Nord-Mali : Violents combats entre le MNLA et un groupe islamiste armé

Plusieurs groupes opèrent dans l'Azawad.
Plusieurs groupes opèrent dans l'Azawad.

Des combats, une revendication, de lourds bilans, les affrontements se sont intensifiés ces dernières heures au Mali, dans l’extrême nord-est, avec un face-à-face meurtrier entre soldats tchadiens et combattants islamistes le vendredi 22 février 2013.

Dans un communiqué rendu public samedi, le MNLA affirme qu’il mène en ce moment une offensive militaire contre des groupes terroristes du Mujao dans les environ de In Khalil, près de Tessalit, à proximité de la frontière algérienne. "Les combats se poursuivent encore. Il affirme qu’il a entreprit, ce matin, de lancer une offensive militaire contre les terroristes du Mujao à proximité de In Khalil sur des positions du groupe terroriste qui ont été identifiées par le MNLA, suite à l’attentat perpétré hier par des kamikazes du Mujao contre le MNLA et qui a fait trois morts parmi nos combattants ainsi que plusieurs blessés", annonce le Mouvement touareg.

A Tessalit, le Mujao a revendiqué samedi l’attentat-suicide dirigé contre le MNLA. A Il Khalil, les combats se poursuivent et ils se déroulent dans une localité qui est située à 18 kilomètres seulement de la frontière algérienne et à environ à 150 kilomètres de la localité de Tessalit, affirme RFI.

Sur le terrain, la situation semble compliquée par l'éclatement des belligérants. Le lancement de l'opération Serval a mis en lumière toutes les contradictions et luttes sourdes qui traversent les groupes armés. Il y a des éléments du Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA). Et en face, il y a un groupe armé non encore formellement identifié. Un responsable du MNLA affirme qu’ils sont attaqués par les jihadistes venus de la frontière algérienne. "Faux", répond catégoriquement le Mouvement arabe de l’Azawad, le MAA, qui revendique l’attaque. Et selon l’un de ses représentants, Boubacar Ould Taleb c’est bien le MAA qui mène les opérations militaires contre les combattants du MNLA. Créé en avril dernier à Tombouctou, c'est ce groupe qui avait chasse l'armée malienne de la deuxième ville du nord mali. Aussi étrange que cela puisse paraitre ce mouvement était presque inconnu jusqu’à présent.

Le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, autonomiste, créé en mars 2012) a affirmé à l'AFP avoir attaqué samedi vers 04h00 (locales et GMT) le MNLA en représailles à des violences contre des Arabes dans la zone. Mohamed Ibrahim Ag Assaleh, responsable du MNLA basé à Ouagadougou, a assuré que les assaillants sont des "terroristes" menés par Omar Ould Hamaha, du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012 et qui a revendiqué un attentat-suicide commis vendredi à In-Khalil contre le MNLA.

Sur place, "le MNLA a combattu le Mujao, le MAA et Ansar Al-Charia", qui est une "dissidence du Mujao", a-t-il affirmé à l'AFP, indiquant que les combats avaient cessé samedi en fin d'après-midi. Il a parlé de "neuf prisonniers" aux mains du MNLA: "six qui se réclament du Mujao et trois d'Ansar Al-Charia".

Le MAA a aussi fait état d'un retour au calme, en dénonçant une intervention de l'aviation française. "L'armée française a bombardé un de nos véhicules à In-Khalil", a soutenu un de ses responsable, sans fournir de bilan.

Cette intervention aérienne a été confirmée à l'AFP par des sources sécuritaires régionale et malienne. "Un véhicule dans lequel il n'y avait personne a été détruit par l'aviation française au nord de In-Khalil", a dit la source régionale. Le Tchad a annoncé vendredi soir y avoir tué 65 jihadistes, mais avoir aussi enregistré 13 morts et 5 blessés dans ses rangs. Il s'agit des pertes connues les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali. 

Drones pour espionner les jihadistes

Les troupes françaises, maliennes et africaines bénéficient désormais sur le champ de bataille du soutien de drones américains Predators. Selon un responsable américain, les Etats-Unis ont déployé plusieurs de ces engins au Niger voisin, sur une base de Niamey, d'où ils décolleront pour des vols de reconnaissance sur le Nord malien. Ils ne feront pas usage des missiles dont ils sont équipés, mais seront seulement utilisés pour espionner les jihadistes, selon Washington.

A 350 km au sud-ouest de Kidal, Gao, la plus grande ville du nord du Mali, l'armée malienne poursuivait des opérations de "ratissage" samedi, au lendemain de combats avec des islamistes infiltrés. Samedi après-midi, des centaines de personnes se pressaient à la mairie de Gao, pour voir ou prendre en photo les cadavres et lambeaux de chair de sept islamistes tués et dont les corps étaient déjà en voie de décomposition, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le Mujao, qui a annoncé récemment avoir envoyé des combattants à Gao, a réitéré samedi ses menaces d'attaques dans le Nord malien et évoqué des attentats programmés par les jihadistes à Bamako, mais aussi Ouagadougou et Niamey.

Après l'enlèvement le 19 février dans l'extrême-nord du Cameroun d'une famille de sept Français, dont quatre enfants, la France a mis en garde contre des risques d'attentat ou d'enlèvement au Bénin, où l'engagement français au Mali est "susceptible d'avoir des répercussions" sur la sécurité des ressortissants français.

Yacine K./Agences

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