Centrafrique : 150 paras français pour protéger Bangui

Les soldats français au secours du président Bozizé.
Les soldats français au secours du président Bozizé.

Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2012, environ 150 militaires français en provenance des Forces Françaises au Gabon (FFG) ont été déployés en République Centrafricaine (RCA) à Bangui, en mesure d' assurer "si nécessaire" la sécurité des ressortissants et des emprises diplomatiques françaises, selon une information publiée vendredi soir sur le site internet du ministère français de la Défense.

Cependant il est difficile à croire que ce sont les ressortissants français qui font déplacer un tel contingent. La fin de la Francafrique n'est pas pour aujourd'hui, contrairement à ce que déclarait François Hollande. Depuis le 26 décembre, ce sont les militaires français de l'opération Boali, dont une compagnie du 8e régiment parachutiste d' infanterie de marine stationnée sur l'aéroport de Bangui, qui ont assuré la sécurité des ressortissants et des emprises françaises de la capitale. Cette compagnie a été renforcée le 28 décembre au matin par une compagnie de légionnaires du 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) en mission de courte durée au Gabon, indique la même source.

La France est présente en République Centrafricaine depuis 2002 dans le cadre de l'opération Boali. Celle-ci vise à apporter un soutien logistique, administratif, technique et si besoin opérationnel à la MICOPAX (Mission de consolidation de la paix en République Centrafricaine). Les militaires français assurent par ailleurs des missions de formation des forces armées centrafricaines (FACA) tout en restant en mesure d' assurer la sécurité des ressortissants français si la situation l'exige, toujours selon l'information sur le site internet du ministère français de la Défense.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi devant l'ambassade de France en Centrafrique pour exprimer leur mécontentement face au manque de soutien de la France dans les combats contre la coalition rebelle du Séléka en progression. Certains d'entre eux ont lancé des projectiles vers l'ambassade de France.

Par ailleurs, le président français François Hollande a déclaré jeudi que la présence militaire française en République centrafricaine n'a pas pour but d'intervenir dans les affaires intérieures centrafricaines mais de protéger les intérêts et les ressortissants de la France dans ce pays. "Si nous sommes présents, ce n'est pas pour protéger un régime, c'est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d'un pays, en l'occurrence la Centrafrique", a indiqué jeudi matin le chef de l'Etat français en marge d'un déplacement au marché de Rungis. Le président français a l'art de manier un langage à tiroirs. Depuis quand une présence militaire française dans un pays indépendant n'est pas une ingérence intérieure ? Derrière le prétexte de protéger les ressortissants français c'est en vrai le président Bozizé qui l'est aussi, car les forces françaises servent de forces de dissuasions et de protection de la capitale Bangui. 

La République centrafricaine est en train de tomber entre les mains de la rébellion du Séléka. Sa fulgurante progression semble en tout cas mettre en péril le pouvoir actuel du pays. Après s'être emparé au début du mois de décembre de la quasi-totalité des grandes villes du nord-est, la coalition rebelle est aux portes de Bangui, la capitale centrafricaine. Le président Bozizé et ses ministres ont appelé la France au secours. Le pouvoir a même suscité une attaque de l'ambassade de France à Bangui pour réclamer l'intervention française. Il a réussi. François Hollande lui a répondu en envoyant des parachutistes.

Les insurgés, qui accusent le président François Bozizé de ne pas avoir respecté les termes d'un accord de paix conclu en 2007, ont repris les armes le 10 décembre et se trouvent désormais aux portes de la ville. Ils ont annoncé jeudi avoir suspendu leur offensive pour permettre l'ouverture du dialogue. "Notre dernière chance (...), c'est le dialogue avec les rebelles", a estimé vendredi un chauffeur de bus interrogé dans le centre de la capitale. De nombreux bateaux chargés de bagages ont traversé l'Oubangui pour gagner la République démocratique du Congo, sur l'autre rive, et le trafic routier s'est intensifié en direction du Sud. Ceux qui n'ont pas quitté la ville font des provisions et prient pour le succès de la médiation internationale.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi les attaques rebelles récentes en République centrafricaine et a appelé toutes les parties à chercher une solution pacifique à la crise actuelle à travers un dialogue politique. "Les membres du Conseil de sécurité réitèrent leurs profondes inquiétudes par rapport à la situation en Centrafrique", indique un communiqué de presse publié jeudi soir par l'organe de 15 nations.

Yacine K./agences

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