'Harvard et d'Oxford. Comme d'ailleurs, tous nos dirigeants de pacotille, depuis juillet 1962. Il faut revoir vos cours et vos analyses, mes amis, car vous êtes tellement ingrats avec ces "lumières", dont la plupart n'a même pas le niveau de mon BEPC décroché en 1959, du temps des "Français". (sourire)

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