Damas, improbable capitale de la culture

Damas, improbable capitale de la culture

Comment imaginer que des écrivains comme Milan Kundera, Noam Chomsky ou Isabel Allende puissent se retrouver à Damas alors que les intellectuels syriens sont en prison ou en exil, se demande Al-Hayat.

A en croire les autorités syriennes, Damas ne sera pas seulement la capitale de la culture arabe pour 2008 ; elle va se transformer cette année en véritable Mecque des arts profanes, de la poésie, de la littérature, du cinéma, de la peinture et de la musique ; les artistes de toutes disciplines vont rivaliser à chaque coin de rue et investir le moindre espace pour faire de cette année quelque chose d’“exceptionnel”, selon l’expression utilisée par la secrétaire générale du programme Hanan Kassab-Hassan, qui affirme vouloir faire de la culture “un facteur fondamental de la stratégie de croissance économique, sociale et politique de la Syrie”. La ville dispose-t-elle vraiment d’assez de centres culturels et autres infrastructures pour absorber le déluge culturel qu’on annonce ? La réponse est toute prête : on a lancé un nouveau concept de “lieux alternatifs” dans des usines, des parcs, des tunnels, des halls… afin de rendre la culture accessible au grand public et pas seulement à l’élite.

Les milieux culturels syriens aimeraient bien adhérer à ce discours, mais ils auraient moins de mal à le faire si les autorités pouvaient mettre autant d’enthousiasme à s’engager sur un autre point, à savoir la libération de l’un des intellectuels syriens les plus emblématiques, Michel Kilo [derrière les barreaux depuis mai 2006]. Voilà une initiative qui ferait de 2008 une année vraiment “exceptionnelle”. Et puis on pourrait également permettre le retour d’exilés comme Salim Barakat [écrivain], Sobhi Hadidi [journaliste], Bachar Al-Issa [peintre] et tant d’autres qui ne cherchent pas à se faire abreuver de récompenses officielles, à la différence des artistes attitrés du régime. Mais, au lieu d’inviter ces éminents représentants de la culture syrienne à revenir dans leur pays, le régime préfère inviter Isabel Allende, Noam Chomsky, Milan Kundera et d’autres. Comment ne pas être amer à voir ainsi encenser les intellectuels étrangers qui chez eux sont dans l’opposition, alors qu’on emprisonne ou qu’on exile nos compatriotes qui font la même chose chez nous ?

Ce programme engloutira beaucoup d’argent. La brochure de présentation du programme affirme textuellement que “la Syrie forme une exception mondiale en raison de sa diversité ethnique et religieuse. Les festivités feront ressortir cette spécificité et son éclat au niveau culturel par des activités qui montreront le bonheur avec lequel se conjuguent les arts arabes, tcherkesses, arméniens, kurdes, etc.”

Belles paroles, assurément. Mais qui se heurtent à la récente décision du gouver­nement d’arabiser tous les noms de magasins, hôtels, restaurants et autres commerces, décision justifiée précisément par le fait que Damas sera la capitale culturelle arabe, que l’arabe est la langue officielle du pays et qu’il faut “montrer l’authenticité arabe de la ville” ! Voilà en réalité l’objectif de toujours poursuivi par le régime baasiste : promouvoir une culture monocolore.

Ibrahim Haj Abdi
Al Hayat

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (2) | Réagir ?

avatar
a a

n'attend rien d'un régime arabe. Avant d'organiser un festival culturel il faudrait d'abord qu'il sachent ce que veut dire le terme Culture. Culture implique necessairement qu'il existe plus d'un point de vue; plus qu'une vérité. Ils me font rire. Ils croivent qu'en un ans, ils feront en sorte qu'un peuple meprisé puisse s'interesser à la culture !!!!! et rendre une Nation Plus connu pour son rigime féodale deviendrai une Nation de culture. Oh mon dieu comment de tel personne font elles pour arriver à des raisonnement parail. décidement les voiex de l'ignorance sont impénétrable.

Rédicule.

avatar
farouk bouguendoura

rien que le fait que fiston assad a hérité du trone de papa assad dirigeant du "roiaumepublique" de syrie, je vomis le régime syrien. HACHA le peuple syrien qui lui est innocent.