Iran : l'ancien procureur de Téhéran, proche d'Ahmadinejad, arrêté

Saïd Mortazavi.
Saïd Mortazavi.

L'ancien procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, un proche du président Mahmoud Ahmadinejad, a été arrêté lundi soir, ont rapporté mardi les médias officiels iraniens sans donner les raisons de cette arrestation.

M. Ahmadinejad a violemment attaqué le pouvoir judiciaire en affirmant qu'il s'agissait "d'un acte hideux". "A mon retour à Téhéran, je vais m'occuper de cette affaire", a ajouté le président, avant de s'envoler pour Le Caire où il doit participer au sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). M. Mortazavi, actuellement à la tête de l'organisme de la Sécurité sociale, a été arrêté à 23h00 (19h30 GMT) alors qu'il quittait son bureau, et a été incarcéré dans la nuit à la prison d'Evine, dans le nord de Téhéran, selon les médias.

Ex-procureur général de Téhéran, il est visé par une enquête judiciaire pour son rôle dans la mort dans la prison de Khahrizak (sud de Téhéran) de plusieurs manifestants arrêtés lors du mouvement de protestation ayant suivi la réélection contestée de M. Ahmadinejad en 2009. A la suite des décès, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, était intervenu personnellement pour ordonner la fermeture du centre de détention.

M. Mortazavi a été dimanche au centre d'un débat houleux au Parlement. Le président Ahmadinejad et le président du Parlement Ali Larijani se sont respectivement accusés de corruption, de népotisme, d'immoralité, des accusations sans précédent entre deux dirigeants en guerre ouverte depuis plusieurs mois.

M. Ahmadinejad a fait diffuser une vidéo dans laquelle, selon lui, Fazel Larijani, l'un des quatre frère du président du Parlement, demande à Saïd Mortazavi des pots-de-vin en contrepartie d'un soutien politique de ses frères notamment concernant son dossier judiciaire et les attaques contre lui au Parlement. Fazel Larijani a dénoncé une conspiration, affirmant qu'il allait porter plainte contre MM. Ahmadinejad et Mortazavi. Des députés et des membres du pouvoir judiciaire ont aussi critiqué la diffusion de la vidéo, expliquant qu'il était interdit de faire des enregistrements à l'insu des gens et qu'il fallait un mandat judiciaire.

Le président Ahmadinejad a vivement dénoncé l'arrestation de M. Mortazavi. "Une personne (Fazel Larijani, ndlr) a commis un délit mais quelqu'un d'autre (Saïd Mortazavi, ndlr) est arrêté et c'est un acte hideux", a-t-il dit, selon l'agence Irna. Il a aussi attaqué la justice et la famille Larijani, l'un des frères du président du Parlement, l'ayatollah Sadegh Larijani, étant le chef de l'autorité judiciaire. "Le pouvoir judiciaire appartient au peuple et n'est pas une société spéciale familiale", a-t-il lancé.

La famille Larijani a pris un poids grandissant ces dernières années dans la vie politique iranienne. Outre Ali et Sadegh, Mohammad Javad Larijani est conseiller spécial pour les Affaires internationales auprès du chef de l'autorité judiciaire. Ancien diplomate et député, il dirige aussi le Centre des droits de l'Homme de la justice.

Fazel est quant à lui à la tête l'université libre islamique d'Amol (nord de l'Iran) alors que Bagher dirigeait jusqu'à fin décembre la Faculté de médecine de Téhéran jusqu'à la destitution de la ministre de la Santé, Marzieh Vahid Dastjerdi, justement parce qu'elle avait notamment refusé la mise à l'écart de ce dernier.

AFP

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