Hachemi Cherif, ton message a été entendu jusqu’au bord du Nil !

El Hachemi Cherif
El Hachemi Cherif

Communiqué du Parti pour la laïcité et la démocratie.

Tu nous as quitté il y a huit ans, à la fleur de l’âge ! C’était le 2 en août 2005. Tu venais de livrer ton dernier combat à l’âge de 66 ans. S’il y a bien un trait de génie à te reconnaître cher camarade Hachemi Cherif, c’est celui d’avoir eu l’intuition de saisir très tôt ce qu’est l’islamisme politique, de l’avoir identifié d’emblée comme un mouvement fasciste à placer au rang de premier ennemi avant de le cerner sérieusement et de le mettre à nu par tes nombreuses contributions. Tu aimais nous le rappeler : l’islamisme est un cancer dont les métastases sont fulgurantes. C’est pourquoi, sans lésiner, le seul remède est l’éradication !

Tes analyses, à contre-courant de celles qui étaient en vogue dans les années 90 étaient accueillies par une moue très significative : Alors que tu décrivais le monstre tel qu’il était, sans fard et sans concession, d’aucuns pensaient que tu versais dans l’alarmisme et le pessimisme. Aujourd’hui, aucun pays de culture musulmane n’en est épargné et sa menace se fait sentir y compris en Europe et en Amérique 

Dans ton livre, Modernité : enjeux en jeu, paru en 1993, tu écrivais avec beaucoup de lucidité en anticipant sur les évènements : L’intégrisme est totalitaire en ce qu’il propose une conception non seulement globalisante du monde et de la société, mais une conception totalement hermétique. Il tend, par ses effets structurants, à intégrer toute la société dans sa conception, à l’y soumettre entièrement, à la soumettre à son moule. Il veut changer la société. Non seulement, il s’interdit tout emprunt, mais il tend à diaboliser et empêcher tout emprunt extérieur à lui considéré comme « intrusion ».

Et de rajouter, animé de la radicalité qui a toujours exalté ta vision politique : Ce n’est pas la question du pouvoir qui est fondamentalement ni principalement en jeu, mais la question de l’Etat, de son contenu et sa forme.

Ainsi, les enjeux étaient clairement mis en évidence et les questions essentielles posées : Ne pas s’attaquer à la surface des choses en se cantonnant au changement des hommes qui sont aux manettes du pouvoir mais refonder l’ETAT et ses institutions pour les inscrire dans une perspective moderniste et permettre à la société algérienne de s’ouvrir aux valeurs universelles.

La formule qui t’a permis de définir la nature de l’Etat algérien est particulièrement percutante :

L’Etat pour être démocratique doit être laïque et pour être laïque il doit être démocratique. 

Conséquent avec toi-même, tu as été de ceux qui ont appelé à ne pas cautionner «l’enterrement de l’Algérie», c'est-à-dire les législatives suicidaires de décembre 1991 et à exiger l’arrêt du processus électoral. 

Ton éclairage a eu un très grand écho dans "la famille qui avance". L’attitude républicaine de l’ANP a arrêté net l’ascension météorique du FIS et permis de sauver une Algérie tenue en joue par le terrorisme islamiste.

Je sais que tu aurais applaudi des deux mains pour apporter ton soutien à l’Egypte, à son peuple et à son armée en lutte contre la dictature et la barbarie des Frères musulmans. Repose en paix camarade ! Ton message a été entendu jusqu’au bord du Nil ! 

Malheureusement, en Algérie le système continue d’ignorer et de mépriser le peuple et ne tire aucune leçon des épreuves passées. Complice des islamistes, il barre la voie à toute velléité démocratique mais ne se rend pas compte qu’il est entrain de réunir tous les ingrédients à la déflagration du pays.

Amère comme le chemin de l’exil, la jeunesse est jetée sur les voies de l’incertitude. Ce peuple qui eut le privilège d’étendre l’aura de son pays jusqu’à des limites insoupçonnées doit-il encore une fois rater sa chance de vivre pleinement son siècle ? L’Algérie a trop donné pour rester piégée dans les nasses d’un système qui n’en finit pas d’agoniser.

Par ton courage et la pertinence de tes analyses tu as su ouvrir les portes de l’avenir en renversant les murs du passé. Tu le savais mieux que quiconque : Quand les religions s’installent dans l’espace public et se soumettent aux caprices des hommes, elles entraînent la mort de la culture et de la civilisation. C’est la raison pour laquelle, tu as milité toute ta vie pour une Algérie de citoyens armés d’une conscience claire soudés par l’intérêt suprême, en un mot pour une République laïque. Hachemi, Tu n’avais qu’un rêve : semer la lumière dans les yeux du peuple.

La mort a replié ses ailes sur tes yeux mais tu demeureras à vie la sentinelle de notre Révolution !

Le Bureau National du PLD

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Commentaires (3) | Réagir ?

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gestion

MERCI

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Quelqun EncoreQuelqun

"... Amère comme le chemin de l’exil, la jeunesse est jetée sur les voies de l’incertitude.... " , tout est dit!

En tout cas, bel hommage que ces quelques mots empreints de retenue et de sincérité.

Loin des leçons en bone et dûe forme dans lesquelles versent la plupart des contributions des démocrates de la 25e heure dont regorge notre pauvre kabylie.

Repose en paix "camarade"; il parait que "imravdhéne" seraient la vermine par laquelle la kabylie serait infestée.

Quand la mode est au retournement de veste (s), des ignares tout droit sortis des labos, pardon, des universités de Tizi et Vgayéth viennent régulièrement nous casser les noix sur ce forum avec un tel aplomb qu'il nous effleure, parfois, l'idée de la renonciation et du "mayna" devant tant d'idioties rappelant les discussions du café du village.

Dîtes surtout à des oisifs et égarés néo-révolutionnaires de pacotille passant leur temps à fantasmer l'avenir de la kabylie à défaut de le faire, dîtes-leur que Hachemi Chérif, en dépit du patronyme pas tout à fait à la mode des Aït, n'est pas une marque de vêtements ou de chaussures (on en est malheureusement là avec une certaine "élite" écumant les blogs), dîtes-leur ce que LAÏCITE veut dire, dîtes-leur ce que MODERNITE veut dire, dîtes-leur le visionnaire que fut L'Hachemi... Aidez-les à prévenir l'abrutissement qui les guette.

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