Dans la sphère des présidents, heureux qui comme Nelson Mandela…

Nelson Mandela, le symbole de la résistance contre l'appartheid et d'une transition démocratique pacifique
Nelson Mandela, le symbole de la résistance contre l'appartheid et d'une transition démocratique pacifique

J’allais intituler l’article "l’autre face du pouvoir", quand mon esprit a été traversé par l’image de Nelson Mandela et la symbolique qui se dégage à la simple évocation de son nom. Ne restera-t-il pas, pour l’éternité, celui qui débarrassa l’Afrique du Sud de l’infâme politique de l’apartheid ?

N’a-t-il pas goûté aux affres de la prison, longtemps, très longtemps même, sans jamais renoncer à son idéal ou penser à mettre un terme à son combat ? Il a ensuite, dès sa libération, connu la gloire avec ce prix Nobel de la paix qui lui a été si justement décerné pour le couronnement de son engagement à libérer l’Afrique du Sud de ses démons ségrégationnistes.

La population, reconnaissante, l’a porté non seulement aux nues, mais l’a aussi plébiscité et intronisé président de la république, mandat qu’il assuma au grand bonheur de tous les Sud Africains, noirs, métis ou blancs. Le président Nelson Mandela, héros universel s’il en fut, conforme à son idéal altruiste, estima qu’il était temps pour lui de se retirer et de passer le témoin à Thabo M’béké, après un mandat bien rempli (1994-1999). Il se consacre depuis à sa fondation et à sa nombreuse famille.

Beaucoup de grands de ce monde sont fascinés par son parcours et son œuvre. Ils rêvent, comme lui, de gloire et d’honneurs. Très peu, malheureusement, y sont éligibles. Le pouvoir d’ici-bas fascine, autant les aspirants que ceux qui y ont goûté et qui n’ont de cesse de vouloir s’y maintenir, revenir ou mourir sur le "trône". Ce qui est rapporté ci-dessous, n’est qu’un résumé très succinct des présidents, de quelques uns parmi eux, qui ont connu des fortunes diverses lorsqu’ils étaient à la barre de leur pays respectif. Il y a tout d’abord ceux qui, malades, n’ont pas pu terminer leur mandat : 

- George Pompidou, président de la République Française est décédé en avril 1974 pendant son premier mandat, de ce qu’on appelle pudiquement, une longue maladie.

- Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte-D’ivoire est décédé le 7 décembre 1993. Il était à la tête du pays depuis de nombreuses années déjà.

- Le roi Hassan II du Maroc, décédé le 23 juillet 1999, en plein règne.

- Le général Gnassingbé Eyadema du Togo, mort le 5 février 2005, alors qu’il était au pouvoir.

- Lansana Conté de la Guinée. Conakry ne terminera pas son mandat et décède le 22 décembre 2008.

- Levy Mwanawassa qui présidait aux destinées de la Zambie, décède le 19 août 2008, à 59 ans. Il était au pouvoir depuis 2002.

- Omar Bongo Ondimba du Gabon meurt le 8 juin 2009 alors qu’il présidait encore aux destinées de son pays.

- Umaru Musa Yar Adua du Nigeria, meurt le 5 mai 2010 en plein mandat de président de la République. Il avait 59 ans lui aussi.

- Malam Bacai Samhà de Guinée-Bissau décède d’une maladie en 2009 en plein mandat.

- Yasser Arafat et Houari Boumediene eux aussi morts prématurément, en pleine force de l’âge.

- Hugo Chavez, président vénézuélien, fraîchement élu pour un nouveau mandat, mort sans avoir prêté serment.

De ce qui précède et en guise de commentaire, il conviendrait de préciser que la mort faisant partie de la vie, n’est pas, bien évidemment, exclusive aux présidents, dès lors que tout être sur cette terre y succombera un jour ou l’autre. En revanche, on rechigne à parler de la santé ou de la maladie de ceux qui président aux destinées des nations. A fortiori quand cette maladie est grave (voir exemple de François Mitterrand) handicapante ou qui peut aboutir, en cas de décès à un imbroglio constitutionnel ou une crise de succession.

A ce jour, la maladie est rarement prise en compte comme un facteur déterminant pour confier des responsabilités à tout homme politique, a fortiori candidat à l’élection présidentielle. Aujourd’hui, c’est le débat de l’heure, beaucoup plus de personnes souhaitent que les mandats des chefs d’Etat soient désormais limités à deux et que les candidats à la magistrature suprême prouvent, certificat a l’appui, qu’ils sont en parfaite santé. Il y a ensuite ceux, dont le mandat a été entaché de scandale et terni par des poursuites et des condamnations judiciaires: 

- Félix Faure, président de la République Française est mort, victime d’une crise d’apoplexie dans les bras de sa maitresse qu’il recevait dans un salon à l’Elysée.

- Philipe Pétain avait été jugé en tant qu’ex chef d’état français et condamné à mort pour haute trahison, une peine commuée à un emprisonnement à perpétuité.

- Carlos Menem, au pouvoir en Argentine de 199-1999, a été condamné pour trafic d’armes à destination de l’Equateur et de la Croatie ; sénateur, il reste cependant protégé jusqu'à la fin de son mandat en 2017.

- Moshé Katsav, président Israélien a été condamné pour viol, harcèlement sexuel, obstruction à la justice et menace contre témoins.

- Ezer Weizman, son successeur, a été contraint lui aussi de démissionner en 2000, trois ans avant l’expiration de son second mandat, à la suite d’un scandale de corruption.

- Richard Nixon, président des U.S.A, sera victime d’une procédure "d’impeachment" qui le forcera à démissionner en août 1974, suite à l’affaire du "Watergate".

- Charles Taylor, président de la Servie Leone a été condamné à 50 ans de prison, le TPI l’estimant responsable de la guerre civile qui a fait près de 150 000 morts.

- Bill Clinton, président des U.S.A dont le mandat a été terni par le scandale du Monicagate relatif à l’affaire Lewinsky (1999).

- Hosni Moubarak, 84 ans, emporté par le printemps arabe, a été condamné par la justice de son pays à perpétuité pour le meurtre de manifestants. Il n’en a pas fini pour autant avec elle.

- Zine El Abidine Ben Ali, président déchu, "dégagé" par la rue tunisienne ; il a fuit son pays en emportant les bijoux de la République ; il vit, depuis, dans un harem en Arabie Saoudite.

 - Christian Wulff, président Allemand, démissionné de son poste le 17 décembre 2012 car soupçonné de "prévarication".

Tous ces dictateurs et autres présidents déchus, démissionnés, ou condamnés ont décrédibilisé la fonction de président de la République et ont contribué à creuser davantage le fossé avec les peuples qui n’ont plus maintenant qu’un seul mot à la bouche : "Tous pourris". Il y a enfin ceux qui n’ont pas su mettre un terme à leur carrière de dictateurs et qui ont laissé leur vie ! 

- Mussolini, l’Italien, mort suspendu comme une bête à l’équarrissage.

- Najibullah, le président afghan, a été pendu et son cadavre souillé.

- Ali Bhutto, quatrième président de la République Islamique du Pakistan, victime d’un coup d’Etat, condamné à mort "pour conspiration de meurtre" ; il est pendu le 4 avril 1979. 

 - Saddam Hussein, l’irakien arrêté dans une cave, jugé un an plus tard par un tribunal spécial Irakien qui le déclare coupable de génocide, crime contre l’humanité et crime de guerre. Il est exécuté par pendaison, le 30 décembre 2006, lors de la célébration de l’aïd-el-kébir, jour sacré pour les musulmans.

- Kadhafi, président de la Lybie, ensanglanté, bouffi, dénudé, brutalisé par des mains vengeresses, achevé et enterré, anonymement à jamais, dans un coin perdu dans le désert libyen.

La chute des dictateurs est souvent pénible et la mémoire populaire ne retient d’eux, en définitive, que les images de leur agonie ou de leur exécution. Exit tout ce qui a été accompli comme avancée ou progrès par certains d’entre ces dictateurs, qui étaient peut-être, à l’entame de leur mandat, animés d’une volonté de servir le peuple et le pays (voir l’exemple de Ceausescu, président de la Roumanie fusillé en compagnie de sa femme, après avoir été condamné, sommairement, par un tribunal révolutionnaire).

On peut conclure aussi, que la violence qui est appliquée à tous ces dictateurs, n’est que le choc en retour, de leur incroyable brutalité quand ils dominaient leur pays et asservissaient leur peuple. En définitive, heureux qui comme Nelson Mandela a su se retirer de la vie politique, à temps, en pleine gloire, adulé de son peuple et au sommet de son art. Quand on pense à cet homme, aujourd’hui, ce sont évidemment, sa force morale et physique, son génie politique, sa vision du futur, son œuvre, ses qualités humaines, son franc parler, sa rectitude et son courage qui nous viennent à l’esprit. C’est aussi son désintéressement et son détachement du pouvoir qui nous interpellent et nous laissent admiratifs.

Cherif Ali

[email protected]

PS : au sortir du système de l’apartheid, l’Afrique du Sud s’est dotée d’une constitution démocratique, juste et durable. Une commission forte de quelques 50 membres, experts et segments représentatifs de la société, a été installée en plein centre de Johannesburg, dans une salle en verre érigée pour la circonstance. Les membres de cette commission ont siégé pendant 6 ans pour aboutir, enfin, à un projet de constitution consensuelle.

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Commentaires (13) | Réagir ?

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kamel addoun

et dire que notre nain, toute honte bue, veut le prix nobel ! mais, tel le crapeau qui se voyait plus grand qu'il ne l'etait, il finira par éclater......

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uchan lakhla

Ce que je trouve regrettable est le fait de mettre cote à cote le grand Mandela avec des pourritures, comme quoi tout est possible dans cette vie, comme disait l'autre, il est fou celui qui n'est pas fou dans ce monde.

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