Malti le vendu, le sénateur acheté et la

Malti le vendu, le sénateur acheté et la

Nous tenons notre anti-Stéphane Hessel ! Il n'est pas citoyen du monde mais patriote, pas militant humaniste mais un brin voyant façon Hadj Mamba, pas résistant ni même irrésistible mais un tantinet irritable, pas encore écrivain ni militant politique mais tout de même sénateur ce qui prouve bien que, contrairement à ce que laissent penser les idées reçues, le métier de sénateur - du tiers présidentiel, notamment - n'est pas réservé qu'aux courtisans et aux benêts. Omar Mahdad, c'est son nom, a même choisi le jour du décès de Stéphane Hessel pour écrire à son tour un manifeste à contre courant d'Indignez-vous ! Il a ainsi opté pour une forme plus originale que le livre : une lettre, une simple lettre ouverte de 17 pages adressée à la presse algérienne pour non pas encourager les générations montantes à conserver un pouvoir d'indignation – ce qui eût été un banal mimétisme – mais pour s'acharner contre la personne d'un citoyen... indigné, en l'occurrence l'ancien dirigeant de Sonatrach, Hocine Malti, auteur d'une lettre cinglante au général Toufik, qu'il désigne sous le sobriquet de "Reb Dzayer".

S'autorisant à plaider la cause du chef du DRS qui ne lui a probablement rien demandé, notre Omar Mahdad accuse le roturier Hocine Malti d’avoir voulu salir l'honneur des seigneurs, Si Mohamed Médiène mais aussi "le chef de l’Etat et de ses proches" dont il aurait "tenté maladroitement de souiller la réputation et la probité". On a beau lire et relire le texte de Malti, on ne voit pas l'outrage porté au général Toufik, sauf à qualifier ainsi le fait de le surnommer de "Reb Dzayer" ce qui n'est pas une insulte mais un louange proche de l'apologie. Quel plus fort éloge que de diviniser un être humain ? Surtout celui-là dont on n’a jamais vu le visage ni entendu la voix, ce qui constitue la preuve irréfutable qu'il est Dieu. Depuis toujours, en effet, l’aphonie et l’invisibilité sont les prestiges et les symboles des divinités. Le général Toufik ne parle jamais ? Logique ! Dans la mythologie gréco-romaine les dieux pressentis par les poète sont muets. Il n'y a nulle part des photos de lui ? Rien de plus normal. Reb Dzayer, comme les dieux en Égypte, ne se donne pas en spectacle aux paparazzis. Le soin de figurer les images et les statues des dieux en Égypte n'était pas laissé aux artistes ordinaires mais dévolu aux prêtres qui en donnaient les dessins, et, comme chacun le sait, les prêtres, comme les non-jeûneurs et les syndicalistes, ne se dévoilent pas chez nous, sous peine de prison, C'est pourquoi, cher sénateur, ici plus qu’ailleurs, Dieu se prête aux fantasmes, chacun pouvant imaginer Reb Dzayer comme bon lui semble, ce qui est plutôt salutaire pour la mythomanie nationale. Reste la réputation de Monsieur Bouteflika et "la probité du chef de l’Etat et de ses proches" que le vil spadassin Malti a écorchées, comme s'il était besoin du concours de l'ancien dirigeant de Sonatrach pour cela. C'est douter de la verve des illustres hommes qui forment l'entourage présidentiel que de craindre qu'ils ne réussissent, par leur propre talent, à se salir aux yeux de tous. Tenez, Amar Saïdani, par exemple, ancien président de l’Assemblée nationale algérienne mais surtout ancien président du comité national de soutien au candidat Bouteflika.

C'est sans l'aide de personne qu'il s'est fait poursuivre par un juge de Djelfa pour avoir détourné la modique somme de 4000 milliards... Ou Mohamed Bouricha, un vieux monsieur proche de la famille, président lui aussi du Comité de soutien au candidat Bouteflika pour la région du centre et qui, tout seul, comme un grand, s'est fait inculper pour corruption, dilapidation de deniers publics, usage de fonds étatiques à des fins personnelles, trafic de terres agricoles... Notre sénateur a une bien basse opinion des « proches du chef de l'Etat ». Plus personne n'ignore l'immense talent de cet entourage présidentiel grâce auquel l'Algérie caracole en tête de classement des pays les plus corrompus dans le monde. Ils sont un peu les champions que nous n'avons pas eus dans les arènes sportives mondiales. C'est pourquoi notre sénateur commet-il un regrettable impair envers la fierté nationale en accusant Malti de "vendu" à des services étrangers, annonçant sa prochaine inculpation au lieu et place de Saidani, Bourricha, Chekib Khelil... Et que deviendraient alors nos performances mondiales en matière de corruption ? Qui accepteraient que des virtuoses de la dilapidation soient remplacés par des novices ? Non, la nation tient à ses champions. Et, de plus, ils nous amusent. Aux dernières nouvelles, les réseaux sociaux, frappés d’une fièvre païenne, ont unanimement rigolé au spectacle du président de la république se lamentant d’avoir été « trahi » par son « ami » Chekib Khelil. Mais alors, si Facebook a compris que le pillage auquel s’est livré Chekib Khelil n’avait rien d’un acte isolé d’un kleptocrate mais qu’il n’était que l’exécution d’un vaste plan de mise à sac de l’Algérie défini en 1999 avec la pègre pétrolière mondiale, si le dernier des twitters d’Alger a saisi que Chekib Khelil ne peut pas avoir "choqué" par ses indélicatesses puisqu'il a été choisi pour ça, comment un sénateur du tiers présidentiel en arrive-t-il à l'ignorer ? C'est que, à bien y réfléchir, tout passe très vite et nous n'avons plus le temps de compter les années ni les milliards dérobés. Et tout cela, ce n'est la faute ni de Bouteflika ni de ses proches, mais celle de cette satanée planète qui tourne trop vite autour d'elle-même, beaucoup trop vite, en tout cas, que ne l’avait prévu Galilée, un Toscan !, qu’attendre d’un Toscan ? Oui, Galilée qu’on savait retors et capable de toutes les duplicités, jusqu'à abuser la mémoire de quelques uns de nos plus éminents sénateurs.Ce n’est point de leur faute s’ils ont fait leurs horoscopes en fonction des astres médicéens au lieu de tenir compte de tout ce qui bougeait dans les cieux, comme le recommandait, en son temps, le vénérable professeur Magini, ennemi de Galilée et dont on sait aujourd’hui qu’il aurait soutenu l’interruption du processus électoral de 1992, contrairement à ses voisins de Sant’Egidio qui se révèlent d’indécrottables Galiléistes.

Maintenant que nous ne sommes plus sûrs de rien, il reste à faire de cette pétition l’édit d’une puissante revendication citoyenne afin que le prochain procès de Chekib Khelil soit plutôt celui de Galilée. Car enfin qui supporterait d’entendre, dans les prétoires de Milan, cette déposition d’un ministre algérien : "Moi Chekib Khelil, ici traduit pour y être jugé par les magistrats italiens, ayant devant les yeux et touchant de ma main le relevé des sommes détournées, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que les instances du droit international …"

Oui, que le procès de Khelil soit plutôt celui de Galilée.C’est ce que nous dicte la raison. La raison d’État s’entend, celle-là que nos dirigeants évoquent subtilement en appelant l'Etat algérien à « prendre toutes mesures dictées par les circonstances » et l’État italien à "préserver les relations liant les deux mafias". Maudit Galilée qui nous fait oublier qu’aux "relations liant les deux mafias", sont venues s’ajouter, depuis les accords d’Evian, des relations liant les banques suisses aux dirigeants algériens, rapports bilatéraux d’une bien précieuse importance et qui devraient contraindre ce prétentieux gouvernement italien à s'inspirer de son voisin suisse et renoncer à la vanité de vouloir à la fois rendre la justice et garder le secret.

Oui, plutôt que Chekib Khelil, jugeons Galilée, et nous écouterions plutôt ceci :

"Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, accepte d’être condamné par injonction du Saint Office pour avoir dupé de respectables esprits algériens par la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace…"

Et l’année 2013 sera ainsi épargnée des amnésies et des distractions, on ne croisera plus de sénateur étourdis qui auront oublié que pour un Malti vendu, il y a 100 dirigeants et parlementaires achetés, et que le cours du marché ne fait qu'augmenter.

M.B. - Lematindz

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Commentaires (7) | Réagir ?

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oziris dzeus

Mr Matli a entendu (Rab l'Algérie) dire qu'il est le rab de l’Algérie, donc Mr Malti était tout prés sauf s'il est équipé d'un capteur de sons sophistiqué. Mr Malt est un cadre dirigeant de l'Etat, et il n'est pas devenu un haut responsable sans l'accord d'un rab de l'Algérie. Mr Malt devrait raconté sa carrière professionnelle et évidement les fréquentations nécessaires pour devenir un serviteur d'un Rab de l'Algérie, et comment fait-on pour avoir des privilèges et des avantages auprès des RBOUBA de l'algérie. Mr Hoov était le rab des usa pendant cinquante ans. Mr Pouti et le Rab de la russir depuis au moins vingt ans. chaque pays a au moins un Rab. La vie est ainsi faite on devient rab d'un pays quand on occupe un poste qui donne des pouvoirs immenses. Et il n' y a pas de rab (étatique) sans les adorateurs, les lèches bottes, les flatteurs et surtout les schekamas.

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Massinissa Umerri

Rien a rajouter, ni au texte, ni aux commentaitres...

Ce que je n'arrive pas a comprendre ou bien disserner, c'est la relation avec les barbouses. Certes, ils les ont incube's pour contrecarrer l'ideologie liberale Kabyle, sinon y aurait-il vraiment une moindre partie qui aurait echappe' a leur controle?

Les choses s'eclaircissent tout de meme un peu avec l'apparence de 4 mouvance au Mali - toutes super bien finance'es et bien arme'es. . . dans un pays de misere... et comme par hasard, au milieu de bases militaires de toutes sortes.

Il y en a meme une en Kabylie, qui n'a ni nom, ni agenda politique quelconque, ni appartenance brandee officelle pour ce vendre. Sa seule mission est de terroriser la population... meme si de temps a autre on fait le sacrifice d'une poigne'e d'appeler qui ne sont la que pour en finir avec le service et parfois, des policiers locaux, surtout ceux qui ont un lien ou anchrage social local (locaux).

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