Les gourous de la com’ : à l’ombre des patrons et des hommes politiques français

La jaquette du livre.
La jaquette du livre.

Ce livre qui vient de ressortir en poche chez la Découverte offre un éclairage sur le rôle de ces conseillers en communication que le public ne voit pas mais qui contrôlent l'image de certains gouvernants.

Les gourous de la com ‘ Trente ans de manipulations politiques et économique écrit par Aurore Gorius et Michaël Moreau est une sacrée plongée dans les cuisines de ceux qui font l’opinion, ou du moins dans les dessous des réseaux d’influence français. Ici le monde des affaires et celui de la politique ne font qu’un. Le livre est le fruit de deux ans d’enquêtes et d’entretien avec les ceux qui vivent à l’ombre des puissants pour leur offrir des idées, un modèle de pensée voire des répliques toutes prêtes. Eux, ce sont les limiers de la communication, ceux qui s’occupent de l’image des hommes politiques, des grands patrons de groupes industriels. Ce sont les conseillers en communication qui arrosent les rédactions de communiqués ou d’infos intéressées, triées sur le volet, choisies, pensées pour servir leur client.

Les gourous de la com’ lève un coin de voile sur ces conseillers qui apprennent aux politiques à parler face à une caméra, un micro de radio ou à donner un entretien. Ils s’appellent Anne Méaux, Stéphane Fouks, ou Michel Calzaroni. Ils ont marqué les 30 dernières années par leur influence auprès des patrons et des politiques.  Ces conseillers de l'ombre ont été beaucoup utilisés par Nicolas Sarkozy durant son quinquennat. il a été notamment conseillé sur la méthode de la saturation médiatique. L'objectif : par le matracage médiatique d'une idée on arrive à faire passer le message et convaincre les citoyens. 

Ce livre offre une plongée assez intéressante dans les origines des conseillers en communication. En ce sens qu’il nous apprend par exemple que ce sont les anciens officiers de l’armée française connus pour leurs coups tordus comme le colonel Charles Lacheroy, théoricien de "l’action psychologique" ou de la contre-insurrection testée en Indochine et pendant la guerre d’Algérie qui sont les initiateurs  des premiers bureaux d’information qui deviendront plus tard les conseillers en communication. C’est Michel Frois qui s’était chargé de "vendre" la guerre d’Algérie par ailleurs impopulaire, de l’expliquer aux journalistes. 

Après la guerre, les conseillers en communication ou les gourous se font les têtes à penser des grands patrons. Année Méaux a eu comme client : Bernard Arnault, Bolloré et François Pinault, trois fortunes qui compte en France. 

Dans le marigot politique français, on retrouve toujours pas loin l’un des trois gourous : Fouks, Méaux ou Calzaroni. Soit auprès de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, et même auprès des ministres, comme Raffarin, Dati, Montebourg, Valls, etc. Ces conseillers assurent des média training aux politiques. 

Ce livre qui vient de sortir en poche a été enrichi d’une postface rédigée au lendemain de la présidentielle française. "François Hollande s’est-il longuement préparé, avec une cellule de com’, créée de toutes pièces, à son face-à-face télévisé avec le candidat sortant". Cependant le désormais président ne reconnait pas une influence dans ses choix à ces "gourous" officieux.

Les gourous de la com’ fourmillent d’histoires sur les interactions des intérêts entre le politique et l’économique, mais surtout sur les réseaux d’influence qui irriguent l’espace médiatique en lien avec le monde politique en  France.

Kassia G.-A.

Les Gourous de la Com’ d’Aurore Gorius et Michaël Moreau, La Découverte, 330 pages, 12 €.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Atala Atlale

Comme quoi le talent et la vertu ne sont pas indispensables pour conduire les affaires d'une société, voire d'une nation, un incompétent mais très riche peut se payer les meilleurs conseillers et du haut de son ignorance narguer les meilleurs. Que c'est beau la politique !

Des hommes illustres ont traversé les siècles, ils ont laissé leurs empreintes aux générations suivantes qui les ont bien traduites pour le bien de la communauté, que ce soit dans le domaine de la science, ou tout simplement pour le progrès humain. Suis-je un idéaliste Kassia G. -A. ?

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Quelqun EncoreQuelqun

Jacques Séguéla doit bien ricaner, lui qui a conseillé Omar Bango et Ehud Barak entre autres.

Il faudra commencer d'abord par nous expliquer ce qu'est "communiquer"...

Même le terme de "gourou" utilisé dans ce contexte demande à être davantage éclairé.

Finalement, s'agissant de ces hommes et de ces femmes appelé () s "communiquants", ne serait-il pas juste question d'hommes (et femmes) d'affaires tout court?

C'est-à-dire, des personne ayant le géni de vous vendre du vent, de la poussière... du rêve en vous persuadant d'être le seul, l'unique "élu" (client) ??

Tout un débat!