Djamel Zenati : Revenir à l’esprit d’avril 1980

Djamel Zenati
Djamel Zenati

Dans une déclaration Djamel Zenati est revenu sur la dynamique du printemps berbère de 1980

"Le printemps berbère a été un moment historique dans la mesure où il y a un avant et un après 20 avril. En effet, l’irruption des citoyens dans le champ public allait ébranler le système autoritaire et ouvrir de nouveaux horizons pour le combat démocratique en Algérie. S’inscrivant d’emblée dans une perspective nationale et moderne, le pouvoir échoua dans toutes ses tentatives de présenter le mouvement comme une velléité sécessionniste.

Portée par la revendication identitaire, linguistique et culturelle, une dynamique sans précédent s’est développée sous l’impulsion de l’université de Tizi-Ouzou. En quelques semaines elle s’étendra à plusieurs régions du pays. Elle libérera les individus, les espaces et les initiatives.

Trois phénomènes retiennent l’attention. Le premier a trait à cette soudaine auto-organisation de la société à travers des comités autonomes en rupture avec les structures d’encadrement autoritaire du pouvoir, à savoir le FLN et ses organisations de masses.

Le second est la réappropriation de l’espace public. La rue, les édifices et autres infrastructures sont quasiment arrachées des griffes de la dictature pour servir désormais la cause citoyenne. Le troisième phénomène est l’apparition d’une technologie de lutte. Les citoyens faisaient preuve au quotidien d’une grande ingéniosité en matière de formes et de moyens d’expression. C’est dans une même dynamique qu’on militait et qu’on inventait le militantisme.

Une situation véritablement révolutionnaire. Rupture avec l’ordre ancien côtoyait la convergence dans l’ordre nouveau comme ce fut le cas en 1954. Le printemps berbère vient prolonger l’épopée libératrice des fondateurs de l’Algérie indépendante.

Nous sommes là au cœur de l’esprit d’avril 80. Revenir aujourd’hui à cet esprit est un impératif face à l’impasse intégrale dans laquelle se trouve actuellement notre pays. Il doit désormais imprégner nos réflexions et nos démarches si on veut éviter de nouveaux drames."

Djamel Zenati

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Commentaires (16) | Réagir ?

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Mohand Belkacemi

Pour refaire son mandat de député sans avoir le courage de soulever une seule fois, dans l'hémicycle, la problèmatique qe l'Amazighité ! Combatpourtant qu'il s'est servi comme cheval de bataille ! ?

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urfane

Tout est dit à chikh Djamel, par tes compatriotes kabyles. J'ajouterai quand même ce poème de Brel qui résume bien la situation de nos leaders Kabyles (sans exception) :

Le coeur bien au chaud,

Les yeux dans la bière

Chez la grosse A-drienne de Mon-ta-lant

A-vec l'a-mi Jo-jo

Et a-vec l'a-mi Pierre

On al-lait boire nos vingt ans

Jo-jo se pre-nait pour Vol-tai-re

Et Pier-re pour Ca-sa-no-va

Et moi, qui é-tais le plus fier

Moi je me pre-nais pour moi

Et quand vers mi-nuit, pas-saient les no-taires

Qui sor-taient de l'Hô-tel "Des Trois Fai-sans"

On leur mon-trait notr'cul et non bonn's ma-nières

En leur chan-tant :

Les bour-geois c'est comm' les co-chons

Plus ça de-vient vieux, plus ça de-vient bête,

Les bour-geois c'est comme les co-chons

Plus ça de-vient vieux plus ça de-vient...

Le coeur bien-au chaud,

Les yeux dans la bière

Chez la grosse A-drienne de Mon-ta-lant

A-vec l'a-mi Jo-jo

Et a-vec l'a-mi Pierre

On al-lait brû-ler nos vingt ans

Vol-tair' dan-sait comme un vi-cai-re

Et Ca-sa-no-va n'o-sait pas

Et moi, qui é-tais le plus fier

Moi, je me pre-nais pour moi

Et quand vers mi-nuit pas-saient les no-taires

Qui sor-taient de l'Hôtel "Des Trois Fai-sans"

On leur mon-trait notr'cul et nos bonn's ma-nières

En leur chantant :

Les bour-geois c'est comm' les co-chons

Plus ça de-vient vieux, plus ça de-vient bête,

Les bour-geois c'est comme les co-chons

Plus ça de-vient vieux plus ça de-vient...

Le coeur au re-pos,

Les yeux bien sur terre

Au bar de l'Hô-tel "Des Trois Fai-sans"

A-vec Maî-tre Jo-jo,

Et a-vec Maî-tre Pierre

En-tre no-taires on pass' le temps Jo-jo par-le de Vol-tai-re

Et Pier-re de Ca-sa-no-va

Et moi, qui suis res-té le plus fier

Moi, je parle en-core de moi

Et c'est en sor-tant,

Mon-sieur l'Com-mis-saire

Que tous les soirs de chez la Mon-ta-lant,

De jeu-nes "peigne-cul" nous mon-trent leur der-rière

En leur chan-tant :

Les bour-geois c'est comm' les co-chons

Plus ça de-vient vieux, plus ça de-vient bête,

Les bour-geois c'est comme les co-chons

Plus ça de-vient vieux plus ça de-vient...

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