Dix chefs d’État africains sous l'influence des marabouts

Idriss Deby Itno, président du Tchad est un adepte des marabouts.
Idriss Deby Itno, président du Tchad est un adepte des marabouts.

Autrefois, il était courant d’avoir son gourou pour régner en maître sur le continent. Certain chefs d’État suivent encore cette tradition et se font conseiller pour conquérir ou conserver leur pouvoir par un marabout, gourou, sorcier blanc ou noir.

Parmi les plus anciens, et ceux dont les conseils de ces prêcheurs ont eu des effets négatifs sur le pays, on retrouve Mathieu Kérékou, président du Bénin de 1996 à 2006. Il avait fait appel à un marabout malien, Mohammed Cissé, qui a pillé allègrement les banques béninoises, jusqu’à leur faillite. Il usait aussi de son influence pour placer son entourage dans les directions générales d’entreprises ou dans les ministères. Après avoir découvert ces manipulations, le président béninois le fit arrêter et mettre en prison.

Gnassingbé Eyadema, président du Togo de 1972 à 2005 a subi lui aussi les foudres de son conseiller sorcier africain. Il avait une préférence pour les sorciers blancs comme Charles Debbasch, qui a été à l’origine de toutes les magouilles autour de la Constitution du Togo.

Seyni Kountché, président du Niger de 1974 à 1987, a également été sous l’emprise d’un marabout dont il ne maîtrisait pas le pouvoir : Amadou Oumarou dit le chanceux. Le chanceux a réussi à se construire une vie prospère notamment en corrompant un certain nombre de fonctionnaires et d’officiers. Il paraitrait qu’il faisait la distribution de billets de 50 000 à 500 000 francs CFA (76 à 763 euros) tous les samedis chez lui. Avide de pouvoir, il a tenté un coup d’Etat qui a échoué.

Ensuite, on retrouve les présidents qui ne peuvent pas se passer de l’influence de leur marabout pour s’assurer le pouvoir. Omar Bongo Odimba, président du Gabon de 1967 à 2009, faisait partie de la franc-maçonnerie et n’a jamais cessé de s’entourer de gourous de toute nationalités, notamment béninois.

Mouammar Kadhafi, 41 ans au pouvoir de la Libye jusqu’en 2011, et le président Abdoulaye Wade du Sénégal de 2000 à 2012 ont volé de marabouts en marabouts par crainte de destitution ou de soulèvement du peuple. Ils étaient très méfiants et mégalomanes, si bien qu’il fallait que leurs marabouts disent ce qu’ils voulaient entendre. Finalement, Abdoulaye Wade ne sera pas réélu en 2012. Et le tyran libyen sera lynché puis tué par des rebelles libyens en août 2011.

Dans le même état d’esprit, François Bozizé, le président en Centrafrique depuis 2003, croit fort dans le pouvoir des coreligionnaires célestes, appartenant à une Eglise béninoises, il en était d’ailleurs devenu pasteur avant d’être président. Ce type de gourous est d’un nouveau genre mais cela ne lui a pas permis de conserver le pouvoir puisqu’il a été renversé le 24 mars dernier. Depuis cette date, le Centrafrique est plongé dans un chao général.

Boni Yayi président du Bénin depuis 2006, s’en remet lui aussi à un genre nouveau de gourous : les évangélistes américains, qui représentent un fort un lobby aux Etats-Unis. Boni Yayi s’est entouré du pasteur Michel Aloko, qui est à son service notamment quand il s’agit de réviser la Constitution pour augmenter le nombre de mandat à la présidentielle. Le pasteur reste un personnage clé dans l’entourage du président.

Blaise Compaoré président du Burkina Faso depuis 1991 aime lui aussi s’entourer de nombreux marabouts, et des plus puissants comme Mustapha Chafi, personnages qui restent pourtant discrets mais très influents dans tous les milieux. C’est grâce à la médiation de ce marabout que des otages d’Al Qaida détenus dans le Sahel avaient été libérés. A croire que les djihadistes d'AQMI ont succombé à l'influence de ce marabout. Le tandem du président avec ce prêcheur fonctionne bien puisqu’il en est à son 4e mandat. Enfin, Idriss Déby Itno à la présidence du Tchad depuis 1990 tout comme Blaise Compaoré doit beaucoup au maraboutisme selon lui, puisque c’est l’un d’eux qui lui prédit son élection, et il en est aussi à son 4e mandat. Cependant, ce ne sont pas les marabout qui l'ont sauvé de la rébellion qui était entrée à Ndjaména, mais l'armée française.

Mais les chefs spiritueux, marabouts ou autres sorciers garderont-ils encore leur crédibilité face aux nombreuses mutations que subit le continent africain ?

R.N./AFP

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