La revue "Hérodote" analyse l'évolution de la Turquie

La revue.
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La revue Hérodote a consacré son numéro 148 à la Turquie. Dense, fouillé et intéressant pour comprendre le cheminement de ce pays qui ne laisse pas indifférent.

La Turquie est au centre d’une actualité brûlante. Manifestations et répression émaillent depuis quelques jours le pays d’Atatürk. Avant que cette flambée de violence ne prenne à la gorge ce pays, la célèbre revue Hérodote a réalisé un dossier complet sur la géopolitique de la Turquie. Cependant, que les lecteurs en soient avertis, la revue de géographie et de géopolitique n’avait pas prévu la situation actuelle. Néanmoins en sollicitant de nombreux spécialistes, elle s’est penchée sur les questions qui agitent ou traversent ce pays. Exemple ? La Turquie est-elle une puissance émergente ? L’opinion publique turque a-t-elle finalement rejeté le projet d’intégration à l’UE ? L’Etat turc, son armée et l’Otan : ami, allié ou non aligné ? Autant de question et bien d’autres y sont décortiquées, analysées et couchées dans ce numéro. 

Le tout début des années 2000 signe la fin des interventions militaires et l’arrivée au pouvoir du parti islamiste l’AKP. Les nouveaux leaders islamistes de la Turquie se voulaient sans ennemi. D’où le retour aux référents au passé ottoman. "Rappeler l’Empire ottoman c’est aussi conforter l’image d’une tradition musulmane tolérante", écrit Béatrice Giblin dans son éditorial. C’est par-là une certaine représentation de la puissance passée avec un espace turcophone qui va de l’Asie centrale à l’Afrique du nord. Cependant, "cette ambition de puissance se trouve quelque peu bousculée par la situation syrienne actuelle. Le rapprochement spectaculaire avec la Syrie à la fin des années 1990, ennemie pendant des décennies de la Turquie, ouvrait de belles perspectives économiques. D’ailleurs une zone de libre circulation est née entre ce pays, la Syrie, la Jordanie et le Liban. Un excellent débouché économique pour les industriels turcs. Mais la guerre syrienne a changé la donne économique mais aussi et surtout pour ce qui est de la situation des Kurdes. L’autonomie de fait des Kurdes syriens soutenus par les Kurdes irakiens inquiète le gouvernement qui redoute que ces autonomies se servent de modèles aux Kurdes de Turquie", écrit l’éditorialiste. Entretemps, on sait que depuis mai dernier, le leader du PKK, Abdellah Ocalan, a appelé son armée au cessez-le-feu et à se retirer de leurs positions vers l’Irak. C’est dire que les lignes bougent dans cette région à la faveur du conflit meurtrier qui ensanglante la Syrie.

Les relations en dents de scie avec l’Europe ainsi que le retour de ce pays au Moyen-Orient sont évoquées et disséquées dans ce numéro d’Hérodote. Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement AKP, est le concepteur de la politique extérieur. "La politique étrangère turque, telle qu’elle est voulue par Ahmet Davutoglu, repose sur cinq principes : l’équilibre entre la sécurité et la démocratie, zéro problème avec les voisins, le développement des relations avec les régions voisines afin de faire rayonner l’influence de la Turquie depuis les Balkans jusqu’à l’Asie centrale en passant par le Moyen-Orient, l’adhésion à une politique extérieure multidimensionnelle et, enfin, une diplomatie dynamique visant une représentation effective au sein des organisations et conférences internationales", analyse Artik Özge, dans son chapitre La Turquie : retour au Moyen-Orient. Riza Turmen, ancien juge de la Cour européenne des droits de l’homme se penche sur la question de la nouvelle Constitution. Lequel avance que "le processus de création d’une nouvelle constitution est aussi important que son contenu". La constitution de 1982, reflétant un régime militaire, a été le fruit du coup d’Etat de 1980. Le processus d’établissement d’une nouvelle constitution a été initié après les élections de juin 2011 avec la mise en place d’un comité de conciliation. C’est une élaboration participative qui a été choisie avec recueil des avis de l’opinion. L’enjeu ? C’est de faire participer la société civile, écrit l’auteur.

Dans ce numéro spécial, on retrouvera également la genèse des relations avec Israël, le basculement du commerce turc vers l’Orient.

Kassia G.-A.

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