Tunisie : après l’assassinat de Chokri, le pays attend un nouveau gouvernement

L'assassinat de Belaid Chokri a plongé le pays dans l'instabilité et la contestation.
L'assassinat de Belaid Chokri a plongé le pays dans l'instabilité et la contestation.

L’assassinat du leader de la gauche Belaïd Chokri a plongé la Tunisie dans l’instabilité. Le chef du gouvernement, numéro deux du parti islamiste Ennahda au pouvoir, a multiplié les consultations ces derniers jours, engrangeant les soutiens des syndicats, de partis laïcs, du patronat et d'une partie de la société civile pour tenter de sortir de la paralysie.

Il a aussi formé un "conseil des sages" regroupant intellectuels, juristes, modérés d'Ennahda et le chef des armées Rachid Ammar pour trouver des solutions à la grave crise politique actuelle, deux ans après la révolution de janvier 2011 qui a lancé le Printemps arabe. Le parti Ennahda, continue néanmoins de résister, en particulier sa frange radicale, à la création d'un gouvernement sans personnalités politiques. Il a néanmoins entrouvert la porte mardi en disant être favorable à la création d'un cabinet alliant politiques et technocrates.

Si cette idée était rejetée, Ennahda a admis qu'il sera contraint de lâcher les commandes du pays quatorze mois après avoir pris la tête du gouvernement après sa victoire aux premières élections libres de l'histoire de la Tunisie en octobre 2011. M. Jebali, qui a menacé de démissionner si son initiative n'aboutissait pas avant le "milieu de la semaine", n'a pas donné de date plus précise.

Signe que ce calendrier pourrait changer, le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk, un indépendant appartenant au "conseil des sages", a indiqué mardi soir, que les travaux pourraient prendre encore "quelques jours". Le Premier ministre, qui ne parvenait pas depuis des mois à négocier un remaniement du gouvernement avec les deux partis laïcs de la coalition, a pris l'initiative d'un cabinet de technocrates après l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février, qui a plongé la Tunisie dans une nouvelle vague de violences.

Une semaine plus tard, le ministère de l'Intérieur se borne à dire que "l'enquête avance" sans précision supplémentaire. La presse était pour sa part divisée, les uns estimant qu'il était urgent pour M. Jebali d'imposer son initiative, d'autres jugeant que le Premier ministre devait prendre son temps. La Tunisie "ne peut attendre encore, au risque d'un effondrement total et d'un saut dans un obscur inconnu", écrit le quotidien Le Temps.

En revanche, La Presse estime qu'il faut prendre du temps pour former une équipe gouvernementale solide qui puisse résister aux pressions futures. Saluant "la position de M. Jebali qui continue de maintenir la pression autour de l'échéance qu'il a fixée", le journal s'interroge de savoir si cette "cette fermeté nécessite que certaines objections formulées par les adversaires de l'initiative soient ignorées". "Les technocrates sont efficaces pour traiter les dossiers mais ils n'ont pas le machiavélisme pour voir venir les manoeuvres occultes", poursuit-il.

Outre cette grave crise politique, la rédaction de la Constitution est dans l'impasse, 16 mois après l'élection de la , faute de compromis sur la nature du futur régime politique. Le Premier ministre a souligné que sa démarche visait aussi accélérer ce travail afin de pouvoir tenir des élections le plus vite possible. De plus, les conflits sociaux souvent violents se multiplient sur fond de misère et chômage, facteurs clés de la révolution qui a renversé Zine El Abidine Ben Ali. Sans oublier l'essor d'une mouvance salafiste jihadiste qui déstabilise régulièrement le pays par des attaques, comme celle contre l'ambassade des Etats-Unis en septembre 2012.

Avec AFP

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