4e mandat : pourquoi Bouteflika est inéligible

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

La catastrophe est-elle annoncée ?

Par Mohamed Abassa

Plusieurs raisons impérieuses et, in fine, impératives et injonctives, empêchent M. A Bouteflika ou devraient l’empêcher d’être ou de se faire porter candidat à l’élection présidentielle de 2014. Ces raisons majeures d’impeachment sont nombreuses, concomitantes, pertinentes et avérées que tout un chacun peut en vérifier, sur le champ et d’évidence, l’exactitude et le bien fondé. Leurs poids cumulés ou déferlant en enfilades récurrentes devraient le dissuader de toute velléité ou prétention pour un nouveau mandat présidentiel. Il serait bien sage et prudent de se retirer pour aller manger tranquillement ses gains avec les siens. Ce serait pour lui la meilleure issue, bien mieux que les sorts peu enviés de Ben Ali qui a fini son règne parqué avec sa femme, dans un harem saoudien et Moubarak, exhibé publiquement couché dans une cage à gorille. L’issue d’Assad ne saurait être différente bien que ceux qui le combattent ne soient pas moins sanguinaires que lui. Bouteflika prendrait-il le risque de finir ainsi s’il s’obstinait à conserver le pouvoir ad vitam aeternam ? Oui, sûrement s’il ne renonçait pas à sa folle résolution de vouloir un impossible et risqué 4ème mandat à n’importe quel prix. Vraiment ! A n’importe quel prix ?

D’évidence, M. Bouteflika gagnerait à se retirer assez vite et sans bruits. A moins que… Que son départ n’expose davantage à des déshabillages et à des effeuillaisons bien plus compromettants et plus douloureux que son immortalisation au pouvoir. En se faisant violence à quitter le pouvoir, il y gagnerait encore quelques années de préservation physique de ses viandes et le peu qui reste de son honneur d’homme atteint. Il est vrai cependant qu’après son départ, l’ouverture intempestive des placards faisandés de la république ne garantit pas toujours des retraites dorées et de tout repos ; loin s’en faudrait. C’est pourquoi, le petit clan Bouteflikien panique déjà et perd pied jusqu’à envisager de vendre par bribes, la corde constitutionnelle qui servira à les pendre, un à un. Ce temps salvateur et autonettoyant semble arriver. Premiers signes annonciateurs que donnent déjà l’agitation des gros rats et autres servants qui commencent à quitter le navire qui prend eau de toutes parts. C’est pourquoi aussi, le Président, aux abois et empêtré dans ses cascades de corruptions, est en train de couper et de lâcher une à une les branches pourries qui le portaient jusqu’ici. Le trio supposé increvable, Belkhadem, Ouyahia et Abou Yedjra est mort sans procès, virés comme des répudiées stériles. C’est la dernière illustration du délitement d’un pouvoir après l’éviction des cinq gros ministres régaliens du clan, virés comme de vieux rats repus et malpropres; Chakib Khelil en tête. Ce pouvoir se décompose et se meurt chaque jour un peu plus, amputé un peu plus des boutures et des fumures essentielles qui l’entretiennent. Un Président roulé dans la farine et rendant gorge, oui ça existe et c’est bien connu mais un président roulé et panné dans sa propre vomissure, ça l’est beaucoup moins. Tous les Bokassa connaissent invariablement le même sort ; dans l’ignominie et la honte. Explications : 

1re raison d’inéligibilité : un Président grabataire, coureur et célibataire ?

D’abord pour des raisons morales individuelles strictes et fort simples. Quels que soient les systèmes politiques de référence considérés (monarchie, république, dictature, théocratie, bananeraie, sultanat, émirat, etc.) qui inspirent l’exemplarité dans l’énoncé des critères d’éligibilité à la magistrature suprême, il y a toujours l’exigence formelle ou implicite du critère parfois codifié de la qualité de "Père de famille". A l’exception du Vatican qui en est d’évidence exonéré. Souvenons-nous des mariages organisés en urgence pour les rois du Maroc, de Jordanie et du Président dictateur héritier syrien pour les mettre en accord et en conformité avec l’exigence sociale d’être "Père de famille" avant de devenir "Père de la nation". Certes, il y a toujours eu des chefs d’Etat célibataires (Gaston Doumergue, Fidel Castro, François Hollande, James Buchanan, Edouard VIII et bien d’autres) mais, à l’exception des papes, ils avaient tous régularisé leur situation matrimoniale pour devenir de bons pères de familles. Ils avaient tous eu foyer, femmes et enfants. Certains avaient eu à choisir entre le pouvoir suprême et l’amour. Le tout puissant Bill Clinton a failli perdre son poste de Président de la première puissance mondiale pour une petite bricole sexuelle que nos hauts dirigeants commettent cent fois par jour. (Scandale Monicagate, affaire Lewinsky 1999) Edouard VIII, roi du Royaume Uni, jettera son trône au bénéfice de son frère Georges VI pour pouvoir vivre librement son amour pour sa bien aimée ; la belle et légère Wallis Simpson. Pour ses fantasmes sexuels, DSK a été disqualifié à vie et exclu de tout mandat électif public alors qu’il était largement favori pour la Présidence de la République française. Le DSK algérien est crédité, lui, d’esclandres bien plus nombreux et plus graves que ceux de l’ex-patron du FMI

Qu’en est-il alors des mélanges des genres, pouvoir, amour et sexualité, dans l’exercice de la fonction présidentielle en Algérie ?

A la décharge de M. Bouteflika, on ne peut pas lui reprocher d’avoir bousculé ou contrarié les penchants et mœurs déjà dépravés des hauts dirigeants présidentiels ; ses prédécesseurs. Il les a tout juste rapprochés un peu plus des rites des Caligula, Borgia et des Médicis plutôt que des rigueurs et abstinences victoriennes. Il a juste égalé et parfois surpassé les excès de l’un de ses prédécesseurs qui a, lui, carrément recruté un haut conseiller, chasseur émérite et rabatteur des Monica Lewinsky algériennes. Ce fameux conseiller présidentiel, gestionnaire infatigable des braguettes présidentielles et, accessoirement des généraux, a failli finir ministre de la république par ses talents inégalés de chekkam présidentiel attitré. Grâce aux magies de la braguette, il giflait ministres, walis et syndicalistes. A présent, dans un pays par lui et ses semblables ravagé, il joue au Rupert Murdoch des médias algériens jouant de la politique avec ses journaux, sa télé et ses montagnes de milliards volés.

Le cas de notre très distingué Président est, par ailleurs, assez particulier. A ses excentricités bien connues, il faudra tout de même rappeler que ses extravagances de vieux célibataire attardé dépassent de bien loin celles de Napoléon III dit le petit. Lui au moins, Napoléon le petit, grand coureur et client assidu des bordels parisiens, en marge de ses toquades, a eu, même sans gloire, foyer, femme et enfant. Il y a eu aussi un Victor Hugo et un Zola pour dénoncer ses lubies de Badinguet, par eux décrit comme un vulgaire fripon devenu Président et Empereur. Ils ont dénoncé les foucades et les excès de "Napoléon le petit". 

Pour ce motif, l’un et l’autre ont connu l’exil à Bruxelles et à Londres. Mohamed Benchicou la prison ferme à Serkadji seulement pour avoir osé parler du Césarion algérien ; petit fêtard, éternel inassouvi et plutôt dictarion s’il en était ; Notre Nabot-Léon, toujours encagé et perdu dans les crinolines faisandées des Pompadours algéroises. Victor Hugo et Zola ont fini dans la gloire et l’honneur. Benchicou aussi. Badinguet et Badinguette ont fini, eux, dans l’exil, le caniveau et la honte des mauvaises morts. Comment finira le petit Badinguet stagiaire algérien ? Seuls Dieu et Tewfik le savent sans rien vouloir nous en dire.

2e raison : une moralité et une conduite exemplaires ? Pas sûr

Passons vite sur les inconduites et les frasques réelles ou exagérées que les gorges profondes des salons d’Alger attribuent, à tort ou à raison, à notre turbulent Président. Eva Jolie comme Catherine Deneuve, en leur temps, en avaient fait un peu les frais. Passons aussi sur les écarts et inconduites de coureur attardé que les folles rumeurs d’Alger attribuent et collent à tort ou à raison à notre remarqué et agité Président. Silence total aussi sur ces mains que les ragots mondains algérois décrivent baladeuses à l’excès ou ces numéros de téléphones présidentiels que s’exhibent et s’échangent à ciel ouvert les matrones professionnelles de Bordj et d’Alger… Passons donc sur toutes ces frivolités qui, ailleurs, dans des pays normaux, sont autant de motifs d’interpellations et de disqualification. Cependant, soyons ouverts et magnanimes au point d’accepter les dévergondages et libertinages d’un président léger à la Eltsine et quelque part insouciant et terriblement frustré. Retenons seulement de lui les inconduites et fautes graves avérées et dont l’exactitude ne saurait faire l’ombre d’un doute. Toutes les rumeurs publiques et la vindicte populaire, y compris les médisances des gourbis du royaume et les institutions judiciaires algériennes qualifiées, n’ont guère été tendres avec le sieur Bouteflika pris en flagrant délit de faute grave; la main dans le sac. Comme toujours, il se défaussera sur d’autres; ses collaborateurs qui l’avaient toujours protégé et innocents de surcroît. Il n’en avait cure. Seul l’argent et la veulerie comptaient pour sauver sa peau, son patrimoine et sa réputation. 

M. A. Bouteflika a été formellement condamné par la cour des comptes pour détournement de fonds publics durant l’exercice de ses fonctions de ministre de la République algérienne et il ne s’en cache même pas. Ce serait grotesque et grossier qu’il se mette à nier ces graves manquements qui ont duré 12 ans.

"Le 22 décembre 1981, Bouteflika est poursuivi pour «gestion occulte de devises appartenant au trésor public algérien au niveau du ministère des Affaires étrangères" (entre 1965 et 1978) par la Cour des comptes. Dans son arrêt définitif du 8 août 1983, la Cour des comptes donnait son verdict : "M. Abdelaziz Bouteflika a pratiqué à des fins frauduleuses une opération non conforme aux dispositions légales et réglementaires, commettant de ce fait des infractions répétées prévues et punies par l’ordonnance n° 66-10 du 21 juin 1966 et les articles 424 et 425 du Code pénal." La Cour des comptes évaluait à "plus de 100 milliards de centimes (600 milliards actuels)" le montant dont Bouteflika restait redevable auprès du Trésor. (Source : la cour des comptes algérienne)

M. Bouteflika n’a remboursé à ce jour qu’une infime partie de ces sommes détournées en remettant un petit chèque (sept millions de dollars) tiré de son compte personnel sur une banque suisse : l’UBS. Deux de ses collaborateurs (MM. Boudjakdji et Senouci) payeront ce détournement de leur honneur et en prison à sa place alors qu’il était moralement et pénalement le seul responsable de ce détournement. Pour ce seul motif, il était déjà disqualifié moralement, juridiquement et politiquement pour postuler à tout mandat électif local, régional et à fortiori national. Alors que tous les pays normaux et/ou à démocratie avancée aspirent à rendre inéligible à vie tout délinquant postulant un mandat électif public, l’Algérie et ses maîtres, DRS en tête, ont choisi de faire élire, par la ruse et la force, un délinquant notoire comme Président de la République alors que sa place devait être la prison. Il sera élu président de la RADP tout seul et contre tout et contre tous, exemple unique et inique dans le monde.

3e raison : l’inaptitude et la ruse politiques pour arriver au pouvoir

Le premier mandat présidentiel a révélé la prévalence du clan et de la tribu sur les notions fondamentales de la transcendance de la territorialité nationale et sur la primauté de la compétence et du mérite individuels. Le tout nouveau Président, comme ou pire que ses prédécesseurs choisit de nouveaux critères pour recruter les nouveaux cadres et responsables qui dirigeront l’Etat algérien. Ce sera désormais comme et pire qu’avant : la wilaya, le quartier et la rue de naissance seront les seuls diplômes exigés de ces heureux élus. Onze ministres et hauts responsables régaliens seront choisis sur cette base élitiste pour diriger l’Etat algérien ; le douar et la rue de naissance étant les seuls critères électifs à ces hautes charges. Formule élective élargie aux autres postes juteux de la république dont profiteront exclusivement les rabatteurs de p…, les brosseurs des princes et dauphins, les très nombreux flatteurs du tout nouveau fakhamatou Sidi Erraïs, les flagorneurs de la 25ème heure, les courtisans recyclés et repentis, les encenseurs mangeurs et voleurs islamo-FLNo, RNDo opportunistes , les chekkamines, les chekkamates, les zaouiates, les comités de soutien locaux et nationaux, les mafias des programmes spéciaux, les khalidates, faridates, zahiates, amalates et diverses tcherlates rabougries et mille fois amorties, les gestionnaires des braguettes de généraux, les marchands de paille, les Missi-Dominici et divers rapporteurs connus de l’insignifiant Saïd dit le petit, les baltaguias et baltaguiates de presse, les, les et les… C’est ainsi et seulement ainsi que le tout nouveau président a inauguré son tout nouveau règne d’empereur à la Bokassa avec, en plus, des formules explosives de petit Césarion dont il ne peut contrôler les effets pervers. Comme par exemple ses sorties d’insultes répétées à l’endroit de ses deux prédécesseurs – Chadli et Zeroual – qui lui avaient, pourtant, épargné la prison et la honte. Comme quoi chez les Boutef, la magnanimité et la mansuétude qui les ont sauvés de la prison ne sont jamais payées de retour. Un trait bien connu des rancuniers, des haineux et déficients moraux. 

On lui passera aussi ses incartades et ses fanfaronnades qui lui feront dire, dans le désordre, ces formules ridicules et plates dont il est le seul à détenir le secret, du genre :

- Arfaâ Rassek Ya’Ba !

- N’ayez peur de ces quatre chats galeux qui tiennent l’Algérie (allusion directe aux casquettes et généraux de derrière les rideaux) qui l’ont fait roi.

- Ce peuple ne me mérite pas !

- Si on ne me suit pas, je rentre chez moi. C’est où chez vous ?

- Les cadres algériens sont tout juste moyens

- Les ministres algériens n’ont pas le niveau de chef de daïra

- Mon projet et mon rêve c’est d’arriver au niveau de la Tunisie de Ben Ali ! 

4ème raison d’inéligibilité: Abus de pouvoir et violations de la loi

Son premier coup de force fut d’avoir tenté de privatiser la téléphonie mobile sans changer la loi qui en donnait l’exclusivité et le monopole au ministère des Postes et télécommunications. D’où la célèbre boutade du ministre de l’époque Mohamed Salah Youyou (changez la loi ou changez-moi) qui refusa d’attribuer la licence de téléphonie mobile à l’ami Emirati du Président ; le tristement célèbre Chorafa. On connait la suite ; la loi fut changée à la hussarde, le ministre viré et la licence attribuée par des tours de passe-passe et des combines mafieuses aux Suarez (Sawaris) des Coptes crypto-sionistes égyptiens sponsorisés en sous mains par les fils Moubarek. Cette opération bourrée d’infractions à la loi et de grossières irrégularités commerciales (élimination des offres concurrentes, bradage du prix de la licence, paiement de la licence en dinars par les futurs abonnés, entrée inopinée et quasi clandestine dans le capital d’OTA d’un nouvel actionnaire majoritaire inconnu; la société Oratel domiciliée dans un paradis fiscal, Les Îles Vierges Britanniques) Personne ne connait à ce jour l’identité de ces mystérieux actionnaires d’Oratel initialement majoritaires dans le capital d’OTA. Qui sont-ils ? Des amis ? Des membres de sa famille ? Des prête-noms ? La question mérite d’être posée à M. Bouteflika tout comme la vente et revente scandaleuses des cimenteries aux mêmes Sawaris égyptiens. Et voilà à présent l’Etat algérien contraint de racheter dix fois plus cher une licence qu’il a lui-même bradée. Au bénéfice de qui ? 

L’autre scandale, le marché de l’Autoroute Est/Ouest attribué entre autres à la société chinoise CITIC, l’une des sociétés la plus corruptrice du monde. Ce marché sulfureux a été traité de bout en bout par un bandit et trafiquant international, Pierre Falcon, ami de quatre gros ministres algériens en poste et faisant partie du premier cercle du Président de la République: Chakib Khelil, Mohamed Bedjaoui, Amar Ghoul, Abdelatif Benachenhou. Ce bandit international français, Falcon, agent des Chinois a siégé au conseil interministériel algérien consacré à l’ouverture des plis des offres de l’autoroute Est/Ouest. Bien entendu, ce seront les offres chinoises drivées et soutenues par le trafiquant Falcon qui seront retenues. Comment un président peut-il ignorer une telle forfaiture ? Une telle trahison ? Pas étonnant que le coût moyen du kilomètre d’autoroute livré revienne deux fois plus cher que le kilomètre livré en Europe et deux fois et demie plus du km réalisé au Maghreb. A qui profitent donc ces surcoûts ? Le Président en poste peut-il ignorer les destinations finales de ces énormes détournements ? De deux choses l’une : Soit le Président ne maîtrise pas les premiers rudiments économiques d’un dossier pourri, et dans ce cas il est disqualifié pour diriger un Etat aussi ravagé et gangréné par la corruption et la prévarication. Soit, l’autre option : le Président sait lire un dossier pourri et, en connaissance de cause, a laissé faire et en devient, de fait, un complice consentant et intéressé. Là aussi, il devrait démissionner ou être démissionné. A moins que les démissionneurs, ceux qui chassent et recrutent des Présidents, les généraux, étaient de la partie ; c'est-à-dire ont aussi mangé dedans, comme parle et gronde la rue.

Mais il y a pire mes frères ! Selon l’avis autorisé et les observations précises d’un expert qualifié (ingénieur émérite, polytechnicien, centralien, X, Ecole des Mines, Ponts et Chaussées de Paris) ancien chef de grande entreprise, plusieurs fois ministre et Premier Ministre (qui n’est pas SAG) se dit interloqué et choqué par les malfaçons de cette autoroute. L’ouvrage présente sur des centaines de kilomètres des déformations connues sous l’appellation de "taule ondulée". Les Chinois dit-il, ont bâclé le travail et fait à la va-vite du n’importe quoi. Il faut refaire les trois quarts de cet ouvrage sans compter les équipements essentiels qui manquent : bretelles d’entrées et de sorties, relais d’entretiens et de restauration, aires de repos, points de dépannage et de sécurité, etc. Quand l’autoroute sera remise à niveau et livrée selon les normes et standards internationaux, elle reviendra trois fois plus chère que les prévisions budgétaires annoncées. Et là, commente notre expert qualifié, qui n’est pas SAG, on n’est plus dans le contexte de la concussion et de la corruption ordinaires (10 à 15% de rapine) mais dans des opérations de grand banditisme, du pillage organisé qui mettra l’Algérie à genoux. A cela, ajoutez les autres grands et gros scandales mettant en cause ministres, généraux et président (BNA, Khalifa, BEA, Sonatrach I, II et III, Saipem, Lavalin, Haliburton, B&RC, Métro d’Alger, la plus grande Mosquée d’Afrique, et, et, et …) 

Comment un Président en poste, destinataires de tous les dossiers importants de la République, peut-il ignorer tous ces gros scandales que le citoyen lambda connaît par le détail ? Le Président ne pouvait ignorer toutes ces hautes trahisons qui se déroulaient à ciel ouvert sous son règne et sous son regard. Il ne pouvait ignorer cela puisque lui-même avait défendu, soutenu, approuvé, fait adopter par le parlement algérien, et signé la loi scélérate sur les hydrocarbures de Chakib Khelil qui devait vendre l’Algérie et son pétrole aux américains. Peut-on faire tout cela en affirmant béatement "JE NE SAVAIS PAS !". Faux ; il savait tout. Merci Poutine, merci Chavez et Yamani, Merci Ahmadinejad d’avoir dissuadé le Président algérien de brader le pétrole et gaz algériens aux impérialistes Yankees. Merci aussi au général de corps d’armée, Mohamed Médiène, d’avoir stoppé, se dit-il, cette nouvelle haute trahison qui aurait transformé l’Algérie en sous-colonie américaine. Pourquoi tous ces excès et toute cette haine contre l’Algérie ? Mon ami, vrai expert des autoroutes ; de la mécanique des fluides humains, des labyrinthes de la politique et des magouilles algériennes, plusieurs fois ministre et chef de gouvernement, ingénieur émérite de l’Ecole des Mines de Paris, qui n’est pas SAG, explique avec aisance le phénomène. Il dit : "En revenant en Algérie pour se présenter à l’élection présidentielle de 1999, Bouteflika avait exactement dans son compteur biologique deux ans et demi de séjours permanents en Algérie sur les 62 ans de son âge ! Donc il ne connaissait presque rien de l’Algérie et des Algériens… D’où ces égarements qui l’ont conduit aux graves dérives que l’on sait de lui… "

Ministre des AE de Boumediene, il passait onze mois sur douze à l’étranger. Sa présidence de l’AG de l’ONU a duré 13 mois sur 2 normalement ; celle de Boumediene a duré 02 jours.

Devenu Président, lors de son premier mandat, il a parcouru en avion l’équivalent de la distance Terre/Lune, soit neuf fois le tour de la terre et dix fois les distances parcourues par tous ses prédécesseurs réunis. Il a même dormi dans un avion pour attendre son prochain voyage. Que peut-on alors attendre d’un président qui abuse de son statut pour dilapider des moyens de l’Etat pour s’adonner encore et toujours à ses penchants favoris ; les palaces, le jeu, les cabarets et les grivoiseries présidentielles que les mallettes pleines de devises ne racontent pas. Demandez à Ali Benflis combien de mallettes sortaient pleines à craquer de la présidence et ne lui revenaient jamais ; même pas vides.

Dernière et ultime extravagance du sieur Bouteflika contrefait et imposé président de la RADP, élu et fabriqué comme on sait. Comment a-t-il fait pour violer la constitution de 1996 en moins de 02 minutes, le temps qu’il faut pour faire lever les bras, et, pour réparer cette même constitution par lui violée, traîne depuis plus de trois ans pour tenter de la maquiller dans sa version la plus conservatrice et la plus avantageuse à ses intérêts.

Le Président ainsi gouvernant veut-il vraiment être jugé, couché comme Moubarak, dans une cage à singe ? Non, je ne le crois pas ; il tient encore à son image et à ses rares cheveux. Les casinos de Lausanne et les ranchs de Dubaï sont bien plus confortables. Les plus gros rats de la république bouteflikienne et bokassienne par défaut, l’ont déjà compris ; ils ont déjà quitté le navire lequel, déjà, pique du nez. C’est donc bien vrai ; les rats sont les premiers fuyards du navire en déperdition. Qui sauvera donc le soldat Bouteflika usurpateur et voleur ? Un quatrième mandat ? Surement pas. 

5e raison: détournements massifs des moyens et deniers publics

De mémoire de journalistes et d’hommes publics observateurs et comptables de l’usage qui est fait des moyens de la collectivité nationale, jamais avant Bouteflika, il n’a été observé autant de gabegies, de débauches et de détournements de moyens financiers, humains, matériels et institutionnels publics aux seuls services du candidat Bouteflika durant ses sollicitations des trois mandats présidentiels successifs. 

Pour son premier mandat, comme simple candidat, il mobilisera à son seul profit tous les moyens mobilisables de l’Etat et de la collectivité nationale : APC, APW, daïra, wilaya, ministères, fonctionnaires, écoliers, lycéens et travailleurs réquisitionnés, avions, parcs automobiles, journaux étatiques, radios, télévision, agence de presse. Tout était aux pieds de Bouteflika et sa famille. La nouveauté dans cette campagne de 1999 c’est l’apparition et le jeu au grand jour des soutiens privés de donateurs très "spontanés" d’hommes d’affaires, d’entreprises privées, de transporteurs urbains, de mafieux connus qui se sont massivement investis dans cette opération d’un nouveau genre. Le slogan qui circulait sous cape était : "Donne un peu maintenant et récolte beaucoup demain". Une espèce de retour sur investissement que les mafias algériennes, toutes régions confondues, ont vite comprise. On ignore à ce jour l’usage qui a été fait de ces montagnes de milliards "offerts" au Président pour sa première élection sachant par ailleurs que toutes les dépenses de campagne ont été supportées par le contribuable algérien et estimées à plus de six cents milliards de centimes. On sait aussi ce que ces retours sur investissement ont rapporté aux mafias locales et nationales en marchés de complaisance, en prêts bancaires faramineux, en monopoles, en cadeaux fiscaux et diverses facilitations pour honorer le fameux slogan de François Guizot mis au gout du jour bouteflikien "Algériens, enrichissez-vous avec moi, maintenant ou jamais !" En volant, pas en travaillant ! Voilà la signature du premier mandat du sieur Bouteflika dont les Algériens ont découvert la vraie nature lors des terribles inondations de novembre 2001 ; plus de mille morts. Il aura fallu l’arrivée de Jacques Chirac pour que le chef de l’Etat algérien daigne rendre visite aux sinistrés de Bab-El-Oued Echouhada. Il y fut hué et conspué à coups de pierres alors que Chirac fut applaudi et remercié. Les Algériens ne comprenaient pas le silence insupportable du Président sur la catastrophe nationale de Bab-El-Oued alors que la veille, il se commettait publiquement et se lamentait dans ses médias en condoléances attristées sur le décès de la cinquième belle mère d’un roitelet émirati, fidèle mangeur d’outardes algériennes. Il rechutera dans ces travers avec le décès du douzième demi-frère du président de la chambre de commerce de Dubaï alors qu’il n’adresse jamais la moindre compassion sur les victimes des tueurs islamistes. Il les appelle "Mes frères des montagnes" ! Quel culot !

Son deuxième mandat fut et reste le summum de ses gabegies et dilapidations sans limites des deniers publics. Sa campagne de réélection aura duré quatorze mois sans interruption. En plus des mêmes détournements qu’il a utilisés en 1999, il apportera une originalité scandaleuse ; les programmes spéciaux. Du vrai cirque social et économique. Quarante-deux wilayate visitées aux couleurs et bruits de bains de foules : Youyou, fantasias, confettis, ghaïtas, gallal, derbouka, troubadours loufoques, danseurs du ventre, méchouis et, le pire de tout, des budgets de programmes spéciaux annoncé dans le style des rechka des mauvais mariages algériens. Ou Hadhi ! 82 milliards, fi Khater les Kabyles de Tizi ! 

Ou Hadhi ! 90 milliards, fi Khater les Kabyles de Bejaïa !

Ou Hadhi ! 100 milliards fi Khater ouled Ksentina ! 

Ou Hadhi ! Une tonne de milliards fi Khater Ouled Tlemcen !

Ou Hadhi ! Ou Hadhi ! Ou Hadhi ! Par 42 fois, le Président-roi-Sultan donneur et jeteur de largesses et d’argent public venait déverser des millions et des montagnes de milliards et installer le bonheur et le développement durable pour l’indigène local. Tout faux ; le Président faisait sa campagne électorale en jetant les milliards du contribuable au seul bénéfice des mafias locales et nationales. Tout au plus sortiront de ces offrandes, quelques trottoirs repeints au profit des belles mères de walis, des nouveaux Hanoute, 50 000 au total, exigés par le Président dont la culture économique est restée figée par le syndrome islamo-bazariste du Hanoute. Regda oua T’mangi dans la pure attente des sous-dev. Parce que dans l’idéal présidentiel resté coincé dans sa référence d’échoppier et de Houanti, de Lebbane ; le hanoute offert restant le modèle absolu de réussite pour les jeunes en lieu et place du travail productif, de la formation, du savoir et de l’imagination. Résultats de la course : des wilayate encore plus pauvres, une jeunesse dévoyée et rendue fainéante par la paresse et le non-travail, une mafia locale plus riche, plus arrogante et exigeante au point d’arriver à imposer son diktat de gouvernance à l’échelle locale, régionale et nationale. C’est cela le deuxième mandat du seigneur Bouteflika qui a vu la transmission de fait du pouvoir économique, commercial et financier au bénéfice des mafias locales et, aussi, par le cowboy du pétrole algérien, l’accès des multinationales occidentales au pillage massif des richesses nationales. Le tout, comble du comble, couronné par la signature solennelle et honteuse par l’élu du 2ème mandat de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. En un mot ou en cent, le bilan du 2ème mandat de Bouteflika se résume à deux slogans bien courts :

- Algériens du haut, volez, pillez, prenez les biens publics, enrichissez-vous et partez !

- Algériens du bas, criez, marchez, hurlez, pleurez, immolez-vous, noyez-vous, brûlez vos mairies et vos écoles, coupez vos routes, mourrez de soif, de faim et d’ennui, moi, Président-coopérant je vous encourage par mes silences et mon mépris à faire pire et plus. Je me réjouis de voir brûler et mourir cette Algérie ingrate qui ne m’aime pas. Ne m’a jamais aimé.

Sur le 3ème mandat, il n’y a rien ou presque rien à en dire. C’est un peu le début du nettoyage des Ecuries d’Augias marqué par les gros scandales de la haute corruption et par les premières évictions des gros ripoux du pouvoir en place ; Chippakib en tête suivi par quelques lampistes, des affidés accessoires et divers sous-traitants de troisième main. Pendant toutes ces déferlantes de scandales à répétition, le Président a superbement joué au mort, au comateux, au grand malade et en bonne santé pour gouverner, à l’absent mondain, au supérieur au dessus de tout soupçon, à la petite vierge effarouchée ignorant tout des saletés qui sortent de chez lui, vivant sur une autre planète, affirmant par ses relais que la haute corruption ce n’est pas lui, c’est les autres, ces hauts responsable qu’il oublie de présenter comme étant ses amis et ses protégés. Ce 3e mandat aura été sale, fumeux et révélateur des indignités et des veuleries les plus basses dont peuvent être capables ceux qui se croient investis par Dieu et la Baraka filiale pour porter un mandat présidentiel usurpé et volé à la source.

Avec un tel bilan, je vous pose la seule question que le sondeur professionnel que je suis puisse vous poser : 

M. Bouteflika mérite-t-il un 4ème mandat ou la pendaison ? 

Personnellement et par conviction, je suis contre la peine de mort. Mais, pour ce cas précis, le doute me gagne. La potence pour tout un peuple dominé ou pour un seul individu criminel et maléfique responsable du malheur de tout un peuple ? J’avoue sincèrement que je n’ai pas de réponse à cette question bien que le poids du nombre de victimes inspire déjà mon choix. Mais un quatrième mandat, il n’en est pas question ; ce n’est guère envisageable. Ce serait un quatrième suicide pour tout un peuple. Peut-on se suicider quatre fois ? Assurément non. Sauf qu’il se dit et s’écrit sur nous Algériens, que nous sommes un peu suicidaires. Ce qui n’est pas vrai. C’est pourquoi il n’y aura pas de 4ème mandat. Sauf si le peuple algérien, dans son ensemble, veut encore mourir.

M. A.

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Commentaires (19) | Réagir ?

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Guel Dring

Si vous êtes satisfait de la raison - actuelle - pourquoi Bouteflika est inéligible, tournons cette page et classons le dossier.

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Sid Ali Brahimi

il y a toujours l’exigence formelle ou implicite du critère parfois codifié de la qualité de "Père de famille". A l’exception du Vatican qui en est d’évidence exonéré. A laquelle s'ajoute l'appétit vorace de sa famille et de son clan à dépecer l'économie nationale !

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