L’imprésario Saïd Sadi ou comment banaliser un viol électoral

L’imprésario Saïd Sadi ou comment banaliser un viol électoral

Qui a dit « élections truquées » ? Bouteflika sera réélu en 2009 par un scrutin démocratique, ouvert, transparent et …surveillé ! Le scénario de « crédibilisation » de la prochaine farce électorale a déjà commencé.

Vous avez aimé les marionnettes de 2004 ? Vous adorerez les marionnettistes de 2009 ! Quatre ans après avril 2004, cette manipulation des élites se poursuit avec le même succès, pour le même objectif, assurer le vernis démocratique au régime, et avec la même technique.

Dernier clip en date : la demande du RCD de Said Sadi aux capitales étrangères d’envoyer une commission internationale pour la surveillance des élections présidentielles de 2009 ! On annonce que trois pays occidentaux – la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne -, ont accepté la sollicitation de Sadi. La démocratie algérienne est sauvée ! Comme ils l’ont fait en Ukraine le mois dernier, de redoutables surveillants d’urnes venus de contrées occidentales vont accompagner la parodie électorale, faire leur rapport sur les « dépassements », regretter quelques « fraudes ici et là, et donner le quitus démocratique à une consultation pipée. Puis, dans la soirée, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne enverront un message de félicitation au nouveau président réélu !C’est à ce canular que nous invite le chef du RCD : il nous propose non pas d’empêcher un viol mais de l’encadrer afin de vérifier si la victime a été violée dans les règles !

Pourquoi, diable, Saïd Sadi récidive-t-il dans ce vaudeville, au milieu de cette communauté d'esprits cyniques et sans grande confession politique ? Car dans la fonction de marchand ambulant au service d’un régime en quête de reconnaissance, il a déjà donné : nous avons tous en mémoire ses serments fougueux lors des meetings aux présidentielles de 2004 : “Je jure par Dieu que Bouteflika ne passera pas.” Il lui fallait bien de l’ingénuité des marionnettes pour se risquer avec autant d'assurance au parjure et au discrédit.

Mais enfin, Monsieur Sadi, ces élections truquées qui se profilent ne sont pas à surveiller mais A DENONCER DANS LEUR PRINCIPE MEME ! C’est UN VIOL ! Et il faut le désigner en tant que tel auprès de vos interlocuteurs occidentaux ! Suggérer l’idée d’une surveillance du viol, c’est en accepter la fatalité. C’est s’en rendre complice !

Oui, vous adorerez les marionnettistes de 2009 ! C’est dans cette aptitude à convertir nos meilleurs amis en parfaits camelots de leurs tromperies, que les architectes de la propagande mensongère sont les plus redoutables : qui mieux qu'un opposant républicain pour vendre à l'opinion républicaine un stratagème du pouvoir ?

Oui, quatre ans après avril 2004, cette manipulation des élites se poursuit avec le même succès, pour le même objectif, assurer le vernis démocratique au régime.

L'ennui dans l'affaire n'est pas que le microcosme politico-médiatique crée sa propre mythologie. On peut, après tout, fort bien concevoir qu'une société angoissée ait besoin de se rassurer par des duperies classiques et passagères qui brisent la monotonie du désespoir. L'embarras, ici, est que Saïd Sadi reproduit, avec talent du reste, les mécanismes de l'auto-persuasion : comme s'il ne nous suffisait pas de croire aux fables à la mode, nous éprouvons le besoin de nous en faire les courtiers zélés auprès de la population.

La mission du chef du RCD paraît, cela dit, assez aléatoire : il y a une Algérie qui s’angoisse pour le pain et qui ne vote pas, et une autre qui s’angoisse pour un troisième mandat de Bouteflika mais qui ne vote pas non plus. Et la plus influente n’est pas celle que l’on croit.

En 2008, la nigauderie est définitivement devenue le luxe des élites. Le bon peuple n’a pas les moyens d’être naïf.

Quatre ans après le mélodrame du 8 avril 2004, Saïd Sadi reste le candide imprésario relayant les subterfuges par lesquels s’éternisent les autocraties dans nos pays. Les puristes du théâtre rétorqueront, avec raison, que l'inventeur du mélodrame moderne, René de Pixérécourt, avait averti qu'”un niais est aussi nécessaire au mélodrame qu'un tyran est indispensable”. Je crains fort, cependant, que sur la scène algérienne, le surnombre d'impénitents crédules que nous sommes n'ait déjà démoli ce postulat. Notre candeur était déjà contagieuse, voilà qu'elle devient incurable. Bouteflika en bonne santé ? Tant mieux pour lui. A nous, maintenant de nous soigner !

Mohamed Benchicou

Plus d'articles de : Chroniques

Commentaires (63) | Réagir ?

avatar
nadir y

qui parle de naiveté du peuple, vivons nous un evenement aussi banale soit il qui ne soit aléatoire. s'il vous plait mr benchicou n'arreter pas d'ecrire comme vous le faite et vous mr sadi de reagir par des discourt de niveau

ce que vous faites contribue à maturer notre people sur la voie de la democratie, nos pères ont vecu et mené une guerre de libération pleine d'embuches (appellons là aléatoire si vous voulez) beaucoup ont disparu sans voir le resultat de 62, sommes nous libres et qualifiés vainqueur à cette date, je dit oui par fidelité à nos pères, somme nous toujours libres et fières en 2008?

à mon avis 2008, on n'est pas au n'est pas resultat, la lutte de la parole et de l'ecrit continue à travers vous merci

avatar
mikah fiad

Moi, ce que je pourrai ajouter à ce debat, c'est d'abord ne pas toucher a la personne de SADI mais à sa politique:oui!. J'ai lu la reaction du RCD, eh bien le redacteur est loin d'etre exemplaire pour un parti democrate, accusant BENCHICOU de tous les maux du monde sans respecter sa personne. Je ne reagit pas pour defendre BENCHICOU:d'ailleurs je ne suis ni de la kabylie, ni communiste, ni d'aucun parti. Mais je crois à l'ideal democrate. La democratie ne peut etre construite que par les democrates car un democrate ne peut etre, par essence, contre la justice sociale, contre une identité algerienne dans ses variantes:berberophone, arabophoneet musulmane, contre la liberte de conscience et contre le devellopement economique etc... Une fois mis d'accord sur ces points, il ne reste que l'alternative la plus juste à proposer afin d'aboutir à un objectif. Et c'est la ou commence le role de l'elite democratique. Mais cette elite est représentée par qui??moi je pense qu'elle presente à tous les niveaux de la societé :partis politiques, intellectuels, associations culturelles et sociales, journalistes etc... Apres cette precision, si SADI est sujet à des critique c'est qu'il y a des raisons profondes à cela dont il faut tenir compte. Ces gens qui ont critiqués SADI souhaitent tous un avenir meilleurs à l'algerie. Les militants du RCD defendent SADI de maniere partisane ce qui n'aide pas à convaincre et à redonner espoir à ceux qui ont perdu confiance en SADI. Car une chose est sure, ceux qui critiquent SADI aujourdhui ont tous cru en lui hier. Si SADI et ses militants puissent demontrer aujourdhui la justesse de leur demarche qu'ils le fassent dans les regles de l'art!! Car il ne faut etre "TEL" pour avoir raison. Le simple citoyen aussi peut voir juste. C'est-à-dire le peuple. Si j'avais voulu abaisser le niveau de critique sur SADI j'aurai cité des exemples concrets de bassesse:par ex en dehors de la kabylie: lors des collectes des 75000 signatures, des personnes ennemies au RCD aident SADI à ramasser ses signatures pour simplement etre candidat :il y a matiere à reflexion et ca aussi s'apelle:FRAUDE!et avec complicité !Puis aller promettre aux Kabyles que c'est l'occasion d'etre elu president de la republique alors que le dernier des algeriens connait le resultat à l'avance. C'est une maniere d'etre de l'autre coté de la barierre avec le pouvoir pas avec le peuple car lui est toujours absents des elections!Sans rancune!

visualisation: 2 / 63