Algérie, flash-back d’une histoire de sous-développement

Bouteflika, symbole d'un Etat figé dans le temps.
Bouteflika, symbole d'un Etat figé dans le temps.

Au lendemain de l’indépendance, deux éléments essentiels ont conditionné le devenir de l’Algérie. Il s’agit du choix de l’idéologie socialiste, d’une part, et de la nature prédatrice des prétendants au pouvoir, d’autre part.

Si le choix de l’idéologie socialiste s’est imposé de lui-même depuis l’indépendance comme conséquence de la sympathie et de l’appui apportés par le bloc de l’Est à l’Algérie durant la lutte de libération; c’est la nature des hommes au pouvoir qui a fini par déstructurer la société algérienne et l’installer dans un sous-développement permanent.

En effet, pendant que les vrais moudjahidines se sacrifiaient pour l'indépendance de l'Algérie, des révolutionnaires des frontières associés à des caporaux de l'armée française s'organisaient pour usurper le pouvoir. Ils l'ont conquis de façon absolue par les armes au nom d’une certaine légitimité historique qu'ils n'auront jamais. Pour ces hommes, le développement du pays était dès le départ un souci moins que secondaire. Bien entendu, en dehors des discours super-nationalistes, l’ultime objectif était la prise et le maintien exclusif du pouvoir et son renforcement. Ainsi, dès le départ, un système fondamentalement apolitique allait progressivement se construire.

Bien que l’idéologie socialiste soit sans rapport direct avec la structure sociale des algériens, elle a été adoptée en confondant de façon factice l’égalitarisme à la notion de ‘????? ????????? = justice et égalité’ en Islam. Comme la société algérienne sortait du néant, en distribuant quelques ressources (scolarisation générale, médecine gratuite, octroi de postes de travail, ..), le régime a pu négocier et instaurer une forme de paix sociale.

Ainsi, le totalitarisme et la gestion centralisée top-down se sont instaurée pour prendre la société en otage et bloquer toute initiative individuelle ou de groupe. L’Etat contrôle et monopolise toute activité aussi insignifiante soit-elle.

Les années 70

L’élite à qui on a confié la politique industrielle était d’une incompétence et d’un manque de perception en planification stratégique que ne pouvait égaler que son arrogance et sa servitude. La politique industrielle et économique adoptée est mal partie puisqu’elle a promu le concept de l’économie planifiée et le concept de l’industrie industrialisante. Cette industrie lourde des années 70 était principalement basée sur la création de grandes usines et les grandes entreprises nationales à gestion centralisée. Dans ce système politique d’industrie industrialisante, les entreprises sont le bien exclusif de l’état, le mode de gestion était une reproduction du comportement politique dans l’économique et l’industriel. Il se caractérise par l’absence de compétition et par une bureaucratisation effrayante, les pénuries, la crise de logement, l’échec de la révolution agraire, etc.

Si ce type d’industrie a permis le développement de grands pays dans les années 40-60 (USA, URSS), il est devenu inapproprié vingt années plus tard. Le mode de gestion des années 70 tendait plutôt vers l’automatisation, la miniaturisation, l’économie d’énergie, et la gestion flexible des entreprises pour permettre une adaptation rapide aux variations du marché et à la compétition internationale.

Il existe, malgré toutes ces critiques, un point positif, c’est la bonne et forte scolarisation et formation qui ont été relativement bien réussies.

Les années 80

Incapable de s’adapter au marché capitaliste international axé sur la qualité, la compétition, et la souplesse de gestion, le modèle socialisme du point de vue gestion économique centralisée a atteint ces limites.

En Algérie, face a cet échec, l’incapacité a trouvé des alternatives pour s’adapter aux nouvelles réalités du monde a conduit à une ouverture anarchique du marché national et a la déstructuration des entreprises nationales. Un marché pseudo-libre a permis a des entreprises privées, gérées par l’opportunisme des affairistes-escrocs d'émerger en parasitant l'économie nationale. L'ère de l'importation a commencé. Parallèlement, la bureaucratie étouffante et son corollaire la corruption généralisée ont commencé à gangrener profondément toute la société.

L’effort de formation au départ (à la charge de l’état) qui a été jusque-là relativement bien réussi en pourvoyant l'Algérie en ingénieurs forme dans les meilleures universités à travers le monde allait prendre un coup. Ces ingénieurs devraient, en principe, constituer le système de veille stratégique du pays en intégrant les bureaux R&D des entreprises nationales ou privées pour assurer la maitrise, les mutations et le transfert technologiques pour ces entreprises et le pays. L’incompétence politique s’est traduite par la désignation de gestionnaires qui ne sont pas à la hauteur des enjeux du moment. Les nominations de gestionnaires (responsables) étaient beaucoup plus axées sur une base régionale, familiale, clanique. Il était plutôt question d’octroi de privilèges et d’avantages matériels, (bons d’essence gratuits, frais de mission, logement, trafic d’influence,..). Comme conséquence, ces ingénieurs ont été écartés, isolés, poussés à l’exil, etc. Les entreprises, vidées de leur substance, ont donc été vouées à la disparition ou à un fonctionnement à perte pour masquer le chômage.

En contresens, les pays comme l'Indonésie, la Malaisie, la Corée du sud, la Turquie; par une réflexion et une démarche spécifique; ont pu trouver des voies adaptées à leur réalité et ont pu intégrer et maitriser les technologies du moment pour assurer leur développement. Ils ont tant bien que mal réussi leur mutation.

Les années 90

Comme conséquence du manque de perspective et d’adaptation de l’économie nationale, un état de responsables-profiteurs et une société de consommation se sont établis basant leur équilibre sur ce qui est communément appelé l’import-import compensé par l’exportation du pétrole. Les tentatives d’ouverture de l’économie nationale vers le monde extérieur et les techniques de privatisation élaborées et cette époque, quoiqu’intéressantes, sont arrivées en retard d’une décennie. Elles se sont heurtées à la chute inattendue des prix du pétrole, au chômage, au manque d’infrastructures: logements, routes, chemins de fer, système bancaire ridicule, .. Le résultat était l’amorce d’une guerre civile dévastatrice qui a duré pratiquement une décennie.

En contresens, des pays socialistes comme la Pologne et la Roumanie, ont pu réussir leur mutation vers un développement plus ou moins harmonieux pour leur pays.

Années 2000

L’augmentation substantielle du prix du pétrole a permis de renforcer le règne de l’import-import et de renégocier une autre forme de paix sociale. Les ressources humaines nationales sont entrées dans une situation de parfaite paralysie. Alors que les algériens sont soit au chômage, soit affectés a des fonctions improductives, ce sont les grandes entreprises étrangères qui orientent et construisent les infrastructures du pays. Cette situation est typique des pays du golfe avec la différence que les algériens sont réduits a mener une vie qui si elle n'est pas misérable, est certainement pénible.

L’effort et les acquis de la formation précédemment acquises ont été perdus par la politique d’analphabétisation presque programmée et ce depuis le cycle primaire. Dans les universités, le quantitatif a annihilé le qualitatif. En particulier, s’il existe pour les pays qui veulent maintenir une avance technologique des Head-hunters dont le rôle consiste à trouver et à recruter des innovateurs et des compétences confirmées; chez nous, il existe des Head-hunters pour les neutraliser ou les chasser.

A bien observer, Il se passe pour nos centres de formation et nos universités, ce qui est arrivé pour les entreprises nationales dans les années 80, c-à-d. leur mise en échec pour justifier leur dislocation et puis leur phagocytage.

Comme conséquence, après un demi-siècle d’indépendance, l’Algérie se trouve classée parmi les pays les plus corrompus avec des universités qui comptent parmi les moins performantes. Bien sûr, le bien-fondé de ces systèmes de classements peut être discutable mais rien n’empêche ceux qui ne sont pas d’accord avec ces classements d’aller examiner la situation sur le terrain! Mieux encore, qu’ils aillent convaincre nos héros révolutionnaires et hauts responsables de prouver leur nationalisme en se soignant chez nous au lieu de se précipiter dans les centres de soins civils et militaires Français a nos frais!

En contresens, on peut constater, durant cette décennie, que certains pays comme l'Iran et la Corée du sud qui malgré l’embargo et l’hostilité de grandes puissances à leur égard, ont réussi des prouesses technologiques dans des domaines les plus complexes comme l’espace et le nucléaire.

En conclusion

Ce qui se caractérise l’Algérie dans le domaine du développement c’est le grand nombre d’opportunités et de chances ratées que l’histoire et les circonstances lui ont offert. dans le domaine, technologique, certains de ces domaines ne sont hélas plus récupérables puisqu’ils ont tout simplement été interdits (nucléaire, chimie, électronique, nanotechnologie, génie génétique, etc.).

Pour finir, je propose au lecteur d’apprécier ce poème populaire qui critiquait la politique du bloc soviétique des années soixante. Il me semble que certains fragments sont toujours d’actualité dans notre contexte, ce qui prouve que nous appartenons bien a une société figée dans le sous-developpement.

Chez nous il n y a pas de chômage, mais personne ne travaille. Personne ne travaille, n´empêche que les objectifs du plan sont atteints. Les objectifs du plan sont atteints, mais les magasins sont vides. Les magasins sont vides, mais les frigos sont pleins. Les frigos sont pleins, mais tout le monde se plaint. Tout le monde se plaint, mais on vote toujours pour les mêmes.

Abdelouahab Zaatri

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Commentaires (5) | Réagir ?

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ali Foughali

Akkadhoum n lhif.

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Massinissa Umerri

Les annees 70... - Omis l'orthographe etc., vous vous trompez completement - C'est la scolarite' et la politique qui y a ete introduite durant cette decennie qui est responsable de tous les echecs d'apres. . . Le debut de l'importation des annees 80-90 a laquelle vous faites reference est la preuve de cela, car en effet, ceux eduque's dans les 2 decennies d'avant se sont avere's ni producteurs ni productifs. Ces durant ces annees que l'arabisation a commence' - c. a. d. la reinterpretation du language francais de toute sorte incluant technique, a la methode arabe... Mais comme la langue Arabe n'a de substance que ce que la religion qui la develope'e lui offre - on se retrouve avec une syntaxe franco-latine et une semantique islamo-arabe. Je dis bien islamo-arabe et non arabo-islamique pour signifier qu'il s'agit d'une rationelle islamique exprime'e/envelope'e dansla langue Arabe - Or, l'islam comme toute religion d'ailleurs, sont depourvues de logique, et la technologie et son developement en requirent beaucoup... En quel

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