Vaste opération de démolition des constructions illicites à Oran

Des centaines de milliers de familles algériennes vivent encore dans des bidonvilles.
Des centaines de milliers de familles algériennes vivent encore dans des bidonvilles.

Dans le cas des branchements illicites aux réseaux, les sociétés Sonelgaz et Seor mises à l'index.

Alors la reprise d’une vaste opération "non-stop" de démolition des constructions illicites va être bientôt déclenchée, avec comme premières cibles les bidonvilles de Mers El-Kébir, Aïn El-Turck et El-Hassi, le "scandale" des raccordements de complaisance aux réseaux de Sonelgaz et de Seor a jeté fatalement son ombre sur les dernières réunions de l'exécutif. La dénonciation vient, cette fois-ci, du premier responsable du secteur militaire de la 2e Région qui a fait part au wali de son effarement quant à l'ampleur des foyers en parpaing branchés aux poteaux d'électricité - et pourvus de compteurs pour la plupart -, dans les bidonvilles tentaculaires qui pullulent dans le périmètre, El-Hassi, Couchet El-Djir, Coca-Cola.

Plus qu'un effet ou résultat de l'auto-construction sauvage, de tels raccordements irréguliers en sont un facteur stimulant, un élément incitatif, estime-t-on. En ce sens que celui qui entreprend d'acheter une parcelle de terrain auprès du "réseau" foncier du coin est assuré d'avance qu'il disposera, tôt ou tard, des sources domestiques (eau, gaz et électricité) dans son futur chez-soi, sans qu'il ait besoin de «voler» ces précieux produits du tuyau et du torsadé d'à-côté. "Nous avons écrit, sensibilisé, tenu des réunions, mis en demeure, réitéré les mises en garde… mais en vain ! Le phénomène persiste, les habitations illicites, un peu partout, continuent d'être alimentées par la Sonelgaz et la Seor.On peut sévir autrement que par les rappels à l'ordre contre ce fait. Je suis en mesure de déclencher des enquêtes pour sanctionner les responsables et les agents impliqués dans ces branchements illégaux", a averti le wali sur un ton menaçant.

La responsabilité des deux opérateurs publics, en tant que personnes morales, est également engagée, selon le wali, qui a expressément averti les services de Seor et de Sonelgaz contre les conséquences des raccordements qui n'obéissent pas à la procédure règlementaire. Se réservant donc le droit d'ouvrir des enquêtes administratives pouvant aboutir, plus qu'à la sanction disciplinaire, aux poursuites judiciaires contre les contrevenants, le souci du chef de l'exécutif, pour l'heure, c'est de raser de la carte les constructions illicites, dont les bidonvilles d'El-Hassi et du lieudit "Coca-Cola". Pour ce faire, Sonelgaz et Seor seront saisies - si elles ne l'ont pas été déjà - à l'effet de couper l'électricité et l'eau au niveau du périmètre ciblé, avant l'entrée en jeu des engins. Sur ce point logistique, justement, le wali a instruit son staff exécutif de "mobiliser le maximum de moyens matériels et humains, en vue de la grande opération d'El-Hassi et de Coca-Cola". "De notre côté, nous allons réquisitionner les services de l'ordre pour le déploiement d'un imposant dispositif sécuritaire  le jour J. Qu'il soit bien clair, il s'agit d'une opération de grande frappe, au bout de laquelle ne devra rester aucun parpaing sur place". Rappelons que le raccordement d'un foyer au réseau d'électricité comme à celui d'eau doit se faire sur dossier dûment constitué par l'abonné, le wali s'est étonné que des bidonvilles de fraîche date soient alimentés en eau et en électricité, voire aussi en gaz naturel, le plus normalement du monde. Non seulement l'installation de compteurs d'eau et  d'électricité dans une maison illicite encourage d'autres candidats à l'auto-construction en noir, lesquels s'équiperont à leur tour de compteurs par le même mode d'emploi ou, par défaut, se connecteront clandestinement à la conduite AEP et au poteau d'à-côté, mais elle pénalise durement les habitants de toute la région, qui en subiront les contrecoups : chutes de tension, coupures récurrentes, faible débit d'eau, voire robinet à sec durant de longs intervalles… De tels raccordements effectués par les services compétents faisant fi du formalisme administratif pose un autre casse-tête : celui lié à la problématique de passer à l'action de démolition de ces constructions illicites branchées aux lignes de basse et moyenne tension ainsi qu'au réseau d'adduction de l'eau potable.

En raison de la configuration en toile d'araignée des connexions eau et électricité qui se font dans les bidonvilles, il n'est pas toujours évident pour les gestionnaires des réseaux de pouvoir mettre «out» ces périmètres et de les isoler avant de procéder à la démolition. En général, les coupures volontaires de l'eau et de l'électricité à l'occasion de démolitions d'une certaine ampleur sont opérés plusieurs kilomètres à la ronde, pénalisant des milliers d'habitants "innocents" et ce, du fait que tout le secteur est coupé à défaut de pouvoir couper  uniquement le petit périmètre ciblé. De plus, pour l'eau comme pour l'électricité -et très rarement pour le gaz puisque le branchement à cette source d'énergie domestique est beaucoup mieux géré-, le démantèlement de tels petits maillons du circuit sectoriel a une facture.

H. Medjadji

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Khalida targui

c'est toujours ceux qui ne sont pas pistonnés qui vont trinquer, pourquoi laisser des gens se ruiner pour construire une maison puis la houkouma se reveille fissa pour demollir. Illicites, mais tout est illicite chez nous à commencer par nos dirigeants