Rapt de touristes en 2003 au Sahara : perpétuité pour Gharbia Amar

Abderrazak El Para, le grand absent du procès qui a eu lieu au tribunal criminel d'Alger.
Abderrazak El Para, le grand absent du procès qui a eu lieu au tribunal criminel d'Alger.

Un Algérien, Gharbia Amar, jugé pour son implication dans l'enlèvement de 15 touristes étrangers, dont dix Allemands dans le Sahara en 2003, a été condamné mardi à la réclusion à perpétuité par le tribunal criminel d'Alger.

Qualifiant le rapt des touristes de "très dangereux", le procureur a considéré que de tels actes "portent atteinte à l’intérêt sécuritaire et économique du pays" et estimé que les "opérations sanguinaires" commises depuis 1996 par le groupe terroriste impliqué dans cette l’affaire sont "innombrables". "Ils ont massacré des citoyens, des militaires et des gardes-frontières dont le seul tort était d’être au mauvais endroit, au mauvais moment", a-t-il accusé lors de plaidoirie. 

Un Malien, Youcef Ben Mohamed, jugé pour la même affaire a été disculpé mais a écopé de sept ans de prison pour appartenance à un groupe terroriste armé, a annoncé son avocate Hassiba Boumerdassi. En plus de cette accusation, les deux hommes répondaient de trafic et importation d'armes prohibées. "Le jugement n'est pas satisfaisant car tous deux ont été détenus durant six ans par les Tchadiens qui les ont arrêtés en 2004 avant de les remettre en 2010 aux Algériens", a rappelé Me Boumerdassi.

"Son client, a-t-elle expliqué, a été arrêté au Tchad et il ne comprend pas pourquoi c'est l'Algérie qui le condamne pour appartenance à un groupe armé terroriste, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique - Aqmi - en 2006). Le parquet avait requis la peine capitale contre M. Amar, 39 ans, et la perpétuité contre M. Ben Mohamed, qui obéissaient à Amari Saifi, alias Abderrezak El Para, ancien numéro deux du GSPC". 

El Para, identifié par la justice algérienne comme le principal instigateur des enlèvements, ainsi son bras droit Kamel Djermane, dit Billel Abou Abdeldjalil, sont emprisonnés depuis 2004 et toujours dans l'attente de leur jugement. Selon l'arrêt de renvoi, MM. Amar et Ben Mohamed ont reconnu leur participation à plusieurs opérations, dont trafic d'armes et assassinats, depuis leur adhésion au GSPC. Le premier a aussi reconnu sa participation à un accrochage au Tchad à la fin 2003 entre le groupe d'El Para et les forces tchadiennes, au cours duquel il avait été fait prisonnier.

Dans l'affaire des enlèvements des touristes, quatre hommes, trois Algériens et un Yéménite, ont déjà été condamnés en 2009 par contumace à la perpétuité. Seul le chef du GSPC pour le Sahara Amari Saïfi semble pour le moment échapper aux condamnations. Toujours sous mandat de dépôt, il pourrait même, selon certaines sources, bénéficier de la loi sur l'amnistie. El Para a affirmé au magazine Paris Match (5-11 août 2004) qu'il a été officier des forces spéciales de l’armée puis chef des gardes du corps du ministre de la défense, Khaled Nezzar, entre 1990 et 1993. Dans le même magazine, Abou Haïdara nie être au service de Ben Laden. Arrêté par un groupe rebelle tchadien, il sera livré à la Libye de Kadhafi qui l'a remis par la suite aux services de sécurité algériens.

Capturés début 2003, les touristes avaient été libérés en deux groupes plus tard dans l'année, l'un lors d'une opération militaire, l'autre contre une rançon. Un otage, une femme, était morte en captivité.

Yacine K./Agences

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