Nouvel otage au Mali : la France entre la fermeté et la prudence

La France est-elle prise au piège dans le bourbier malien?
La France est-elle prise au piège dans le bourbier malien?

Alors que le président français a déclaré mardi que la France ne céderait pas à la pression en réaffirmant son soutien à l'intervention armée au Nord-Mali, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est voulu prudent, dans ses déclarations ce jeudi.

La France qui est en pointe dans le soutien de l'intervention militaire au Nord-Mali reculera-t-elle dans sa position sur la crise malienne suite à la nouvelle prise d'otage dont a été victime un de ses ressortissants, enlevé mardi au sud-ouest du Mali ? Alors que le président français a, dès l'annonce de cet enlèvement, réaffirmé la volonté de la France d'apporter son soutien logistique à cette intervention, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est voulu, ce jeudi, prudent.

Ce jeudi, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, interrogé par le groupe de médias RMC-BFM, a déclaré que l’otage français enlevé mardi au Mali est en vie “selon des informations des autorités maliennes”, précisant que la revendication par un groupe djihadiste du rapt était toujours en cours de vérification.
"Nous avons eu des informations par les autorités maliennes. D'après ce qu'on peut savoir, oui", l'otage est en vie, a déclaré M. Fabius, "Il y a eu une revendication mais qu'on n'a pas pu encore vérifier. Il aurait été enlevé par un groupe de djihadistes du nord", a dit M. Fabius. "Maintenant, il faut se méfier parce qu'on ne sait pas exactement les conditions dans lesquelles cela s'est passé. On ne sait pas si c'est un groupe qui l'a enlevé pour le revendre à un autre groupe, ou si c'est directement des gens du nord", a-t-il poursuivi. Laurent Fabius a répété qu'il ne fallait pas aller dans cette région de l'ouest du Mali "parce que c'est extrêmement imprudent", même si cette zone où la prise d'otage a eu lieu "n'apparaissait pas jusqu'ici comme contrôlée par les terroristes".

A la question de savoir si l'intervention d'une force internationale pour reconquérir le nord du Mali pour laquelle la France est en pointe sera accélérée suite à ce nouvel enlèvement, Laurent Fabius a répondu "Nous n'en sommes pas là", estimant "Il faut d'abord reconstituer les forces maliennes et que les pays voisins fournissent des éléments. C'est une affaire qui relève d'abord des Africains", a-t-il rappelé, précisant que l'ONU allait "donner son feu vert début décembre".

François Hollande dès l’annonce de cet enlèvement mardi a réaffirmé la position de la France dans la crise malienne, déclarant que cette capture d'otage ne changeait rien à la décision de la France de soutenir logistiquement l'intervention au Mali, estimant que "Capturer un otage c'est un moyen de faire pression. C'est un moyen qui d'ailleurs ne pèsera pas sur les décisions des autorités" Il a de nouveau demandé, comme il l'a fait lors de sa tournée africaine, à Dakar, la libération des six autres Français actuellement otages en Afrique : "J'ai déjà dit aux preneurs d'otages de nos six ressortissants qu'il était temps, plus que temps, de les libérer". Pour le président français, l'intervention au Nord-Mali est un choix africain que la France soutiendra par des moyens logistiques : "Et la France dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, soutiendra par des moyens logistiques, de formation aussi, dans le cadre européen, les Africains s'ils décident de cette intervention. Et aujourd'hui telle est bien leur intention."

François Hollande a également exclu tout dialogue avec les groupes terroristes occupant le Nord-Mali. Mais certaines sources font état d'une révision d'une "révision" de sa position à l'égard du groupe terroriste d'Ansar Eddine qui mène le dialogue avec Alger et Ouagadougou dans le cadre d'une "solution politique négociée". Il y a quelques jours, François Hollande a exhorté le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, à intensifier le dialogue avec "les représentants des populations du Nord de ce pays qui rejettent le terrorisme"

Mercredi, un des responsables du groupe terroriste du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) le Mujao, a déclaré à l’AFP que “les moudjahiddine ont dans leurs mains un Français venant d’un pays qui veut diriger les armées contre les musulmans” sans préciser si c’était son organisation ou son allié Al Qaïda au Maghreb islamique qui détenait l’otage. Sans donner aucune information sur le sort du ressortissant français, il a affirmé que “Les moudjahiddine sont tous pour le jihad (guerre sainte), là où il y a le jihad, les moudjahiddine sont là”. Ce responsable du Mujao n’a pas non plus indiqué quelles étaient les revendications en échange d’une éventuelle libération. “Nous allons parler des revendications après".

R.N/ Avec AFP

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