"Que veulent les Arabes ?"

Le point du non-retour en Egypte.
Le point du non-retour en Egypte.

"Quand ils transformèrent un pays en désert, ils le disent pacifié." Tacite (Les conquérants romains)

En 1991, Fereydoun Hoveyda écrit son livre Que veulent les Arabes ? et y répond dès l’introduction : « Ils veulent, sinon la disparition totale de l’Occident, du moins son humiliation, son affaiblissement, sa décadence. Pourquoi cacher la haine croissante de l’«infidèle» qui bouillonne en terre d’Islam ? Elle s’étale au grand jour à Amann comme à Bagdad, à Alger comme à Islamabad, à Londres comme à Paris…C’est Fouad Saleh, chef de réseau terroriste, qui s’écrie à son procès : Je m’appelle la mort de l’Occident.» C’est Nasser qui maudit les Américains après leur refus de financer le barrage d’Assouan : «Qu’ils étouffent !» C’est Massan-al-Bana, fondateur des Frères musulmans, association intégriste, qui proclame : «Le drapeau de l’Islam doit dominer le monde.» C’est Kadhafi qui, en visite officielle au Rwanda, déclare : «Le christianisme est la religion des agents du colonialisme, des ennemis français, belges, allemands et américains, celle des Juifs aussi.» C’est Ali Belhadj, islamiste algérien qui parle de lutte contre l’ennemi mécréant et invite les musulmans d’Europe à enfreindre les «lois impies»… Je ne cite pas Khomeiny et ses disciples, car ils sont Iraniens (encore que l’imam et beaucoup de ses amis prétendent descendre d’Ali et de Fatima, donc d’Arabes…»

Plus d’une génération plus tard, les Arabes n’ont pas réussi à faire disparaitre l’Occident et n’y pensent même plus. Aujourd’hui, à suivre les actualités au quotidien, on en déduit sans effort que les Arabes veulent faire disparaitre des Arabes. Ils se jugent sans doute trop nombreux pour le partage de la rente pétrolière. À vrai dire en l’absence de statistiques de sondages d’opinion, on ne peut savoir ce que pense vraiment la masse arabe, mais seulement ses représentants autoproclamés et ses brebis galeuses. Du syndrome algérien on est tombé dans le syndrome égyptien, mais heureusement le syndrome syrien a stoppé définitivement la contamination «printanière». Qui mieux que ces Syriens savent le prix de la trahison, eux qui ont ouvert leur porte au calife Omar sur les cendres de leurs trois églises épuisées par leur haine incestueuse. Comme la reine des Aurès, Kahina, «poignardé» par sa propre famille. Sans parler des Arabes détruisant les statues de la Kaaba pour mieux l’honorer sous le ciel de l’Unique et ceux qui ont détruit tous les souvenirs de la vie du Prophète pour mieux se l’accaparer. Et ces Coptes d’avant les « ouvertures » islamiques se détestant tellement et prêts à se vendre à n’importe quel envahisseur. Et nous les Algériens si un danger étranger nous menaçait sommes nous prêt à mourir pour défendre l’Algérie du FLN ou la nôtre, celle qui n’existe que dans nos fantasmes ? Certes le vrai danger vient toujours de l’intérieur. De chair et de sang, on ne passe pas d’un état à un autre sans égratignure sans traumatisme. Les Arabes ont tout fait pour arabiser leurs convertis tout en les considérant comme des affranchis, des inferieurs. Trahison et gratitude ne font pas nécessairement bon ménage. Pourtant, le calife Muawiya fils d’Abou Sofiane, chef de la tribu des Koraïchites ne recrutait que des Syriens de naissance comme soldats capitaines marins. C’est bien un Berbère Tarik Ben Ziyad qui alla à la conquête de l’Espagne etc. Mais pourquoi ressasser un passé fini et enterré ? Mais parce que le passé n’est jamais fini jamais enterré. On vient de quelque part on vit quelque part et on va vers quelque part. Fereydoun s’interrogeait si on pouvait vraiment fourrer dans le même sac les descendants de la Reine de Saba, les Bédouins des tribus de la péninsule arabique, les pasteurs du Sahara, les héritiers des Pharaons, des Assyriens, des Sumériens, des Berbères, les «hommes bleus» de Mauritanie, les Noirs du Soudan nubien. Oui, mais ça dépend dans quel sac. La femelle animale sort de son clan pour préserver son espèce. Nos mères se ressemblent quand elles donnent leur sein imbibé de larmes, nos pères ont la même intonation dans la voix alourdie de soupirs.

Aujourd’hui, le berceau de l’Islam, dans l’impossibilité d’envoyer des troupes, envoie de l’argent pour recruter sur place. Le schéma ancestral n’a pas bougé d’un iota : le cheval pur-sang au repos et l’âne au sang mêlé qui court pour lui. Que veulent les Arabes ? Un Arabe peut vouloir quelque chose que l’autre Arabe n’en veut pas. Mais de méthode, ils n’ont pas changé : seul le sang lave et seul le sang lave le sang. Étonnant ce qui se passe en Egypte avec les Frères musulmans dont la plupart des leaders sont des «douctours» maîtrisant plusieurs langues et s’entêtant à rester dans la rue avec femmes et enfants jusqu’à la mort pour que leur ex Raïs, aussi diplômé qu’eux, retrouve son fauteuil. Prêts à envoyer tout ce beau monde au martyr sachant que c’est les armées arabes qui font la richesse de l’industrie de l’armement. Sachant qu’aucun soldat arabe aucun policier arabe n’a jamais entendu parler des droits de l’Homme de démocratie de liberté, tous éduqués à la Pavlov. Sachant que les anti-Morsli n’ont rien à voir avec les anti-Moubarek. Ces derniers rêvaient de la cerise sur le gâteau les premiers risquaient de perdre le gâteau en entier. Il y a des risques quitte ou double ; des risques quitte ou quitte et des risques double ou double. Ce n’est pas grave les morts anonymes. Et ils viennent juste de bloquer les trains et imposer la loi martiale.

En Algérie en haut lieu on doit bien rigoler sur la stratégie de ces dirigeants masriyines. Apparemment l’Algérie a fait la paix avec ses islamistes grâce au prix du pétrole qui flambe à chaque coulée de sang dans le monde arabo-musulman. Généreuse et ignorante des victimes, la patrie des révolutionnaires leur a donné une partie du pouvoir une partie de la rente et une partie du désert pour tous les trafics quitte à déstabiliser le continent et avec toute la planète. Apparemment l’Algérie est en paix avec son peuple, tout est dans les apparences dans nos joies nos fractures nos névroses et nos scandales. Nous sommes trop loin de la Syrie des Alaouites, partisans d’Ali, depuis le début du siècle dernier. Avant, on les appelait "les Nasârâ", chrétiens nazaréens. De toute façon, démocrates ou despotes, ils étaient condamnés par leurs croyances, un mélange d’islamisme paganisme christianisme. Des hérétiques pour les chiites, des non musulmans pour les sunnites en un mot des condamnés en sursis. 13% de la population, minorité pauvre persécutée jusque dans leurs montagnes avant l’ère des Asad, l’ère de la revanche. Pour avoir voulu éliminer Hafed-Al-Asad, les Frères musulmans ont payé du sang de 20000 des leurs à Hamas. Dix fois plus en terre algérienne à 100% sunnite pour des victimes à la piété jugée insuffisante et pas assez «fisiste». En Irak, c’est le scénario syrien inversé, la minorité sunnite qui dirigeait la majorité chiite (70%) n’est plus aux commandes alors elle essaye d’équilibrer en tuant tous les jours le maximum dans des attentats etc. Maintenant c’est le Liban qui s’enflamme, le seul pays multiconfessionnel arabe qui fonctionne le mieux dans la région. Et derrière cette horreur le trio infernal : Iran Arabie Saoudite et le Qatar, les trois vaches à lait du terrorisme. Que veulent les Arabes ? La destruction de l’Iran avec la bénédiction de l’Occident et le restant humant la poussière sous les pieds du roi saoudien et du prince qatari. Que faire des Arabes chiites ces «affranchis» ces «seconde zone», ces 25% de la population qatarie et 70% des travailleurs pétroliers des Ibn Saoud …?

Le proverbe dit : «L’Arabe règne mais n’administre pas.» Or pour pouvoir régner il faut savoir administrer c’est élémentaire même si on est à la tête d’un parc zoologique. Les temps ont changé, mais les régnants arabes non, ils continuent tels des vampires à avoir besoin de sang pour asseoir leur règne sur des cadavres comme leurs ancêtres. Il est temps de leur donner des livres d’histoire écrits par de vrais historiens, s’ils savent lire, pour les réveiller. Ils ont fait de l’Islam une horreur du monde arabe une boucherie de l’Arabe un psychopathe un zombie. Il est temps que ça cesse. En tous les cas, les forces vont finir par s’épuiser d’elles-mêmes avec le dessèchement des puits. Tant que la bombe nucléaire ne remplacera pas la bombe classique nous aurons une chance pour survivre, mais pas nos descendants. On ne pompe pas l’or noir sans en payer le prix, les Norvégiens l’ont compris en laissant à leurs descendants le gros des bénéfices pour se faire pardonner. Que veulent les Arabes ? Savent-ils au moins ce qu’ils veulent ? Certes la révolution abbasside a été sanglante terrifiante avant d’aboutir à l’âge d’or arabo-musulman fait essentiellement par les convertis issus des grandes civilisations défuntes, mais aujourd’hui le sang coule pour rien puisque cette hémorragie d’hémoglobine fait fuir la matière grise convertie ou d’origine. En 1991 Fereydoun Hoveyda écrivait : «…je dois aujourd’hui me rendre à Londres ou à Paris quand je désire discuter avec un intellectuel arabe.»

En 2013, il peut faire le même constat lui d’origine iranienne né à Damas élevé à Beyrouth et mort en exil aux USA.

Mimi Missiva

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Commentaires (16) | Réagir ?

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departement education

merci bien pour les informations

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adil ahmed

merci

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