Intervention au Nord-Mali : ce que fera Alger

La région de Kidal convoitée par l'Algérie pour ses gisements riches en or et en uranium
La région de Kidal convoitée par l'Algérie pour ses gisements riches en or et en uranium

L'intervention au Nord-Mali contraint l’Algérie à se préparer à l’option militaire, prête à prendre les mesures appropriées pour assurer la protection maximale de ses frontières. Quelles sont ces mesures ? Le dialogue avec Ansar Eddine, groupe terroriste affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique, favorise-t-il une pénétration de l'armée algérienne dans la région de Kidal pour protéger "ses populations algériennes" sous la complicité d'Ansar Eddine ?

Dans un entretien publié sur le site Sahara Media, le chef du groupe terroriste Ansar Eddine, toujours en pourparlers avec Alger et Ouagadougou, affirme que l'intervention militaire au Nord Mali affectera et déstabilisera tous les peuples de la région du Sahel, surtout l'Algérie qui aura peine à protéger ses frontières, à contrer le danger de l'infiltration des groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique et l'afflux des populations qui chercheraient à trouver refuge sur son territoire. Le chef d'Ansar Eddine accuse le président malien par intérim, Dioncounda Traoré de porter "l'entière responsabilité de ce que serait la situation" en opposant cette décision à la "vision d'une solution globale et les vastes consultations entre toutes les parties concernées", position défendue par Alger.

Réagissant sur la décision d'envoyer des troupes au Mali, Iyad Ag Ghali la qualifie d'"l'intimidation motivée par la France" est d'"une option malheureuse (qui) reflète la vision à court terme qui aggrave la situation". A la question de savoir si son groupe était prêt à se démarquer d'Al Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest, Iyad Ag Ghali confirme ses relations organisationnelle et idéologique avec ces groupes qu'il considère de "frères d'islam" et que les divisions recherchées sont le fait d'Occidentaux. S'agissant de l'application de la chari'a, Iyad Ag Ghali écarte toute négociation sur la loi islamique qui "n'est pas discutable" dans la mesure où, estime-t-il, "la mise en place de la charia s'applique à la question de l'intégrité territoriale et au gouvernement malien."

Sur les récentes recrues de djihadistes dans les rangs d'Ansar Eddine depuis l'annonce de l'intervention au Nord-Mali, Iyad Ag Ghali considère qu'il est "du devoir des musulmans de défendre leur religion et de l'autonomisation" et que cette vague de jeunes djihadistes est l'expression d'"une jeunesse musulmane pour soutenir leurs frères vulnérables". Sur ces nouvelles recrues présentes aussi dans les rangs d'Al Qaïda au Maghreb islamique dénommées "les bataillons des masqués" composés de jeunes mercenaires africains, le chef terroriste touareg y voit un "flux de combattants dans la région pour faire face à l'agression des puissances coloniale".

Dans cet entretien, le chef d'Ansar Eddine confirme qu'il a eu des négociations avec le Mouvement national de libération de l'Azawad ( MNLA) qui, selon ses propos "ont abouti à la signature de la Convention qui prévoit la création d'un État islamique fondé sur la charia islamique dans tous les domaines de la vie" et révèle que des chefs du MNLA ont rejoint les rangs de sa formation terroriste anti-laïque pour "servir cette cause".

Cet entretien ne fournit, en revanche, aucune information relative au processus du dialogue d'Alger et de Ouagadougou où les délégations d'Ansar Eddine entendent peser sur les négociations au moment où l'intervention armée au Nord-Mali décidée par la Cedeao et qui a l'appui de la France et des Etats-Unis écarte l'option de "solution politique négociée" défendue par Alger. Selon les avis autorisés d'experts, cette décision, approuvée par l’Union Africaine (UA), contraint l’Algérie à se préparer à l’option militaire, prête à prendre "les mesures appropriées pour assurer (..) la protection maximale de ses frontières" selon le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.

A l'unanimité, des experts sur la question malienne et la géostratégie dans la région du Sahel, attestent que "l’Algérie aura des difficultés à protéger sa bande frontalière longue de 1. 400 km, et de se trouver ainsi contrainte à gérer le risque d’infiltration d’Al-Qaïda et des armes sur son sol, ainsi que l’afflux de réfugiés maliens qui fuiront les combats".

Un expert algérien, M. Medjahed, s'est penché sur la prochaine action que mènera l’Algérie dans le contexte d’une intervention au nord du Mali. Il  a précisé que "l’Algérie commencera par fermer ses frontières avec le Mali (…) pour se prémunir contre une éventuelle infiltration des islamistes et des armes sur son territoire, voire contrer une tentative d’ouvrir un front sur son sol."

Le chef d'Ansar Eddine n'a divulgué aucune information sur l'évolution de la situation liée au mouvement des groupes terroristes d'Al Qaïda dans les régions occupées du Nord-Mali suite à l'annonce de l'intervention. Il y a quelques semaines, alors que se précisait la décision de l'envoi des troupes dans cette région, plusieurs informations avaient fait état de défections dans les rangs d'Al Qaïda au Maghreb islamique, notamment des éléments civils de la population qui avaient été enrôlés aux premiers jours de l'occupation en avril dernier.

Que cherche alors Alger dans ce dialogue avec Ansar Eddine sachant que les négocations ne peuvent ni empêcher ou ni même retarder l'intervention au Nord-Mali? Cache-t-il des velléités d'occupation territoriale d'Alger et notamment dans la région de Kidal qu'Alger veut faire passer sous son contrôle et où, selon plusieurs sources maliennes, les autorités d'Alger disent protéger "les populations algériennes" du Nord-Mali. La quasi-totalité des responsables d'Ansar Eddine et du MNLA possèdent la double nationalité, malienne et algérienne.

Ce dialogue d'Alger serait-il une manoeuvre de déstabilisation du Mali qui permettrait à Iyad Ag Ghali qui n'est pas nationaliste pour un sou, prêt à vendre son âme et des territoires du Nord, pour éviter la guerre et à s'assurer, sous la complicité d'Alger, le partage des richesses de cette région de Kidal riche en gisements d' or et d' uranium.

R.N

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Commentaires (5) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Khalida targui

on s'en fout, c'est leur problème et d'ailleurs on n'a pas notre mot à dire, nous les zéros pour eux

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