Scandales de corruption en série : quelle réaction du ministre de la Justice ?

Mohamed Charfi, ministre de la Justice.
Mohamed Charfi, ministre de la Justice.

Le Garde des Sceaux, M. Mohamed Charfi, à peine installé dans la chancellerie, a inauguré sa prise de fonction, en septembre dernier, par un discours prononcé au cours de la session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature.

Une intervention certes magistrale, mais émotionnelle pleine de courageuses plaintes dénonciatrices des fléaux néfastes de malversations et pots-de-vin occultes qui gangrènent tous les secteurs économiques du pays ces dernières années. C’est un fait nouveau et surprenant, venant de la part d’un ministre de la République en ces temps de doute et d’incertitude, où les scandales fleuve se suivent et se ressemblent, éclaboussant des responsables au plus haut sommet de l’Etat.

Son discours qui s’apparente à un véritable pamphlet contre la corruption a fait l’objet d’une bombe au sein de la communauté nationale et une fabuleuse surprise chez les citoyens pour cet incroyable et inhabituel langage, sans détours, ni complaisance, plein de franchise et de sincérité sur ce mal abominable qui ronge toutes les institutions du pays, reconnaissant de fait, qu’il a dénaturé l’édification de l’Etat de droit, aggravé le fonctionnement sain de l’économie nationale et mis en déroute la cohésion nationale et en péril la paix sociale.

Est-ce un signe annonciateur d’un tournant dans la lutte pour éradiquer ce phénomène destructeur et déstabilisateur et que sincèrement il veut à tout prix réhabiliter la Justice dans ses prérogatives et missions, en un organe de puissance de service publique et la placer aux avant postes de ce combat et lui rendre sa noblesse en tant qu’institution républicaine, souveraine, et indépendante ? L’espoir est permis pour s’accrocher à cette bouée de salut du pays et l’aboutissement à cet idéal constitutionnel puisque c’est l’unique et dernier recours qui reste à ce peuple horrifié, désemparé et perdu dans ces tourbillons de nuisances et de catastrophes qui détruisent à petit feu et sous nos yeux la nation.

Les affaires de corruption qui ont souillé l’image de l’Algérie et terni sa réputation dans le monde, sans oublier le préjudice moral et matériel affligé aux citoyens, la Justice a, certes, timidement assumé ses responsabilités et maladroitement rempli son rôle, ce qui a certainement autorisé le ministre Garde des Sceau d’intervenir sur ce sujet sensible, eu rappelant aux magistrats, que la société est en droit d’attendre du juge une application rigoureuse de la loi contre les auteurs de la corruption active ou passive, et qu’il est donc tenu de sanctionner qu’el qu’en soit l’auteur, et quel qu’en soit le mode.

On en peut être plus clair et tranchant par cette sentence morale émanant du ministre à l’adresse des magistrats chargés des dossiers nauséabonds. Il est le premier concerné de par sa haute fonction, des résultats de ce vaste combat de lutte contre la corruption, et de sa responsabilité première que la Justice joue pleinement son rôle, en y apportant sa part de contribution, qui est d’ailleurs fondamental, pour son éradication en toute conscience, justesse et impartialité.

La feuille de route du nouveau ministre et ses orientations claires adressées aux magistrats, sont elles des promesses sans lendemain ? Ou s’agit-il tout simplement d’un coup d’épée dans l’eau, comme les précédant mielleux discours restés sans suite et sans effet sur le terrain des vérités d’applications. Car, au vu des affaires pendantes à ce jour auprès de la Justice liées aux délits de malversations et des commissions occultes, dont sont éclaboussés des hauts responsables n’ont pas encore livré tous leurs secrets.

Et ce n’est pas les lampistes de moindre importance et les fusibles de moyenne envergure qui intéressent l’opinion, mais ce sont les commanditaires de ces crimes économiques, les vrais et authentiques fossoyeurs et vautours, spoliateurs des deniers de l’Etat qu’il attend à ce qu’ils y soient entendus et poursuivis en toute légalité pour répondre de leur crime et rendre des comptes aux infractions hautement traitrises qu’ils ont commis à la nation.

Car la Justice nous a habitué à être prompte à s’autosaisir contre les faibles petits citoyens anonymes pour des délits minimes, de moindre gravité, et nous surprend comment et avec quelle rapidité elle retrouve subitement la force de la loi et la substance du droit. Il serait alors héroïquement judicieux qu’elle en fasse de même pour les puissants avec leurs séries de scandales de «corruption», et se débarrasse de l’inertie et l’opacité face aux brulants dossiers de la honte, en réexaminant en toute objectivité et impartialité sa copie d’instruction les concernant.

Elle prouvera ainsi à l’opinion publique de sa crédibilité d’indépendance et de sa fiabilité en sa conscience en rassurant par les actes que les gros requins présumés coupables ne seront point immunisés pour demeurer les éternels intouchables au dessus des lois. Ainsi, elle sera blanchie de toute réputation malsaine d’une justice à deux vitesses, épargnant les forts et écrasant les faibles.

Alors, à ces seules conditions que le citoyen peut y croire encore au sauvetage du navire Algérie, et s’ouvrir avec confiance aux promesses contenues dans le discours du ministre de la Justice.

Il attend maintenant les actes pour apaiser sa patience et sa soif, pour voir enfin le commencement de la fin du cauchemar, à commencer par la destruction du gigantesque et horrible mur du silence qui entoure ces scandales, et l’élimination de la forteresse des corrompus et magouilleurs et l’anéantissement des relais mafieux qui s’abritent derrière la grande et épaisse muraille d’impunité. Ainsi, et à la grande joie du peuple, le miracle tant attendu se reproduira, semblable au déclenchement de la libération nationale en un vrai, audacieux et salutaire, second 1er Novembre 1954.

Chemsedin Boudjedra

Moudjahid et cadre du FLN

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Guel Dring

Honni soit qui mal y pense, mais le sigle griffonné (FLN) en fin d'article n'est pas pour crédibiliser

l'intevrention de Mr Boudjedra. Qu'est-ce qu'il lui reste à apporter de bon et de bien au pays ce FLN, quand on constate qu'il est à l'origine de toutes nos misères.

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laid baiid

Rêvez Mr Boudjedra, "REVEZ""... Ce Ministre lui même, a goûté au Miel.........

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