Egypte : de Mohamed Ali à Mohamed Morsi

Mohamed Morsi
Mohamed Morsi

Avec cette crise égyptienne on découvre avec étonnement que l’Egypte a toujours la place Tahrir ouverte à ses « indignés », une justice qui fait peur au Rais et une Bourse qui plonge avec l’état d’âme de la rue.

L’homme, produit d’El Azhar et des prestigieuses universités américaines, avait tout pour plaire et rassurer son monde et son anti-monde. Mais voilà en quelques mois, le président islamique a raflé plus de pouvoirs que Moubarak durant son interminable règne. Il réveille en sursaut tous ses opposants : les juges les avocats les syndicats les journalistes les forces libérales de gauche et les 10 millions de coptes. Le Super Bey a bien choisi son moment, tout auréolé par son succès dans la trêve entre Hamas et Israël, illico presto, il élimine le seul contre-pouvoir restant : la Justice. Lors des incidents dans le Sinaï, il avait déjà montré ses talents de politicien en profitant pour limoger le chef du Conseil suprême des forces armées, Tantaoui qui s’était avéré un "tigre en papier".

L’"Aimé" des Frères musulmans et des salafistes du parti al-Nour copie sans complexe les anciennes recettes dictatoriales. Limoger un procureur général nommé certes par Moubarak c’est bien, mais en faire de même avec le nouveau, c’est du hadj Moussa et hadj Moussa bis. En attendant, le cheikh Morsi coûte 9 millions de livres rien que pour sa sécurité lors de la prière du vendredi. Les medias affirment qu’il a dépensé 170 millions de livres pour embellir la gare de Ramsès au lieu de s’occuper de la signalisation ferroviaire défectueuse qui a causé en ce mois de novembre la mort de 51 enfants d’Assiout. Les accidents liés au train, c’est une vraie malédiction en Egypte. Simple député de l’opposition, le président islamiste avait fustigé l’ancien Rais lors de l’incendie d’un train qui a fait 383 morts dix ans plus tôt. (1). Quand on détient 75% du suffrage universel, avant de profiter du butin, il faut d’abord une victoire et une victoire c’est après une bataille pas avant. Certes n’est pas Mohamed (Mehemet) Ali qui veut. Enroulé dans l’armée ottomane pour combattre les troupes napolitaines, cet ancien marchand de tabac macédonien est considéré par les historiens comme le père fondateur de ce qui allait devenir plus tard sous l’influence des cheiks Mohamed Abdou et El Afghani la Nahda. "Ne dépendant plus que nominalement d’Istanbul, il initia un vaste programme de modernisation : irrigation, culture de coton, armée nationale, création d’écoles d’ingénieries et de médecine, etc" (2). Il triompha des Mamelouks et des Wahabites de Séoud mais n’arriva pas à vaincre l’emprise de la Porte sur le Nil. Les Anglais et les Français avaient aussi veillé à tempérer l’ardeur de ce "Napoléon" oriental.

Il parait qu’impressionné par ce "bikbachi" de génie, le roi de France, Charles X, à la veille d’envahir l’Algérie lui a demandé de s’allier à lui, Mohamed Ali eu cette réplique : "Je serais déshonoré auprès de ceux de ma nation si je le faisais… Ce ne sont pas des motifs de religion qui me font raisonner ainsi : je ne suis pas plus musulman que chrétien dans ma politique. Mais ce n’est que par ma réputation dans la nation, que par l’opinion de ma nation que je suis quelque chose." (3) Pourtant à l’époque, le maitre de l’Egypte aurait pu faire ce qu’il voulait de ce peuple égyptien habitué à l’esclavage : "Haader, ya bey (Prêt à te servir, mon seigneur)". Il ambitionnait de plier le dogme à la modernité.

Deux siècles plus tard, Morsi ambitionne l’inverse. Entre Mohamed marchand de tabac et Mohamed l’universitaire, le temps a coulé en reculant. Heureusement, "une seule chose a vraiment changé depuis Moubarak : les Egyptiens ne se taisent plus." (1)

Mimi Massiva

(1) Christophe Ayad (Le Monde)

(2) Fereydoun Hoveyda (Que veulent les Arabes ?)

(3) René Kalisky (Le Monde arabe à l’Heure actuelle)

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Khalida targui

Il a l'air tellement idiot qu'on se demande comment il a reussi des etudes dans les univs americaines, mystere. En tous les cas, bravo, le peuple egyptien est encore vivant puisqu'il resiste à ce pharonet, nous Allah yarham, kan ya makane, les Algeriens. Il parait que sous Moubarak le net etait gratis, il y avait 100 chaines de télé et tout son flouss il l'a investi dans le tourisme local, le paradis quoi. On ne demande qu'à l'avoir celui là meme dechu

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Guel Dring

Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin qu'Allah reconnaisse ceux qui ont cru, et qu'Il choisisse parmi vous des martyrs - Allah n'aime pas les injustes.

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