Algérie : la société civile bâillonnée en vertu d’une nouvelle loi sur les associations

Un système policier pernicieux a été mis en place pour interdire toute liberté.
Un système policier pernicieux a été mis en place pour interdire toute liberté.

La condamnation d’un militant en Algérie, après que cet homme ait distribué des tracts sur le chômage dans le pays, est un signe inquiétant que la nouvelle loi réglementant le fonctionnement des associations est utilisée pour restreindre les activités des groupes de la société civile, a déclaré Amnesty International.

Lundi 6 mai, Abdelkader Kherba, membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) et du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), a été condamné à une peine de deux mois de prison avec sursis et à une amende de 20 000 dinars algériens (environ 190 euros) pour avoir distribué des tracts sur le chômage en Algérie en juin 2011.

Il avait précédemment été harcelé par les autorités en raison de son action en faveur des personnes sans emploi ou de soutien à des syndicalistes. "Le dernier procès en date intenté à Abdelkader Kherba fournit encore un exemple de la manière dont les autorités algériennes utilisent le droit et le système judiciaire à mauvais escient afin d’intimider ceux qui défendent les droits sociaux et économiques", a déploré Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

"Si cette condamnation n’est pas annulée, cela enverra le message que la nouvelle loi sur les associations sera utilisée afin de restreindre encore davantage les activités des militants et des groupes travaillant de manière pacifique sur des questions que les autorités pourraient considérer comme subversives." Abdelkader Kherba a déclaré à Amnesty International : "Cette condamnation vise à nous empêcher, moi-même et d’autres militants, de poursuivre notre action pourtant non violente. C’est un moyen d’intensifier les pressions exercées sur nous." La Cour d’appel de la ville de Médéa (à environ 80 km au sud-ouest d’Alger, la capitale) a reconnu Abdelkader Kherba coupable en vertu de l’article 46 de la loi 12-06 relative aux associations, qui est entrée en vigueur en janvier 2012.

Aux termes de l’article 46, les membres actifs d’associations non reconnues sont passibles de peines allant de trois à six mois de prison, ainsi que de lourdes amendes. L’Algérie a vu le nombre de manifestations relatives à la pauvreté, au chômage et à la corruption augmenter ces deux dernières années, et des militants et des syndicalistes ont fait l’objet d’un harcèlement judiciaire et de poursuites pour avoir simplement exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion.

En avril 2012, Abdelkader Kherba a été condamné à une amende et à un an de prison avec sursis, après qu’un tribunal l’ait déclaré coupable d’« incitation directe à un attroupement » pour avoir rejoint et filmé un sit-in de protestation organisé par des greffiers. Il a de nouveau été arrêté, placé en détention et poursuivi en août 2012 pour avoir tenté de filmer une manifestation contre les coupures d’eau à Ksar el Boukhari, dans la wilaya (préfecture) de Médéa. Inculpé d’outrage et violences à fonctionnaire, il a été relaxé et remis en liberté le 11 septembre.

Bien que les autorités aient levé en 2011 l’état d’urgence qui était en vigueur depuis 31 ans dans le pays – avec en toile de fond les manifestations antigouvernementales à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord –, les groupes de la société civile et les défenseurs des droits humains continuent à subir menaces et manœuvres de harcèlement de la part des autorités, et le gouvernement a introduit de nouvelles lois restreignant les activités des médias et des organisations non gouvernementales.

La loi 12-06 relative aux associations renforce le contrôle sur les groupes de la société civile et autorise les autorités à refuser de les enregistrer ou de leur verser des subventions, et à suspendre leurs activités ou même à les dissoudre. De nombreux articles de cette nouvelle loi vont à l’encontre des obligations qui sont celles de l’Algérie aux termes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui consacre les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association.

En mai 2012, le Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion et d’association pacifiques a déclaré que les membres d’associations non reconnues doivent être autorisés à mener des activités, et notamment à exercer leur droit d’organiser des rassemblements pacifiques et d’y participer, et qu’ils ne doivent pas faire l’objet de sanctions pénales pour ce motif.

En mars 2013, les autorités algériennes ont empêché une délégation de syndicalistes et de militants de la société civile, notamment des membres de la LADDH et du CNDDC, de franchir la frontière tunisienne pour se rendre au Forum social mondial, portant ainsi atteinte à leur droit à la liberté de mouvement, également garanti par le PIDCP.

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Commentaires (3) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

Il est temps que camp républicain et démocrate dépasse ses querelles intestines afin de sauver le bateau Algérie qui est en train de prendre l'eau de partout, il faut apprendre à se parler, à s'organiser, sur le plan social le camp démocratique peine à se parler, s’organiser est un luxe irréalisable pour eux. Sachez, messieurs les démocrates que le temps presse et que vous serez comptables et responsables devant l’histoire, qu'attendez vous afin de vous entendre sur un minimum, sur un smig démocratique, le pays est menacé de toute part et sur tous les plans, pourquoi vous campez sur vos positions respectives pour une question de leader ship et peut être d'orgueuil mal placé, on ne peut rien attendre d'un pouvoir qui a montré ses limites et qui ne se préoccupe que de sa survie, qui a détruit le pays sur tous les plans!Le mal est très profond, le pays est guetté par tous les charognards de l’intérieur, des frontières, et des puissances occidentales, en plus du massacre de l'école qu'on a confié aux charlatans, sans oublier l'absence de perspectives de développement, on est en train de bouffer du pétrole, lequel ne tardera pas, on en aura au plu-tard pour 2020!

Aux leaders des partis qui se disent démocrates, aux responsables du FFS, RCD, AHD 54;qu'attendez vous pour arriver à un consensus, pourquoi cette guéguerre entre vous!réveillez vous, le monde entier vous attend, pour un sursaut d’orgueil!Je me demande de quelle façon vous faites de la politique!Je crois que la politique consiste en premier à asseoir son pays sur des bases solides et à le prémunir de toutes les dérives et à en faire un exemple; malheureusement, depuis 1989;je constate que les partis dits d'opposition se font la guerre entre eux et non contre le système qui a ruiné le pays!Est ce une malédiction ou un aveuglement ou est ce que vous faites uniquement de la politique pour rentrer dans la mangeoire du système qui vous a pondu, sachant pertinemment que vous ne lui nuirez jamais!il appartient à vous de le prouver avant que cela ne soit trop tard!

Chiche!mille fois!le peuple attend une initiative de votre part, car il n'attend rien de bien de cette junte, il vous attend vous en tant qu'opposition, de prendre des mesures telles que ne pas reconnaître ce pouvoir, retirer vous de toutes leurs institutions fantoches, mairies, assemblées et toutes leurs merdes que vous cautionnez!Vous cautionnez la destruction du pays!

J’espère que vous serez à la hauteur des hommes de 1954;pour continuer le combat qui n'est pas encore achevé, car on est toujours sous occupation des partisans de la France et de l'arabisme!

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hocine amari

NOUS DEVIENDRONS TOUS DES HOR LA LOI SI BOUTEF NE PASSE PAS EN JUSTISE POUR HAUTE TRAHISON AINSSI QUE VOTRE SYSTEME DE M........................

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