Cessez de staliniser l'Algérie !

Le système enchaîne les scénarios pour leurrer une tranche du peuple en sensibilisant une partie contre l'autre.
Le système enchaîne les scénarios pour leurrer une tranche du peuple en sensibilisant une partie contre l'autre.

La crise qui orne le quotidien algérien ne cesse de se muer en un désastre qui ronge notre souveraineté. A vrai dire, l'histoire de notre mise en émancipation du joug colonial interprète visiblement ce retour graduel et avéré vers une dictature à la manière stalinienne qui s'implante davantage.

Une histoire comblée d'intrigues politiques avec comme moyens le maniement latent de magouilles pour éliminer tous les hommes intègres, compétents, ceux qui ont planifié la triomphante chute du mythe français. Une espèce de mise en scène se répète pour nous faire croire en une Algérie autonome, démocrate, loin de toute dépendance. Un nationalisme dénaturé se voit lors des discours officiels, des oraisons funèbres, des allocutions destinées à dévoyer l'opinion nationale en imposant des dogmes qui stimulent la haine patriotique, consolident le tribalisme. En cultivant un narcissisme morbide, une grave fissure déchire le tissu social, altère les rapports humains pendant que la méfiance s'installe pour devenir une monnaie très répandue entre frères d'une même famille.

La récente révolte des Kabyles a révélé l'omniprésence certaine d'un vide multidimensionnel, résultat d'une stratégie rétrograde constituée pour éterniser la cécité populaire. L'absence confirmée d'une prise en charge des soucis pluriels du peuple a été la mèche dévoratrice d'un silence consumé par la brutalité et la fureur. Les fausses prévisions du Pouvoir, qui a exhibé d'ailleurs, comme dans le cas de l'actuelle crise de l'enseignement, sa fielleuse insouciance quant aux besoins de la nation en matière de droits ont abouti à cette historique insurrection. Ces événements qui ont secoué le pays ont sondé la consistance du pessimisme au sein de ces insurgés. Le mépris, la malvie, le chômage ont lugubrement alimenté le courroux de la région. Devant l'avancée outrancière de la tyrannie, le devoir primordial de chacun est de veiller sur la nécessité d'une exhortation massive à la solidarité et la sagesse afin d'éviter un retour cruel à l'ère opiacée du parti unique où le concept liberté signifiait pouvoir des uns à exterminer les autres. Une forme de révolution s'ébauche à l'horizon tant le besoin en justice devient une urgence thérapeutique pour un peuple malade de ses institutions, un peuple séculairement connu comme étant l'ennemi féroce de l'esclavage. 

La façon dont se traitent les choses dans notre pays annonce le début d'une dérive qui met à nu un système délétère depuis l'enfantement détourné de la démocratie. L'état hybride de la nation, livrée à toutes sortes de pathologies, est la besogne accomplie de ceux qui se sont approprié l'édifice de la patrie en instaurant un césarisme qui a réduit tout un peuple à un cheptel privé de tout droit à l'expression. La mise en œuvre de l'appareil oppressif a fait de ce pays une aire propice au pullulement de toutes sortes d'usurpations institutionnalisées par le mépris et la violence. Le recours manifeste à l'usage d'agissements diaboliques pour infliger un mutisme, à la fois pesant et continuel, au peuple qui résiste toujours au phénomène de l'étiolement progressif de son atavisme a créé cet état de complication dans la gestion des affaires épineuses que vit la nation. Mis à part la crise que traverse le pays sur tous les plans, la question éducative reste un événement majeur qui occupe l'actualité nationale de par sa complexité, un événement que le Pouvoir veut exploiter pour des fins aussi machiavéliques qu'électoralistes. La fissure qui s'est manifestée entre les enseignants du secondaire et la tutelle est le fait d'une politique qui tire son origine du régime comme pour troubler ce mouvement pourtant légal sur le plan juridique en usant de tout genre de combinaisons. La situation politique du pays présage d'une instabilité très pernicieuse qui menace l'unité nationale, une précarité qui se voit à travers le traitement superficiel destiné à mettre au rebut les revendications tant légitimes de ces éducateurs.

Des scénarios s'enchaînent au quotidien pour leurrer une tranche du peuple en sensibilisant une partie contre l'autre. La solution réservée au nœud éducatif dévoile les intentions dangereuses de ce gouvernement qui expose toutes ces masses estudiantines à une véritable débâcle suite au gâchis politique qu'il vient d'adopter en menaçant les 60 000 grévistes de radiation. Une mesure inique, voire insolite qui nous informe d'ailleurs sur l'indifférence absolue de ces autocrates à l'égard d'une problématique d'envergure nationale en usant d'un style d'intimidation qui évoque les feuilletons sordides de l'ère sombre de l'Algérie du monopartisme. Les sorties fracassantes du média lourd, qui se plaît dans l'art de cultiver la propagande pour exécuter une guerre psychologique à l'encontre de ceux qui revendiquent leur constitutionnel droit à la syndicalisation, exercent une hypocrisie journalistique qui défie les moindres normes de la déontologie. Une rupture inévitable prend forme entre les rebelles de la classe prolétaire du peuple et les soi-disant chefs, garants officiels des intérêts suprêmes de la nation algérienne. Les machinations qui se succèdent à dessein de nuire à la structure indéfectible de ce mouvement ne font qu'arborer la barbarie flagrante de nos dirigeants qui continuent d'enflammer le pays par leurs dédaigneuses décisions de provoquer des noyaux de conflit pour mieux ancrer la discorde entre les rangs du peuple et sonder l'effet dévastateur d'une campagne qui vise à réhabiliter un Président bradeur de la dignité algérienne. Ce dramatique conflit accule sûrement les consciences à lutter, sans relâche, pour la reconnaissance de la citoyenneté. Le changement souhaité demeure une aspiration utopique face à l'ascension calamiteuse des idéologies soporifiques telles que le baâthisme, considéré comme étant le suaire de l'avenir algérien. La prise de conscience qui dérive de la résistance de ces courageux professeurs fait naître, quand même, un espoir de démettre éternellement ces envahisseurs de la république.

Akbou, Chekri Rachid

Enseignant-écrivain

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Commentaires (4) | Réagir ?

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amazigh zouvaligh

L’Algérie a été stalinisée en 1957 avec l'assassinat de l’architecte de la révolution en l’occurrence Abane Ramdane le visionnaire, l'universaliste;le patriote, en 1962 Ben Bela et Boukharouba les arabo baathistes;communistes;étaient passés au stade final, celui de l'arrimer aux archaïsmes primitifs du bédouinisme qui l'ont détruite!

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Nader Lami

Je fus surpris par la prolixité de notre cher Confrère Mr Chekri dont les textes sont soigneusement écrits, et par dessus le marché pleins de fioritures langagières que j'apprécie énormément. Des preuves accablantes ne sont pas en reste quant à la culpabilité de ce pouvoir grabataire dont l'argent est son seul soucis. Je vous salue au passage Mr Chekri pour votre courage et votre soncérité. Des hommes comme vous sont indispensables pour changer un tant soit peu de ce qui reste à changer. La situation est très grave; rassemblons nous pour sauver le peu qui reste. Mld

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