Les étudiants de l'Ismas répondent à Khalida Toumi

Les grévistes de la faim.
Les grévistes de la faim.

Nous, les étudiants de l’institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel venons par ce onzième communiqué dans le sixième jour de notre grève de la faim pour vous apporter la chronologie de notre grève.

Le commencement a été avec une réunion le 02 février 2011 entre Mme la ministre de la Culture, les représentants des étudiants, les professeurs, des responsables du ministère de la culture, l’administration de l’institut et quelques cinéastes. Puis la visite de la ministre à l’institut le 6 et 7 février 2011, cette dernière à proposé de discuter l’ensemble des problèmes en les partageant sur quatre ateliers :

1- Atelier diplôme et équivalence du diplôme :

L’accord stipule que le ministère de la culture entamera les démarche pour l’introduction du système LMD a partir de la promotion suivante (Rentrée universitaire 2011/2012) et cela par le dépôt du dossier pour la Commission Régionale Centre, à Boumerdes, et que l’équivalence du diplôme sera discutée avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur au cours de la semaine qui suit la réunion.

2- Atelier de la formation et l’encadrement pédagogique

3- Atelier matériel et moyen pédagogique

4- Atelier de la vie culturelle et sociale

Or que les procès verbaux des ateliers restent sans application, ce qui a poussé les étudiants à envoyer une communication au ministère de la culture le 19 février 2012 pour insister sur l’obligation de l’application des 4 ateliers, et rappeler dans un exposé qui explique la situation catastrophique de l’institut depuis la visite de la ministre notre exposé est resté sans réponse durant l’année 2012.

Le 14 janvier 2013, nous avons envoyé une autre fois au ministère une indignation sur la dégradation sociale et pédagogique à cause de la non application des promesses, ajouté à cela les agissements et les décisions tyranniques et improvisées du directeur de l’institut, qui dépassent les lois constitutionnelles algérienne, et nous avons informé le ministère de la culture sur la programmation d’une action de protestation sur les mauvaises conditions qui ont conduit à traduction de 90 % des étudiants de l’institut au conseil disciplinaire sous motif des absences répétées, malgré que le règlement intérieur de l’institut est clair sur le point des absences l’article 13 qui considère que la sanction des absences est une affaire pédagogique, qui est une prérogative des profs et non pas de l’administration, et ça ne nécessite pas un conseil de discipline.

Le 16 janvier 2013, l’action de protestation a été faite pacifiquement pour exprimer notre refus de silence de la tutelle qui dure depuis deux ans sur l’application des promesses.

Le 17 janvier 2013, nous avons pris la décision d’entrer dans une grève de deux jours, le 21 et le 22 janvier 2013, pour mettre un terme à la tyrannie et pour l’application des quatre ateliers qui mettra fin à nos problèmes, et nous avons demandé aussi l’ouverture d’une enquête sur les causes de la dégradation de la situation au sein de l’institut.

Dans un élan entrepris pour éviter la grève, une délégation du ministère de la culture s'est présentée à l'institut, et s'est réunie avec les représentants des étudiants, ainsi que le directeur de l'institut, et ce le 20 Janvier 2013, et les membres de cette délégation ont rediscuté les quatre ateliers auxquels ils avaient eux-même participé et validés en 2011 lors de la venue de la ministre. La fin de la réunion n'a pas été concluante, et a été loin de la hauteur de nos attentes, ce qui a conduit à observer une grève le 21 et 22 janvier 2013.

Le 22 janvier 2013, nous avons envoyé un préavis de prolongement de la grève des deux jours à une grève limitée, du 27 au 31 janvier 2013, et après le déclanchement de celle-ci, le directeur a fermé la cantine du 27 au 29 janvier 2013, sous prétexte que la grève est interdite.

Le 28 janvier 2013, nous avons envoyé à Madame la ministre "un appel" pour qu’elle intervienne afin d’arrêter ces dépassements, et dans le même jour, les représentants des étudiants ont reçu des convocations pour se présenter à la justice administrative de Bir Mourad Raïs, après un dépôt de plainte de 18 accusations par le directeur de l’institut.

Le 29 janvier 2013, nous avons envoyé aux autorités concernées un préavis d’une grève ouverte, et dans le même jour le procès de justice a été entamé en présence des étudiants concernés, elle a prononcé sont verdict en innocentant ces derniers des 18 accusations dont ils étaient incriminé, et a prononcé la non légitimité du prolongement de la grève du 22 janvier 2013, ce qui nous a obligé à envoyer à l’administration de l’institut et au ministère de la culture un arrêt immédiat de la grève, et une annulation du préavis de grève qu’on avait envoyé le 29 janvier 2013, et nous avons reprit les cours, et en l’espace d’une semaine nous avons établi un grand nombre de rapports, signés et cachetés par l’administration, à propos des enseignants absents, et cela est la preuve qu’on n’est pas les véritables absents.

Le 3 février 2013, nous avons envoyé un nouveau préavis de grève ouverte annoncée pour le 12 février 2013, avec 8 jours de dépôt de préavis, comme le stipule la loi du travail, afin d’assurer la légitimité de la grève.

Le 12 février 2013, la grève illimitée a débuté, et le directeur de l’institut a repris son action de fermeture de la cantine, et cette fois pour une durée illimitée, et comme d’habitude cette action vient en réponse à la grève des étudiants, qui est interdite catégoriquement par le règlement intérieur de l’institut, article 53 ; article allant à l’encontre de la constitution algérienne qui stipule clairement que la grève est un droit légitime dans son article 57.

Le 21 février, un huissier de justice s’est présenté à l’institut, par ordre du tribunal administratif pour constater et interroger les étudiants accusés par l’administration d’occuper les appartements de l’institut, sachant que les étudiants sont hébergés dans des chambres non pas des appartements, et que les étudiants en question sont des étudiants exclus par un conseil disciplinaire illégitime, tenu illégalement le 31 janviers 2013, et ce afin de casser la grève avec n’importe quelle méthode.

Dans cette atmosphère sombre et ces conditions précaires, et la sourde oreille des autorités concernées, et après avoir sollicité tous les responsables du pays par vois de plusieurs courriers, afin qu’ils sauvent notre avenir et après avoir usé toutes les possibilités, nous avons pris la décision d’entamer une grève ouverte de la faim à partir du 24 février 2013.

Le 25 février 2013, le deuxième jour de la grève de la faim, une note a été affichée interdisant l’accès à toute personne étrangère à l’institut ; l’administration a interdit l’accès aux familles des grévistes de la faim et à la famille médiatique et artistique, une interdiction qui dure depuis le premier jour de la grève avant l’affichage de la note et jusqu'à maintenant. Et dans le même jour le 25 février 2013, par voie de courrier, nous avons fait appel à madame la ministre, afin d’intervenir pour sauver la vie et l’avenir des étudiants et mettre un terme aux pratiques irresponsables et inhumaine de notre administration.

Le 27 février , à une heure tardive de la journée; une délégation de ministère de la culture, composée de responsables du même ministère et de personnes qui ont refusé de décliner leur identité, accompagnée de quelques agents de polices sont arrivée à l’institut, où ils ont harcelé et menacés les étudiants, sans prendre en considération l’état de santé des gréviste de la faim dans leurs quatrième jour, et nous ont demandé d’évacuer les lieux dans les 24 heures qui suivent, en s’appuyant sur la décision de madame la ministre (décision N° 104, décrétée le jour même du 27 février 2013, stipulant, un arrêt temporaire de toute activité pédagogique à l’institut et exorant les étudiants d’évacuer les lieux dans les 24 heures qui suivent).

Le 28 février 2013, est paru un communiqué de presse du ministère de la culture sur le site de l’agence algérienne de la presse (APS) qui a démenti nos précédents communiqués, et qui a pour but de tromper l’opinion publique; et ce en qualifiant notre grève de désobéissance civile d’un coté, et de l’autre de nous dévier de notre but (qui est l’application immédiate des quatre ateliers et l’ouverture d’une enquête approfondie en urgence sur la gestion de l’institut), vers une simple grève causée par un simple conseil de discipline et l’exclusion de 15 étudiants. Et dans ce même communiqué, il est cité que les grévistes de la faim ne sont qu’autres que les étudiants exclus, mais la réalité et toute autre, car seuls trois d’entre eux sont concernés par cette décision illégale.

Et dans ce même communiqué, nous avons constaté l'exploitation de la décision du tribunal administratif ordonnant l’arrêt de la grève précédente (vu l’illégalité du préavis de prolongement de la grève d’une semaine chose qui a été faite), pour démontrer l'illégalité de la grève actuelle. La grève actuelle a été entamée après respect de la décision de la justice, et suite à un préavis de grève de huit jours comme le stipule la constitution algérienne et comme ce fut préconisé par la coure administrative à travers son verdict, et on ne peut donc en aucun cas confondre ces deux grèves.

Rappelons que le discision de geler toutes activités pédagogiques décrété par le ministère de la culture, le 27 février 2013, nécessite l’implication du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui est la tutelle pédagogique de l’institut

Après ce rappel de la chronologie de notre grève, nous venons auprès de la famille artistique littéraire et médiatique et à tous les hommes et les femmes libres de ce pays par le biais de ce communiqué urgent pour nous soutenir afin de préserver notre institut qui est l’unique en son genre à travers le pays et sauver la formation artistique dans le domaine public en Algérie, et pour cela nous comptons sur votre soutien qui nécessaire aujourd’hui plus que jamais.

A la fin, nous vous informons que nous entamons la 2ème semaine de la grève de la faim et que l’état de santé physique et morale des 10 grévistes de la faim se dégrade jour après jour, sachant que ces deux derniers jour nous avons transporté 3 d’entre eux a l’hôpital et malgré leur état de santé ces derniers refusent d’arrêter et sont déterminés à continuer jusqu'à leur derniers souffle.

Jusqu’à quand cette marginalisation de la jeune génération, des artistes ; rescapés de la décennie noire dans une Algérie qui fête ses cinquante ans d’indépendance ? Nous lançons un appel aux organismes des droits de l’homme pour venir et faire leur devoir envers ce cas. Nous avons besoin d’un médecin pour être en permanence avec les étudiants gréviste de la faim car leur état s’aggrave.

Bordj El-Kiffan le 02/03/2013

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Bachir ARIOUAT

le seul espoir qui subsiste, c'est de chasser d'abord cette mafia du pouvoir, ensuite demander des comptes et bilan de leurs activités à ceux qui ont occupaient des hautes fonctions importantes dans le pays depuis 1962.

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Quelqun EncoreQuelqun

Vous avez dit Institut Supérieur ?? Des étudiants en art?? Cela fait vraiment peur!

Quand on sait qui sont (généralement) ceux et celles qui s'orientent vers ces "fillières"... l'on devine aisément le pourquoi du comment.

Le sérail ya dine Rabb, le sérail ! Je serais cette Toumi, je mettrais carrément le feu à ces édifices qui "dé" forment la nomenclatura. Et ça ose parler de "la famille artistique" ! Fellag doit bien se marrer en lisant (déchiffrant) vos " tâ3bir el horr" ci-haut.

Mais au fait, pour pouvoir tenir tête à un ministre (aussi médiocre soit-il), il doit bien y avoir une raison; papa et maman ne seraient pas de ceux et celles qui ont toujours gravité autour de vos bienfaiteurs nouricier?

" Barkakoun el qélyane ! " comme on dit trivialement. Le bled est bord du gouffre, et ce ne sont certainement pas les sautes d'humeur d'une poignée d'enfants gâtés qui vont y changer quoi que ce soit.

Tiens, au fait, et si vous commenciez par apprendre à lire et à écrire!

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