Autoroute Est-Ouest : la grosse arnaque de la décennie

Retards et scandales auront émaillé cette autoroute est-ouest.
Retards et scandales auront émaillé cette autoroute est-ouest.

Malversations, surévaluation des interventions, travaux mal finis, retards à la pelle, sous-traitants incompétents, le feuilleton de l'autoroute Est-Ouest n'est pas fini.

L’argent réclamé par le consortium japonais chargé de la réalisation de la partie Est de l’autoroute Est-Ouest pour l’achèvement du tronçon Constantine-Skikda a été "versé, il y a près de deux mois, par le gouvernement algérien", a indiqué, mercredi, le directeur général de l’Agence nationale des autoroutes (ANA), M. Mohamed Ziani, joint par l’APS.

Décidément tout le monde se sera sucré sur cette autoroute dont les automobilistes algériens attendent la fin des travaux depuis dix ans. Outre les scandales financiers lors de la passation du marché, les détournements de toutes sortes, dans lesquels l’ancien ministre Amar Ghoul ainsi qu’une flopée d’importantes huiles de l’Etat, voilà qu’on nous annonce que Cojaal a reçu son argent sans avoir fini les travaux. Faut-il rappeler les surcoûts estimés à 7 milliards de dollars ? Des analystes observent que l’autoroute algérienne est la plus cher au monde avec malheureusement de nombreuses contrefaçons et des retards à la pelle.

Cojaal boude les travaux

Le coût total des travaux de base ou complémentaires devant être réalisés dans le cadre de ce chantier a été "versé le 12 mars 2013 au Fonds national de l’investissement (FNI) conformément aux directives du Premier ministre, Abdelmalek Sellal", a affirmé M. Ziani, précisant que ce sont les Japonais qui n’ont pas encaissé ces fonds pour "des raisons qui n’ont rien à voir avec la partie algérienne".

Le responsable a ajouté, dans ce contexte, que la partie japonaise n’a pas présenté, jusqu’ici, la prorogation du délai de caution, document indispensable et réglementaire à présenter dans la conclusion de ce genre de transactions. "Toutes les facilités multiformes accordées par le gouvernement algérien au consortium japonais Cojaal depuis la remise de l’ordre de service (ODS) en septembre 2006", confie le directeur général de l’ANA. Pour autant, les Japonais ne semblent pas pressés de finir les travaux.

Le gouvernement algérien a pourtant mis les bouchées doubles pour honorer les engagements du Premier ministre lors de sa visite de travail dans la wilaya de Constantine en février 2013 pour régler les problèmes des factures impayées et permettre ainsi au consortium japonais de livrer le chantier dans les délais impartis, a souligné le responsable, précisant que si erreur il y a, elle incombe à la seule partie japonaise.

Soulignant qu’une "régression dans le rythme des travaux a été observée sur le tronçon Constantine-Skikda", M. Ziani a affirmé que la partie algérienne veillera à ce que les "pendules soient remises à l’heure". Mais le problème serait ailleurs puisque certaines sources confient que le groupe japonais n’avait pas les reins solides pour un projet comme celui du tronçon qu’il est chargé de réaliser.

Long de 65 km, le segment de l’autoroute Est-Ouest traversant la wilaya de Constantine est constituée de trois tunnels, de cinq échangeurs et de neuf viaducs, a-t-il noté, rappelant qu’un linéaire de 35 km entre les localités d’Ain Smara et d’El Meridj, près d’El Khroub, a déjà été ouvert à la circulation.

Autoroute sans stations-service

Quand le projet a été lancé, ses initiateurs pour des raisons mystérieuses n’avaient pas inclus la construction de stations-service, segment pourtant indispensable pour ce genre de réalisation. A la fin de certains tronçons de plusieurs centaines de km, les automobilistes étaient obligés de faire des détours pour faire le plein de carburant ou se reposer. 

On sait depuis les révélations d’El Watan que l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil était prêt à céder la gestion des stations-service de l'autoroute est-ouest à ses amis qataris. Il était ainsi disposé à "torpiller Naftal", au bénéfice du groupe qatari Qatar Fuel Woqod, détenu par Abdullah Ben Hamad Al Attiyah, ministre de l'Energie et de l'Industrie qatari. Un marché de plusieurs milliards qui aurait permis au groupe qatari de mettre la main sur un des vecteurs de transport stratégiques du pays : la gestion des stations-services. 

Bref, cette autoroute qualifiée par Bouteflika de projet du siècle vire au scandale du siècle. Car il n’a pas fini de révéler tous les scandales l’ayant émaillé. Ce n’est qu’en février dernier que l’entreprise Naftal a inauguré sa dixième station-service sur cette bande routière de plus de 1000 km. En clair les automobilistes algériens sont pour le moment obligés d’avoir des réservoirs pour rouler 1000 km. C’est dire que l’impéritie et l’incompétence des initiateurs de ce projet.

L'appel d'offres international limité pour le projet de l'autoroute Est-Ouest a été lancé le 23 juillet 2005. Plusieurs réponses furent enregistrées mais c'est finalement deux consortiums qui ont été sélectionnés : le Chinois CITIC-CRCC et le Japonais Cojaal. Les contrats de réalisation signés le 18 septembre 2006 pour un délai de 40 mois. Depuis les retards s’accumulent.

Yacine K./APS

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Commentaires (11) | Réagir ?

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Atala Atlale

Il m'arrive de penser que tout ce que font ces pseudo responsables c'est réaliser des choses typiquement tiers-monde, propre à contenter le citoyen lambda, mais pour eux, ils ont leur "ailleurs" je veux dire, les belles routes d'Europe, leurs loisirs, leurs résidences secondaires, leurs banques, leurs universités, leurs hôtels, leurs boites etc, etc. L'Algérie leur sert de bureau à partir duquel on fait du fric. C'est mon point de vue, qui peut me convaincre du contraire ?

Je crois d'autre part que la religion sert à parer aux années de misère qui attendent le pays, faute de n'avoir pas utilisé l'argent du pétrole judicieusement !!! Un homme pieux pourrait se contenter du minimum, n'est ce pas Messieurs les responsables ?

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

La société Naftal a été incapable d’ouvrir les nouvelles stations services sur l’Autoroute Est-Ouest sans dégarnir le personnel pompiste de ses stations d’ORAN. En effet, dans plusieurs stations de cette société, vous ne trouvez qu’un pompiste pour les trois pompes nouvellement installées et flambant neuf. De longue chaîne de voitures attendent d’être servies dans les stations services d’égarnies de leur personnel pompiste ; et des postes (des pompes) sont fermées. Le chômage ! c’est l’Etat qui le crée ! Où sont les gestionnaires de cette société ?

Quant-à la réalisation de l’Autoroute Est-Ouest ; c’est une bonne chose ! Cependant, dans le tronçon Chinois, il existe un grave point noir dans sa réalisation ce qui a engendré plusieurs accidents mortels.

C’est une vraie catastrophe dans la jonction entre la route proprement parlé et sa liaison avec un grand pont. Pour avertir les automobilistes, la chaussée est cloutée mais le risque potentiel persiste.

Je pense que lors de sa construction, les données du tracé satélitaire en ce point de jonction étaient fausses et les Chinois, comme les contrôleurs algériens n’ont rien vu venir : c’est grave !

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