L’hiver tunisien

L'assassinat de Chokri a poussé des milliers de Tunisiens à manifester mercredi contre Ennahda.
L'assassinat de Chokri a poussé des milliers de Tunisiens à manifester mercredi contre Ennahda.

En réaction à l'assassinat du dirigeant de l'opposition laïque Chokri Belaïd et aux manifestations, Hamadi Jebali a annoncé une dissolution du gouvernement. Suffira-t-il à éteindre dans le feu de la colère ?

Après le printemps, la Tunisie connaît l’hiver. A la crise économique, ce pays voisin vit une crise politique particulièrement aiguë. Le mode opératoire est digne des professionnels du crime : deux hommes à moto, un pistolet et quatre balles. Et l’opposant est tué. Mais au-delà l’assassinat de Belaïd Chokri révèle la difficile transition que connaît le pays et les tensions politiques sous-jacente à la transition. L’enjeu d’abord est la rédaction d’une constitution. Elle aurait dû être adoptée en octobre dernier. Mais rien ne fut fait. L’assemblée constituante est paralysée par les courants islamistes qui entendent tailler la loi fondamentale à leur mesure.

Ce crime politique est surtout un symbole, en ce sens qu’il s’attaque frontalement à ceux qui se dressent devant les islamistes. 

Un nouveau gouvernement de technocrates sera désigné par Djabali. Hier l’annonce de l’assassinat de Chokri a fait sortir les gens dans la rue. Les accusations contre Ennahda ont très vite fusé parmi les manifestants en colère. Un appel à la grève générale et à manifester jeudi a été lancé hier. Tunis retient son souffle.

Ce jeudi matin la police a déployé un important dispositif de sécurité dans le centre de Tunis. Aucun appel à descendre dans la rue n'a été lancé par les partis d'opposition ou les syndicats. Toutefois, les rassemblements de la veille dans plus d'une dizaine de villes ont été spontanés. La réaction populaire a été violente. Elle renseigne sur le degré d'exacerbation contre le gouvernement qui traverse la société.

Belaïd, l’opposant

L’homme se savait menacé. Militant d’extrême gauche intransigeant, Belaïd Chokri ne pardonnait rien au gouvernement islamiste. Courageux avocat des familles du bassin minier tunisien et des militants syndicalistes, il gênait beaucoup. Notamment les islamistes. Belaïd Chokri était connu pour son franc-parler. Certains évoquent une mise à prix de sa tête sur internet. Le coupable est vite désigné : la mouvance salafiste, qui a intérêt à semer le chaos en Tunisie. D’autres pointent directement Ennahda, le parti au pouvoir. 

Avec ce énième assassinat, la Tunisie a-t-elle assez de ressort pour se relever de cette crise ? Le virage est redouté.

Hamid Arab

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Commentaires (1) | Réagir ?

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hamid djeffer

la dgse, les service secret francais sont respnsable pour cette tuerrie