Se dirige-t-on droit vers le pire des scénarios en 2019 ?

Le Matin 23-08-2017 60265

Se dirige-t-on droit vers le pire des scénarios en 2019 ?
On prête à Said Bouteflika l'ambition monarchique de succéder à son frère au pouvoir depuis 18 ans.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à dix-neuf mois des élections présidentielles d’avril 2019, rien n’a encore filtré sur les intentions réelles des potentiels candidats à la course au Palais d’El Mouradia.

Occupés peut-être à deviner d’abord la direction du vent et la décision du chef de l’Etat vis-à-vis du cinquième mandat, les protagonistes ne veulent ni se montrer, ni encore moins penser à des primaires, comme cela se fait ailleurs. Du coup, personne n’est en mesure à l’heure qu’il est de dire de quoi sera faite cette échéance, où tous les coups seront très certainement permis.

Même si Abdelaziz Bouteflika renonce à se succéder à lui-même, son entourage fera l’impossible pour qu’un membre du "clan" le remplace pour au moins dix ans. Un membre dont la feuille de route se résumerait à l’essentiel : le maintien du statu quo actuel, en attendant une hypothétique remontée des prix du pétrole.

Certes, ce ne sont pas les candidats qui manquent dans les rangs du clan, mais ce dernier n’est pas dupe et fera donc tout pour nous faire sortir quelqu’un qui ne soulèvera surtout pas un tollé général. Et c’est là, précisément, que le clan aura du pain sur la planche, ses membres n’étant pas tous au-dessus de tout soupçon.

Si Saïd Bouteflika est le mieux loti pour succéder à son frère, il est aussi, et surtout, le plus à même de provoquer l’irréparable en soulevant le tollé général tant redouté, rien qu’en se portant candidat à la magistrature suprême. En effet, les Algériens, qui ont gobé tout, ou presque, jusque-là, pourraient se montrer réticents face à une succession dynastique.

Saïd Bouteflika sait tout cela, bien sûr, et comme il a eu le temps de murir son projet en prenant les décisions qu’imposent son cas, il actionnera sûrement le moment venu une machine électorale qui s’ébranlera aussitôt, avec pour mission de le faire "élire" sous un label identique, ou proche de celui du "candidat du consensus". La vie, dit-on, est un éternel recommencement.

Auquel cas, les Algériens assisteraient-ils médusés à une énième mascarade électorale ? L’avenir nous le dira. Avec Saïd Bouteflika comme chef de l’Etat, l’Algérie gagnerait toutefois au moins deux choses et pas des moindres : Abdelaziz Bouteflika n’aura pas besoin de faire une contraignante passation de pouvoir, et Saïd Bouteflika n’aura pas besoin d’une période de grâce.

Ahcène Bettahar

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