Qatar : un poète condamné à perpétuité pour un hommage à la révolution du jasmin

 Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani insupporte la liberté d'expression dans son royaume.
Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani insupporte la liberté d'expression dans son royaume.

Pour ses opinions exprimées contre le régime, un poète qatari a été condamné à la prison à vie. Un jugement qui fait tache pour la riche monarchie du Golfe, qui affirmait soutenir les révolutions arabes.

C'est un émirat moyen-âgeux tout au service du roi et de sa famille. Pasq seulement. Le Qatar aime l'argent mais n'aime pas les poètes. Surtout quand ils critiquent le régime. Un tribunal du petit royaume du Golfe a condamné à la prison à vie le poète Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, jeudi. Il était poursuivi pour "incitation contre le régime", et "diffamation" du prince héritier, Tamim Ben Hamad Al-Thani. La richissime monarchie du Golfe affirme pourtant soutenir les révoltes du Printemps arabe, notamment la rébellion syrienne, mais préfère que le changement se passe chez les autres. Mohammed al-Ajami avait été arrêté le 16 novembre 2011 sous l'accusation d'"incitation au renversement" du régime, et d'"insulte à l'émir", selon Amnesty International qui réclame sa libération. 

Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive 

La justice du Qatar lui reproche d'avoir écrit en 2010 un poème critiquant l'émir. Mais la véritable raison de son arrestation, selon des militants du Golfe, serait son "Poème du jardin", écrit en 2011, qui rend hommage à la révolution tunisienne. Il y exprimait l'espoir que ce changement touche d'autres pays arabes, clamant "nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive". 

Une condamnaton réservée "aux tentatives de coup d'Etat"

L'avocat du poète, Néjib al-Naïmi, a indiqué avoir émis en vain des réserves sur la composition du tribunal, dont le président, un Soudanais, "était lui-même juge d'instruction" dans l'affaire de son client. Il a ajouté qu'il allait interjeter appel, la semaine prochaine, contre ce verdict, rendu "au terme de six audiences, pour la plupart secrètes". En vertu des accusations retenues contre lui, le poète était passible d'une peine de 5 ans de prison au maximum, selon Naïmi, également ancien ministre de la Justice du Qatar qui a souligné que "la perpétuité ne s'applique qu'en cas de tentative de coup d'Etat". 

Amnesty s'est aussitôt élevée contre le verdict qui a "toutes les caractéristiques d'une atteinte scandaleuse à la liberté d'expression" et appelé à la libération du poète, présenté comme "un prisonnier d'opinion". "Il est déplorable que le Qatar, qui veut se présenter à l'échelle mondiale comme un pays qui défend la liberté d'expression, se livre à ce qui semble être une violation flagrante de ce droit", a déclaré le directeur régional d'Amnesty,Philip Luther.

Avec AFP

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

Si le Qatar s'attaque à ses poètes c'est que ses émirs ont perdu leurs repères et leur printemps poétique est pour bientôt. La gesticulation régionale du Qatar qui pense qu'il peut acheter tout le monde a déstabilisé son peuple et son royaume. Il préfère destabiliser les autres pays; mais là, son royaume ne peut pas être épargné par ce vent de liberté qui souffle à travers le monde. Il aurait dû féliciter ce poète pour l'avoir réveillé au lieu de le jeter en prison.

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Khalida targui

heureusement qu'il ne l'ont pas tué, c'est un progrés, maintenant on verra ce que la communauté internationale va faire. Le Quatar a plein de flouss, pauvre poete, déjà que la poesie ne rapporte plus un sou en plus avec la politique c'est la totale. J'espere que la toile va se mobiliser pour lui