Syrie : chabihas, cannibales, sherif et ordre international

Hollande, Obama et Cameron.
Hollande, Obama et Cameron.

«Réduire les capacités stratégiques du régime syrien», tel serait l’objectif que poursuivraient les frappes de la coalition anglo-franco-états-unienne.

Il y a quelques semaines le rééquilibrage du rapport de force sur le front syrien devait passer par la livraison d’armes aux militaristes anti-Assad. L’utilisation des armes chimiques, au-delà de l’excitation médiatique planétaire, n’aura rien changé aux stratégies en œuvre sur ce théâtre de guerre. Neutraliser la Syrie en l’enfonçant durablement dans un équilibre instable entre les phalanges de l’enfer : le régime despotique de Bechar Al Assad et la menace théocratique de ses opposants armés. La rivalité entre les deux belligérants ne va pas s’arrêter de repousser les limites atteintes dans l’horreur et la monstruosité. Les forces nationales syriennes disqualifiées pour longtemps risquent de rester durablement otages de ce bellicisme démentiel. Elles ne sont pas les seules à subir ce piège.

Les forces de paix, de par le monde, sont elles aussi déstabilisées par une situation qui ne semble faire place qu’aux va-t-en-guerre. Chabihas déchaîné d’un côté, cannibales mangeurs de cœurs de l’autre, et cowboys justiciers par la grâce des financements d’Émirs bédouins obscurantistes tout aussi «bedaineux» que haineux. Difficile d’imaginer, dans ces conditions, une solution politique nationale démocratique syrienne. Le seul bénéficiaire de la situation est la puissance impériale états-unienne qui a fait chuter une pièce importante du «grand échiquier». Y compris «la solution politique» à laquelle appellent les humanistes et les diverses gauches ne peut que s’inscrire dans la logique imprimée par le front impérialo-réactionnaire : neutralisation durable des potentiels nationaux démocratiques cumulés dans les pays qui ont arraché leurs libérations nationales et nourrit des ambitions développementalistes et/ou souverainistes sur leurs ressources. La néocolonisation se consolide, s’élargit et s’étend.

Condamner et rejeter les frappes en cours de préparation est une lapalissade. Bien sûr qu’elles ne feront qu’«ajouter la guerre à la guerre». Seulement cette condamnation ne suffit pas. La dénonciation des postures de «justiciers» que s’arrogent les puissants de ce monde ne peut que s’accompagner par le constat de l’incapacité de la communauté internationale à mettre un terme aux horreurs qui se perpètrent en Syrie, et ailleurs. Cela aussi doit interpeller tous ceux qui sont soucieux de la paix et la stabilité dans le monde. Les situations que nous revivons en ce moment soulignent encore une fois l’anachronisme du système des relations internationales entièrement soumis à des logiques de puissance et de domination. Ce système en plus d’être figé en l’état déterminé par le rapport des forces établi au sortir de la Seconde Guerre mondiale, est entièrement soumis aux nouveaux pouvoirs oligarchiques mondiaux qui ont émergé de l’accélération de la mondialisation. Ces deux logiques de puissance (militaire) et de domination (oligarchique financière) s’articulent en une dictature mondiale qui fait le pari de ne jamais secréter son fossoyeur. Les institutions internationales, rétrogradées dans la terminologie mondialiste en «institutions multilatérales», ne peuvent prétendre au même niveau d’intégration mondiale que la finance ! Elles ne peuvent amorcer leurs marches pour aller de leurs états de «lieux de négociations» vers celui de «lieux de souveraineté». Le seul lieu de pseudo-souveraineté planétaire, en dehors de ceux de l’oligarchie financière mondiale, reste le Conseil de sécurité de l’ONU figé dans l’état où il a été établi en 1945. Cet aspect des choses est important.

N’y a-t-il pas lieu, pour les peuples et leurs forces nationales démocratiques, de penser un autre système des relations internationales ? Ne faudrait-il pas penser la mondialisation autrement que par le repli sur les espaces nationaux ? L’humanité n’a-t-elle pas atteint un stade où elle peut accéder à la capacité de mettre un terme à des horreurs — telles celles qui se déroulent en Syrie — autrement que par l’intervention de shérifs financés par des potentats islamistes ? Pour les humanistes, les progressistes et toutes les gauches, il y a là un immense chantier, celui de la conquête de nouveaux espaces de souveraineté face à la dictature mondiale de l'impérialisme.

Mohand Bakir

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Massinissa Umerri

Vous vous egarez monsieur.

L'habitude devient une seconde nature... voila ce qu'il y a lieu d'aneantir, ni plus ni moins !

Le monde vous a tendu le baton (Bush) et la carotte (Obama) -

Sans la moindre ombiguite', vous criez le baton rouge !

Bon appetit !

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Khalida targui

ces 3 trotros ne peuvent rien faire c'est une affaire arabo-arabe, les syriens souffrent comme nous les algeriens aprés ils seront vaccinés ils deviendront come nous des khorrotos, c'est l'arabo arabe qui a le flouss et c'est l'arabo arabe qui achete les armes et c'est l'arabo arabe qui meurt khoussara la Syrie c'etait un grand bled