Le bâton est-il l'avenir de la femme ?

les institutions et surtout le code de la famille sont loin de sécuriser les Algériennes dans leur propre pays
les institutions et surtout le code de la famille sont loin de sécuriser les Algériennes dans leur propre pays

"Tout le monde faiblissait… sauf les femmes- En dépit de la faim, de la maladie, de la guerre, de la sécheresse, - Elles continuaient de balancer les berceaux, - Sauvant nos fils."

D’après l’Unicef, la première cause de décès et de blessures dans le monde est la violence faite aux femmes. Au moins une sur trois dans le monde a été battue ou violée. En cette période de crise économique, ce mortel sexisme n’est plus tabou et on en parle parce qu’il coûte à la santé publique. Aux USA on l’estime à 5,8 milliards de dollars par an (1). En Europe 30 à 40% des blessés qui atterrissent aux urgences sont des femmes battues. Tous les trois jours, une femme en France meurt à la suite de coups de son conjoint. Aux Bangladesh sur 100 femmes qui meurent 18 sont victimes de cette malédiction dont 52% sont enceintes ou viennent de donner naissance à un enfant. D’après un rapport de l’ONU, en 2003 pour le nord de l’Irak seulement on comptabilisait 300 crimes d’honneur et plus de 78% de fillettes interdites d’école sans parler du calvaire des Afghanes qui ont l’espérance de vie la plus basse de la planète. Et ces milliers d’Algériennes violées tuées par les terroristes absentes des statistiques officielles et non officielles etc. "La violence à l’égard des femmes se rencontrent dans toutes les conditions sociales et économiques et elle est profondément enracinée dans les cultures du monde entier, à tel point que des millions de femmes y voient un mode de vie." (2)

On a cru longtemps que la civilisation adoucissait les mœurs et l’instruction était le meilleur rempart contre ce mal mais l’histoire nous prouve le contraire. On sait qu’aux temps des cavernes, avant la parole l’écriture les religions le mariage et toutes les lois qui régissent la société, la femme et l’homme d’instinct se complétaient pacifiquement : la cueillette pour la première et la chasse pour le deuxième. Certains chercheurs n’hésitent pas à parler de l’ère du matriarcat. En Europe ce n’est pas le Moyen Age qui brûlait les "sorcières" mais bien la Renaissance. Comme l’a bien souligné Ibn Khaldoun, c’est sous le florissant empire ottoman que les harems ont été constitués reléguant la femme musulmane au rang d’esclave. Chez nous en Algérie, malgré le nombre des écoles, des mosquées des policiers bien équipés, pour les 8 premiers mois de 2012, la hausse des actes misogynes est évaluée à 426%. (3) Même si le cocon familial n’est pas infecté par ce virus, la rue, le bus, les institutions et surtout le code de la famille sont loin de sécuriser les Algériennes dans leur propre pays. Vaste est la prison…, écrivait Assia Djebbar.

Dans une étude comparative portant sur 16 sociétés (3), que les plus faibles taux de violence dans un couple se trouvent dans les sociétés où il existe des sanctions communautaires contre ces agressions et où les victimes ont des centres d’accueil ou bénéficient du soutien familial. L’étude montre que quand la femme a un très faible statut, l’homme n’a pas besoin d’exercer une violence pour asseoir sa supériorité. En un mot, elle obéit à l’œil et au doigt. D’après cette étude, la brutalité conjugale se produit surtout dans les pays où l’homme détient le pouvoir économique et décisionnel dans le ménage et où les gens utilisent la violence pour résoudre leurs conflits. Cette misogynie prend de l’ampleur en temps de guerre de conflits de bouleversements sociaux dans des régions instables là où on n’a aucun problème pour se procurer des armes et où même les relations entre les hommes sont perturbées.

Le printemps arabe nous a donné un aperçu : déboulonner le dictateur et la femme. Après l’avoir sanctionné, Saddam Hossein a réhabilité le crime d’honneur lors de la guerre du Golfe. On estime que chaque année 5000 femmes sont victimes du crime d’honneur dans le monde, le plus souvent le violeur est un proche et le bourreau le propre frère. Les études démontrent aussi que le viol est plus fréquent dans les pays où l’homme jouit d’une suprématie. Les pays nordiques démocratiques et libéraux ont le plus bas taux de viol et de mères célibataires au monde alors que la sexualité est étudiée dès le primaire à l’école. Une enquête faite dans six pays africains a démontré que la violence faite aux femmes est l’une des causes principales de la progression de l’épidémie du sida. Les femmes enceintes refusent de se soumettre au test VIH ou de connaitre le résultat parce qu’elles sont terrifiées par la réaction de leur conjoint en cas de positivité. C’est vrai, on voit mal chez nous une femme, même irréprochable, annoncer sa séropositivité à son époux ou une fille avouer à ses parents qu’elle a été violée. Dans ce cas si la peur est bonne conseillère pour la victime, elle l’est moins pour le reste du groupe.

Notre Unique, au temps où elle était proche du petit peuple, a interviewé une fille kidnappée par les terroristes alors qu’elle travaillait dans le champ familial, profitant d’un accrochage avec les forces de l’ordre et ses tortionnaires, elle réussit à s’enfuir ; mais sa mère au lieu de lui souhaiter la bienvenue lui conseilla de repartir avant le retour du père si elle tenait à sa vie... La violence est multiple et féconde à souhait, une bombe à fragmentation où chaque fragment génère sa cellule-mère. Une enquête faite dans les années 50 avait révélé que les Américaines étaient 10 fois plus nombreuses que les Américains à souffrir de troubles mentaux. Il a fallu attendre les années 1970 et l’effet bénéfique de la libération féminine pour équilibrer la donne. Que dire de l’équilibre mental à cette époque de leurs consœurs moins chanceuses dans d’autres pays. Dans le livre Algériennes, Victimes de la société néo-patriarcale, de Mahfoud Bennoune emprisonné par l’armée française, on peut lire : "La similitude de ma situation et celle de tous mes camarades enfermés avec celle de mes compatriotes femmes cloitrées dans un espace parfois égale à celle de notre cellule... contrôlées, humiliées, condamnées à perpétuité aux travaux forcés domestiques…

Le féminisme n’a pas réussi à abolir la violence number one : la prostitution. On estime entre 60% et 80% les prostituées violées dans l’enfance ou ayant subies des maltraitances. En Europe 80% des prostituées sont des migrantes fuyant un génocide une guerre un conjoint ou piégées par un réseau. Une étude faite aux USA a montré que le taux de mortalité des prostituées était 78 fois plus important que la normale, âge 34 ans en moyenne ; les causes, l’alcool la drogue accident homicide (4). Les psys affirment que les hommes violents ont été généralement des enfants battus, certains vont jusqu’au crime parce que leur bourreau était leur propre mère. La femme opprimée se venge sur sa progéniture et c’est la réaction en chaîne infernale. Quand la télé nous montre chaque jour la folie meurtrière de ces jeunes à peine sortis de l’enfance qui se transforment en terroristes kamikazes, véritables bombes-jouets entre les mains des prédicateurs de l’apocalypse, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce qui n’a pas fonctionné dans l’amour maternel.

Dans le monde animal ni le viol ni la violence n’existent seule celle pour la survie. La femelle humaine est au bas de l’échelle du classement de toutes les espèces vivantes. Il y a urgence à combattre ce mal. Car si "elles n’étaient en fin de compte que des femmes : celles à qui Dieu avait pensé après coup." (7). Elles représentent 70% des pauvres et 80% de la main-d’œuvre employée dans le monde dans l’industrie du jouet et du textile. Elles produisent plus des 2/3 de nos aliments et seules 2% d’entres elles ont accès à la terre (6). Pire que l’apartheid l’indigénat et l’esclavage réunis. Se défouler en les maltraitant ce n’est pas bon pour la santé du père-fouettard puisque d’après les scientifiques qui ont travaillé sur des animaux au laboratoire, le caractère despote du mâle entraine de l’hypertension et un durcissement des artères (affection fréquente chez les hommes). Il y a moins d’un siècle, Virginia Woolf écrivait : "Lorsque son frère dit : Je me bats pour protéger notre pays. Elle demandera : que signifie le mot «pays» pour moi, l’étrangère ? En tant que femme, je n’ai pas de pays. En tant que femme, je ne désire aucun pays." Maintenant quand on voit que la locomotive de l’Europe, l’Allemagne vient de réélire Angela Merkel avec un score digne d’un dictateur africain des années 70, on se permet d’espérer qu’il est temps que la violence subite par la moitié de l’humanité pose des inquiétudes à toute l’humanité.

Mimi Massiva

1- USAID 2008 (Agence américaine pour le développement international)

2- Cate Johnson, 1997

3- Rapport du Collectif Stop à la Violence

4- Counts D., Brown J. et Campbell J., 1999

5- Muriel Salmona… (psychiatre…Présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie)

6- Peuples Solidaires

7- Nancy Zaroulis (Lumières des ténèbres)

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Commentaires (10) | Réagir ?

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khelaf hellal

La femme Algérienne doit lutter et se battre pour sortir de ce djilbab religieux dans lequel on veut l'emprisonner. Elle doit résister à l'oppression intégriste islamiste qui lui confisque chaque jour l'une après l'autre ses libertés chèrement acquises.

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khelaf hellal

La femme Algérienne doit lutter et se basortir de son djilbab dans lequel on veut l'emprisonner,

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