Le pape Benoît XVI démissionne de son pontificat

Benoît XVI met fin à ses fonctions de souverain pontife
Benoît XVI met fin à ses fonctions de souverain pontife

Le pape Benoît XVI a annoncé lundi sa démission à partir du 28 février,dans un discours prononcé en latin lors d’un consistoire au Vatican, a annoncé à l’AFP le porte-parole du Saint-Siège. «Le pape a annoncé qu’il renoncera à son ministère à 20 heures, le 28 février. Commencera alors la période de "sede vacante" (siège vacant)», a précisé le père Federico Lombardi, dans une annonce quasiment sans précédent dans l’histoire de l’Eglise catholique.

Le porte-parole du Vatican a précisé qu'un nouveau pape devrait être désigné "pour Pâques", le 31 mars, ajoutant qu’un conclave devrait être organisé dans les 15-20 jours suivant la renonciation du pape. Benoît XVI, qui est âgé de 85 ans et ne prendra pas part au conclave, devrait se retirer dans un monastère dans l’enceinte du Vatican, après avoir séjourné dans un premier temps dans la résidence d'été papale de Castel Gandolfo, près de Rome.

Dans une conférence de presse, le père Lombardi a également admis que "le pape nous a pris un peu par surprise, en outre un jour férié pour le Vatican». Selon lui, le pape a "saisi l’occasion qu’un grand nombre de cardinaux étaient réunis à Rome" pour le consistoire. "La plupart n’en avaient pas été informés à l’avance", a-t-il assuré. En revanche, le frère du pape, Georg Ratzinger, n'a pas été surpris par cette annonce, et a déclaré qu'il savait «depuis quelques mois» que Benoît XVI envisageait de renoncer à son pontificat. 

Benoît XVI était ainsi saisi en 1975, en théologien allemand revenant à une foi classique et en 2010, en pape néo-conservateur tenu de s’excuser des abus sexuels de membres de l'église. Le souverain pontife a ainsi expliqué n'avoir "plus les forces" de diriger l'Eglise en raison de son âge. "Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer de façon adéquate le ministère pétrinien", a indiqué le pape en latin lors d’un consistoire au Vatican, dans la traduction en français qu’en a faite le Vatican par la suite.

Le pape a souligné que "dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire" Cette vigueur s’est "amoindrie ces derniers mois en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié", a ajouté le pape. 

Dans un livre interview en 2010, le pape avait évoqué la possibilité de sa démission au cas où il ne se serait plus senti en état de continuer. Unique précédent dans l’histoire de l’Eglise, Célestin V avait abdiqué de sa fonction avant d’avoir été sacré, en 1294. Il avait vécu en ermite jusqu'à sa désignation comme pape, et ne se sentait pas prêt à assumer ce rôle dans l’Eglise. Une telle disposition est prévue par l’article 332-2 du Code du droit canonique, qui stipule que «la renonciation [doit être] faite librement et dûment manifestée» et précise que la démission du pape n’a besoin d'être acceptée par personne. 

Joseph Ratzinger, éminent professeur de théologie allemand, qui n’aura pas suscité la ferveur dont a bénéficié son prédecesseur Jean Paul II mais a suscité un respect croissant au fil des ans, devient pape le 19 avril 2005 à 78 ans après avoir régné près d’un quart de siècle sur la Congrégation pour la doctrine de la foi, ex-Saint Office.

Succession de scandales et chiismes

Benoît XVI a été confronté à la crise la plus profonde de l’Eglise contemporaine : celle des révélations en cascade, dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Nord, d’abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé, aggravés par l'"omerta" de la hiérarchie. Condamnant durement ces «péchés» et ordonnant la tolérance zéro, Benoît XVI a demandé explicitement "pardon" aux victimes en juin 2010. En 2012, il est confronté à l’intérieur du Vatican à un scandale de fuites de documents confidentiels, qui verra l’arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele : un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie. 

Dans des centaines d’homélies et de discours, il a développé le contenu de la foi et souvent appellé le clergé lui-même à la conversion et au retour à l’essentiel du message de Jésus. S’il refuse toute évolution de l’Eglise sur les questions de mœurs (avortement, euthanasie, famille, homosexualité), ce pape conservateur, connaisseur de deux mille ans de christianisme, refusant la rupture avec la tradition, sera le premier à admettre l’utilisation du préservatif, dans des cas très limités, pour éviter la contamination du sida.

Né le 16 avril 1927 dans une famille modeste de la très catholique Bavière à Marktl-am-Inn, Joseph Ratzinger, entre en 1939 au petit séminaire. La même année, il est inscrit aux Jeunesses Hitlériennes, un enrôlement devenu obligatoire par décret. Le pape, qui a dénoncé l'«inhumanité» du régime nazi, a souligné que cet engagement avait eu lieu contre son gré. Ordonné prêtre en 1951, Joseph Ratzinger n’a connu de véritable expérience pastorale que de 1977 à 1981 à Munich. Il a enseigné la théologie dans plusieurs universités allemandes puis participé comme expert au concile Vatican II (1962-1965). Il figurait parmi les plus experts les plus libéraux. Lors du conclave de 1978, il fait plus ample connaissance avec le futur Jean Paul II qui l’appelle en novembre 1981 pour diriger la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Benoît XVI a cherché à faire revenir les intégristes dans le giron de l’Eglise, pourvu qu’ils acceptent le Concile. Il a appelé les Européens à ne pas rejeter leurs "racines chrétiennes". Il a travaillé à la "nouvelle évangélisation" mais aussi exprimé son respect aux non croyants. Ce pape a déclenché plusieurs polémiques. La première a éclaté en septembre 2006 et l’a opposé au monde musulman après son discours sur les rapports entre raison et foi à Ratisbonne. En janvier 2009, sa décision de lever l’excommunication de quatre évêques intégristes dont l’un, le Britannique Richard Williamson, était un négationniste, avait soulevé un tollé. Mais il a multiplié les gestes de respect envers les musulmans et surtout les juifs.

Avec AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Inspektor Tahar

Il est honnête avec lui même. Il a vu qu'en vieillissant le cerveau ne tourne pas a 100 a l heure. Avant de commettre des erreurs graves irréparables pour le Vatican et la communauté chrétienne a travers la planète il a préfère se désister de son job et responsabilités... Si les chefs d'Etats arabes avaient ce rationnel... la société arabe serait pas mal avancée sur le plan de développement en général. Avec ce rationnel nous ne serions plus les " Porteurs d eau " pour les sociétés etrangeres installées dans nos pays. Houa fhem... ntaouana ma fehmouch...