Algérie : la loi du silence

Malgré quelques tentatives de manifestation, la loi du silence est imposée au peuple
Malgré quelques tentatives de manifestation, la loi du silence est imposée au peuple

Le silence des vivants est la complicité volontaire à l’organisation du crime organisé contre l’humanité, un engagement bénévole à la dissimulation des indices de la vérité pour faire triompher l’injustice, falsifier l’histoire et faire honneur à la tricherie. (Brahim Gater)

L'omerta est un vocable sicilien propre au champ lexical de la mafia. On le traduit généralement par "loi du silence". La loi du silence est la règle tacite imposée par les mafieux dans le cadre de leurs affaires criminelles, cela implique la non-dénonciation de crimes, le faux-témoignage etc. Elle s'impose non seulement aux mafieux eux-mêmes, mais aussi à tous ceux qui seraient susceptibles de témoigner contre eux en justice. Le châtiment pour la violation de cette loi est la mort.

De la loi du silence en Sicile à la loi du silence en corse, le pouvoir qui nous gouverne contre notre propre volonté tire ses leçons de ces deux écoles et reste l’une des plus grande mafia du XXIe siècle. Tire sa mauvaise gouvernance sur un peuple opprimé et que sa pratique est la parallèle du pouvoir de la dictature avec son organisation criminelle. Il impose la loi du silence sur la population qu’il gouverne pour promouvoir le mythe de la peur et créer l'angoisse de l’inconnu et de la soumission.

Le silence en politique est l’ordre du silence qu’impose le pouvoir par peur de perdre son territoire du Sud, ses privilèges de la haute société, son autorité pour emprisonner, torturer et tuer au plaisir de sa jouissance et pour faire valoir sa suprématie et son hégémonie sur ses institutions et celles qui sont censées représenter le peuple. Il est l’indicateur de sa peur et de sa fragilité face à l’unité, au courage et à la bravoure du peuple. 

La pratique de la loi du silence et sa protection, s'exercent par la censure, la fraude électorale, les poursuites judiciaires, le vide politique, les commissions d'enquête sans enquêtes, les enlèvements et la disparition des témoins, les rétractions, les assassinats politiques, la falsification des écrits, la disparition des éléments de preuve ou leur conservation, la mainmise sur les médias, l’interdiction de penser et de militer, etc. Dans la texture de la loi du silence, le langage du non-dit est un paramètre d'évaluation et d’appartenance, son terrain de culture et de fonctionnement est le milieu de la maffia et du terrorisme. Des groupuscules qui forment ces pouvoirs d'état par la confiscation des libertés et la séquestration de la démocratie et qui fonctionnent sur l’axe du terrorisme d'état pour asseoir leur pouvoir et faire délester le peuple de son héritage politique et de ses droits.

Notre Algérie a grandi dans l’enceinte de la loi du silence, son peuple a vécu dans l’obscurité face à son destin. Des millions d'algériens ont été assassinés par ces hommes au pouvoir depuis le déclenchement de la révolution à ce jour et que ces crimes restent impunis et demeurent couvert par le sceau de la loi du silence. Une machine criminelle silencieuse qui ne cesse de broyer les meilleurs enfants de la patrie. 

La loi de silence doit être observée par tous les acteurs de la rue pour que la place publique reste à l’état d’inertie, la complicité de tous les fonctionnaires est inconditionnelle et tout dépassement s’expose à l’exclusion et au châtiment. Le peuple doit rester étranger à la vie politique et économique. Le peuple est un objet de mise en scène, de peuplement, de manipulation et demeure l’ennemi permanent du pouvoir. Le peuple doit vivre à l'extérieur du royaume. 

La raison d'état justifie l’état criminel et fait valoir ses droits par la loi de silence. Impose à tous les corps de métier de cacher la vérité au peuple par le mensonge et le non-dits, au delà de toutes les limites de la raison, de la morale et de l'éthique, les médecins sont de la partie et face au génocide dans lequel se trouvent les populations du grand Alger, allant de Staouéli à l’ouest, Blida au Sud et Baraki à l‘Est, ces derniers par leur silence volontaire devant la mort lente et silencieuse de la population due à la présence d’un taux de pollution grave des usines de tabac du grand Alger qui ne sont pas équipées de filtre pour récupérer les corps solides du tabac poussés dans l’air au dessus de nos résidences, des carrières de gravier et du ciment qui crachent à titre permanent des déchets nocifs et cancéreux, du taux de CO2 d’un nombre inadmissible de voitures en circulation dans le centre d’Alger et compte tenu de sa topographie en forme de cuvette, les statistiques cachées à la population et que les spécialistes en médecine particulièrement les allergologues et cardiologues savent que les maladies dues à la présence de ces centres de pollution endeuillent chaque jour des centaines de familles par la perte d’un de ses membres.

L'hypertension pulmonaire, mal détectée par les installations hospitalières emportent chaque année du grand Alger de milliers de victimes et que les responsables de cette situation se permettent le plaisir de s’offrir un tourisme médical pour consulter un médecin en suisse, en France ou au Etats-Unis d'Amérique pour perdre du poids, arrêter de fumer ou trouver des nuits de sommeil tranquille à l’effet des gémissements des algériens durant les séances de torture. 

De cette équation génocidaire, le pouvoir tire un profit de 75% des ventes du tabac, du ciment et du gravier, les médecins trouvent le plaisir de s’offrir une clientèle fidèle et permanente et font des revenus de millions de Dinars pendant que les enfants du peuple meurent en silence et dans l'indifférence totale. Et que la mort de Bouteflika sera couvert du sceau de la loi du silence pour raison d’état au même titre que celle de Boumedienne. La loi du silence offre au pouvoir de la maffia le temps d'élire un autre parrain pour conduire la transition des affaires sans la prise de conscience du peuple. Un acte de haute trahison.

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Guel Dring

La mort est aussi une forme de silence... à jamais. Pourtant devant un décès... celui-ci nous impose un silence religieux parce que de nature, de tradition, de "morale", l'on doit afficher notre conviction que nous sommes humains. Tout le monde est à genoux ! Tout le monde reconnait que c'est un passage obligé pour le néant ou pour le jugement dernier. Mais le silence aussi est classé or quand la parole est d'argent. Ce qui ne veut pas dire que le silence est une forme de lâcheté car cela relève des convictions de chacun de nous. Le silence peut exprimer un consentement, une peur mais aussi une façon d'agir par la réserve, pour préparer une initiative qui demande une concentration. Et l'on exige le silence pour attirer l'attention !. De ce fait, il a plusieurs catégories de silencieux dans notre pays. D'abord ceux qui exécutent un assassinat politique sont armés d'un silencieux ; il y a aussi ceux qui savent mais se taisent car compromis. Il y a ceux qui aimeraient bien un changement mais très sensibles refusent toutes formes de violences, allant jusqu'à se désister d'un avantage pour éviter le pire. Il y a finalement le silence, ce silence lourd imposé par les gouvernants qui pourrait être celui qui précède la tempête.

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khelaf hellal

L'omerta, ce code d'honneur des familles mafieuses, une loi du silence , tacite, non écrite, faite pour protéger les mafieux de leurs crimes et leurs malfaisances politico-financières. Elle instaure un climat propice et favorable à la corruption, les malversations, les dessous de table, les pots-de-vins, les commissions et les ristournes de marchés, les fraudes et escroqueries bancaires, la chipa douanière et les swifts illégaux de capitaux, le favoritisme salarial et les parachutes dorés. L'omerta est une sorte de solidarité et d'intelligence des membres d'un clan ou d'un système dans l'encanaillement, la prédation et la mise à sac pour perpétuer leurs intérêts et pour qu'il ne soit pas mis fin aux crimes économiques, à la rapine et aux spoliations des richesses du pays. Lisez " Les enfants gâtés de la République "du journal L'EXPRESSION d'hier le 27/5/2013 vous comprendrez qu'une famille mafieuse peut aussi s'appeler la Nomenklatura, les tire-au-flancs de la République, les planqués et suceurs de sang de la République qui baignent dans l'huile et qui s’accommodent bien de son omerta et de ce qu'elle leur procure. Vous comprendrez aussi comment le système a installé peu à peu sa kleptocratie , son apartheid salarial et sa nouvelle SAS qui vous renvoie au statut d'indigène ou de khemasse d'une époque que l'on croyait révolue.

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