Pakistan : la Suisse refuse de rouvrir des poursuites contre le président Zardari

Le président Zerdari.
Le président Zerdari.

Les autorités suisses refusent de rouvrir des poursuites pour une affaire de détournements de fonds présumés datant des années 90 contre l'actuel président pakistanais Asif Ali Zardari, a indiqué dimanche un haut responsable du ministère pakistanais de la Justice.

La Cour suprême du Pakistan avait contraint à l'automne le gouvernement d'Islamabad à écrire une lettre aux autorités suisses pour leur demander d'évaluer à nouveau le dossier de M. Zardari. Les Suisses "ont répondu à la lettre et indiqué que le président jouissait de l'immunité", a dit à l'AFP Yasmin Abbasey, plus haut fonctionnaire au ministère pakistanais de la Justice. Les autorités suisses confirment ainsi la position du gouvernement pakistanais qui insiste de longue date sur l'immunité du président Zardari dans cette longue saga politico-judiciaire.

Le plus haut tribunal au Pakistan, engagé dans un bras de fer avec le gouvernement, presse en effet depuis décembre 2009 le pouvoir civil de demander à la Suisse de rouvrir d'anciennes procédures contre M. Zardari poursuivi dans ce pays pour des détournements présumés de fonds publics de l'ordre de 12 millions de dollars en compagnie de son épouse Benazir Bhutto dans les années 1990.

Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani avait été destitué en juin dernier par la Cour suprême pour avoir refusé de demander aux autorités suisses la réouverture des procédures contre le président Zardari. Son successeur Raja Pervez Ashraf avait finalement écrit à l'automne aux autorités helvètes, mais en faisant valoir que M. Zardari jouissait de l'immunité présidentielle.

Cette annonce intervient à l'approche d'élections générales prévues d'ici la mi-mai au Pakistan, pays abonné aux coups d'Etat qui n'a jamais vu un gouvernement civil terminer son mandat de cinq ans. D'où l'importance de ce scrutin pour la consolidation de la démocratie dans ce géant musulman de 180 millions d'habitants.

La réponse des autorités helvètes était un sujet potentiellement explosif alors que le Parti du peuple pakistanais (PPP) du président Zardari est déjà confronté à des accusations de corruption.

"Pour l'heure, ce chapitre est clôt. Mais l'opposition pourrait revenir à la charge lorsque Zardari ne sera plus président" et ne bénéficiera donc plus de l'immunité, a dit à l'AFP Hasan Askari, un analyste politique pakistanais de renom.

Le parti présidentiel pourra certes se targuer d'avoir répondu à la demande de la Cour suprême dans ce dossier sensible, mais cela n'empêchera pas l'opposition de multiplier les accusations de corruption contre le gouvernement lors de la campagne électorale, a-t-il ajouté. Surtout que le Premier ministre Ashraf est accusé par la justice d'avoir touché des pots-de-vin dans l'octroi de contrats gouvernementaux "illégaux" d'approvisionnement en électricité.

Avec AFP

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