Mali : percée des islamistes vers le sud, l'armée en déroute

Ansar Dine, Aqmi et le Mujao ont unifié leurs forces pour avancer vers le sud.
Ansar Dine, Aqmi et le Mujao ont unifié leurs forces pour avancer vers le sud.

Le groupe Ansar Dine appuyé des éléments d'Aqmi et du Mujao battu l'armée malienne à Konna (70km de Mopti). Prochaine ville visée par les narco-islamistes ? Mopti.

A quoi joue Ansar Dine, alors qu'il annonce la reprise des négociations le 21 janvier avec le MNLA à Ouagadougou, il prend part en même temps à l'offensive des groupes narco-islamistes passé à l'offensive depuis lundi. En trois jours, la donne change. Les islamistes armés contrôlant le nord du Mali sont entrés jeudi dans la localité de Konna (650 km de Bamako), après des affrontements avec l’armée qui tenait cette zone, a dit à l’AFP un responsable du groupe jihadiste Ansar Dine, assurant qu’ils allaient continuer leur progression vers le Sud. "Nous sommes actuellement à Konna pour le jihad. (...) Nous contrôlons la cité presque en totalité. Après, nous allons continuer" à progresser vers le Sud, a dit Abdou Dardar, joint par téléphone depuis Bamako et dont les propos ont été traduits à l’AFP par un interprète nigérien.

Il a affirmé parler au nom de tous les jihadistes. Le nord du Mali est occupé depuis plus de neuf mois par Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui prônent tous l’application de la charia (loi islamique). Abou Dardar ne s’est pas exprimé davantage. Sa déclaration était la première d’un responsable jihadiste à l’AFP depuis le début des mouvements de troupes lundi.

Sollicité par l’AFP, l'état-major de l’armée malienne basée dans la ville de Mopti, près de Konna, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. Mais la présence des islamistes dans Konna a été confirmée à l’AFP par des habitants de la localité, selon lesquels les combats avaient baissé d’intensité jeudi en milieu d’après-midi. "Je ne vois plus l’armée malienne, je ne sais pas ce qui se passe. Mais je sais que les islamistes ont quitté Boré pour venir à Konna", a affirmé un des habitants, inquiet.

Boré, au nord de Konna, est une localité contrôlée par les islamistes qui, selon une source sécuritaire régionale, ont été engagés jeudi après-midi dans des combats avec l’armée dans la périphérie de Konna. "L’armée cherche à résister, d’après nos informations", a ajouté cette source. Un autre habitant de Konna a indiqué avoir vu les islamistes dans le centre-ville de la localité. A Mopti, deux témoins ont affirmé avoir vu un hélicoptère de l’armée décoller, probablement en direction de Konna.

D'autres sources d'informations ont observé que depuis une semaine, soit juste après qu'Iyad Ag Ghaly avait dénoncé les accords d'Alger, que les trois organisations narco-islamistes (Aqmi, Ansar Dine et le Mujao) avaient massé leurs forces non loin des villes de Konna et de Mopti. En définitive, les déclarations intempestives du capitaine Sanogo, chef  des putschistes malien n'ont servi à rien du tout. Tant l'armée malienne n'a pas tenu ses positions devant les narco-islamistes. 

Le Mali demande l'aide internationale

Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé l'aide militaire de la France pour repousser une offensive des groupes armés islamistes, ont indiqué jeudi soir des diplomates après des consultations au Conseil de sécurité sur leMali, le jour même où les islamistes armés qui contrôlent le nord prenaient une localité du centre du pays. Le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s'adresserait vendredi à la nation.

Des témoins et un responsable ont indiqué que des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers étaient arrivés jeudi à Sévaré, dans le centre du Mali, où l'armée dispose d'un poste de commandement opérationnel et qui est proche de Konna, la localité prise le même jour par des islamistes. Aucune indication précise n'avait toutefois pu être obtenue dans l'immédiat sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers.

A la suite de la résolution 2085, le Conseil de sécurité a validé un plan d'intervention d'une force militaire internationale dans le Nord-Mali. Mais du fait de contraintes logistiques notamment, aucune force africaine ne semble en mesure de se déployer avant septembre, d'où la possibilité que les puissances mondiales décident d'agir plus tôt, a noté un diplomate onusien.

L.M./AFP

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