Nous autres Algériens : tristesse, bonsoir tristesse !

Nous autres Algériens : tristesse, bonsoir tristesse !

A force de ne pas voir assez de joie autour de moi, j’en avais conclu que je n’étais pas le seul maudit.

J’ai juste cette envie, de m’arrêter un peu sur ce qu’il me semble évident, ce sentiment de tristesse et de malheur qu’éprouve l’algérien en âge de réfléchir depuis si longtemps, au fil des générations. Bien avant même que le célèbre chanteur El Anka durant la colonisation française, n’entonna des mots que ne cessent encore de reprendre mêmes la gente d’aujourd’hui : "Mon cœur toujours triste, je cherche la cause de mon malheur et je ne rencontre que moi-même. Je n’ai ni fais fortune, ni frôlé les ruines".

J’ai cru longtemps que seul moi, né de parents de conditions modestes, éprouvait, et éprouve encore aujourd’hui ce sentiment, alors que ma cervelle pourtant s’est éclaircie après des années d’exil et que mon cœur n’est plus en peine. Les gens de ma génération avaient toutes les raisons de la tristesse. Nous étions nés durant la guerre d’Algérie, période durant laquelle tout manquait, où l’on vivait du strict minimum. Nous étions assez marqués, un peu immunisés contre le bonheur, adultes avant que d’être. Mais dirait-on, nous n’avions pas eu de chance, d’être venus au monde durant  la guerre.

A force de ne pas voir assez de joie autour de moi, j’en avais conclu que je n’étais pas le seul maudit. Et même les jeunes, d’aujourd’hui éclatent vraiment de «joie» que lorsque l’équipe nationale de football triomphe en match officiel. Sinon toujours tant de morosité dans les rues d’Algérie. "Un peuple malheureux", écrivit tant de chroniqueurs.

Il y a quelques jours, j’ai commis un article (1) court, que le journal électronique le matin dz a eu l’amabilité de publier. J’ai été ému, peiné d’un commentaire d’une internaute : "Vous êtes bien optimiste monsieur, c'est normal vous êtes dans l'autre monde, ici au bled on ne sait pas ce que c’est être heureux, on n'est pas malheureux, on ne se pose pas la question". Je voulais lui répondre que depuis tant de temps, j’y suis au bled et que souvent je pense comme elle. Et ce n’est guère  des gamineries ou le spleen des adolescents.

De Boghni, Amokrane Nordine

1) En ce monde… en souvenir d’un autre

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (6) | Réagir ?

avatar
Wali Ould

Sur un classement mondial de bonheur. l'algerie est classe premier en afrique selon une organisation. faut chercher sur net. mais pour moi je pense que tout est faux au contraire premier en malheureux de monde

avatar
Quelqun EncoreQuelqun

Pour compléter le tableau assez sombre que vous dressez, voici ce qu'écrivait Pierre Corneille à propos du thème du désespoir et de tout ce qui l'accompagne:

ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie...

ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,

Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,

Tant de fois affermi le trône de son roi,

Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?

ô cruel souvenir de ma gloire passée !

Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !

Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !

Précipice élevé d'où tombe mon honneur !

Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,

Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?

Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;

Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;

Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne

Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.

Et toi, de mes exploits glorieux instrument,

Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,

Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,

M'as servi de parade, et non pas de défense,

Va, quitte désormais le dernier des humains,

Passe, pour me venger en de meilleures mains

Quim dhi lahna

visualisation: 2 / 6