Matoub Lounès, l’étoile qui interpelle

Matoub Lounès assassiné par un groupe de tueurs non identifié le 25 juin 1998 entre Tizi Ouzou et Beni Douala.
Matoub Lounès assassiné par un groupe de tueurs non identifié le 25 juin 1998 entre Tizi Ouzou et Beni Douala.

A chaque fois que je lève la tête vers le ciel de mon pays, la Kabyle, j’aperçois défiler des milliers d’étoiles. Mais les plus distinguées sont celles qui renvoient aux visages des martyrs de cette même Kabylie, lâchement assassinées par un Pouvoir odieux.

A chaque date anniversaire, l’étoile, dont le jour d’assassinat y correspond, luit davantage pour rappeler et interpeller. Ce jour du 25 juin, je distingue le visage lucide et clairvoyant de feu Lounès Matoub. Il est là et défile à travers tout le ciel de la Kabylie. Ferme et toujours engagée, l’étoile illuminée réclame en diffusant les rayons étincelants demandeurs de vérité. Matoub, par cette présence insistante, apostrophe et exige que la lumière soit fait sur son meurtre, car lui savait qu’il était tué à cause de son engagement pour la Kabylie, et aussi au motif de sa farouche opposition. Il savait que son verbe indomptable dérangeait à tous les niveaux. Mais pour les montagnes de Kabylie, pas question qu’il renonçât, même au prix de sa vie. "A3amriw, di durar aydal3amriw", disait-il.

L’artiste, chantre de la chanson engagée, du haut de sa demeure éternelle, observe avec regret les errements des uns. Mais aussi de son logis céleste, il regarde avec compassion la persévérance dans le combat des autres. Il se réjouit, tout sourire, quand l’action engage davantage le combat amazigh. Il s’inquiète, tout déçu, à chaque renoncement, démission ou abandon. Il veille sur le combat en éternel meneur.

Même absent, il demeure présent pour inciter au combat, à la lutte et au militantisme. Il suffit d’écouter l’une de ses chansons pour se ressourcer et animer la fibre kabyle qui coule dans le sang. Mort au summum de sa gloire, l’enfant terrible de la Kabylie, a tout légué. Il a offert une poésie dont le mot et le verbe sont intraitables. Il a produit une musique riche et parfaitement travaillée. Il a jalonné la lutte pacifique pour une démocratie effective. Il est et demeure toujours le symbole du combat identitaire. Il est, au fait, dans tous les domaines dont il excelle, l’idole qui ne meurt jamais.

Ignoblement, lâchement et abjectement assassiné, Matoub demeurera toujours vivant. Son étoile radieuse luira pour répandre l’idéale pour lequel il a été tué. Aux assassins d’enfants intègres, je dirai que la conscience Matoub est ineffaçable, voire inextricable d’un esprit lucide ! Et à cette triste occasion, c’est cette durable conscience qui m’interpelle pour dire non à la soumission, à l’allégeance, à l’abdication, au mensonge, à l’imposture. Vive la Kabylie et le combat continue.

Zoubir Zerarga

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Commentaires (14) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci bien pour les informations

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algerie

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