141 partisans du maréchal Haftar "exécutés" dans le sud libyen

Le Matin 20-05-2017 6014

141 partisans du maréchal Haftar "exécutés" dans le sud libyen
L'attaque de la base militaire de Brak. Photo Twitter.

Au moins 141 personnes, pour la plupart des soldats loyaux au maréchal Khalifa Haftar, ont été tuées jeudi 18 mai dans une attaque menée par des groupes rivaux contre une base militaire dans le sud libyen. C’est ce qu’a annoncé vendredi soir un porte-parole des forces pro-Haftar. Dans la même journée de jeudi, les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir coordonné le secours de 2 300 migrants. Près de 600 l'ont été par leurs collègues. libyens.

Outre des soldats de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar figurent aussi parmi les victimes des civils qui travaillaient sur la base de Brak al-Shati ou qui se trouvaient aux alentours, a indiqué Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL. Selon lui, « les soldats tués revenaient d'un défilé militaire dans l'est de la Libye. La plupart d'entre eux n'étaient pas armés." "Ils ont été exécutés", lance-t-il.

D'après des sources militaires citées par l'Agence France-Presse, ce serait la 3e Force, un puissant groupe armé de la ville de Misrata, officieusement loyal au gouvernement d'union nationale (GNA), qui aurait mené jeudi cette attaque contre la base aérienne de Brak al-Shati, contrôlée par l'Armée nationale libyenne autoproclamée par le maréchal Haftar.

L'ONU avait évoqué plus tôt un nombre important de morts et "des informations sur des exécutions" sans donner plus de détails. "Je suis indigné par des informations sur un nombre important de morts, y compris des civils, et des rapports selon lesquels des exécutions sommaires auraient pu avoir lieu", a réagi l'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler.

La base de Brak al-Shati se trouve à 50 km d'une autre base aérienne, contrôlée justement par la 3e Force, et qui avait été la cible de plusieurs attaques menées par les soldats du maréchal Haftar en avril. Dans un communiqué à la tonalité inquiète, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, s'est dit "indigné" par le "nombre important de victimes" et les allégations d'exécutions sommaires.

Le gouvernement d'union nationale a mis en place une commission d'enquête présidée par le ministre de la Justice et a décidé de "suspendre le ministre de la Défense, al-Mahdi al-Barghathi, et le commandant de la 3e Force jusqu'à ce que soient identifiés les responsables" de l'attaque, selon une décision parue vendredi soir.

Le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, ainsi que le ministère de la Défense, avaient tous deux condamné préalablement l'attaque de jeudi, affirmant ne pas avoir donné d'ordre en ce sens. Le GNA appelle à un cessez-le-feu. La base de Brak al-Shati est située à 650 km au sud de Tripoli, dans une région désertique et marginalisée, où l'Etat est quasiment absent.

Contrôlant une grande partie de l'est et du sud libyens, le maréchal Haftar est appuyé par le Parlement élu basé à Tobrouk, hostile comme lui au GNA qui est issu d'un accord interlibyen signé fin 2015 au Maroc sous l'égide de l'ONU. Une rencontre début mai à Abou Dhabi entre le maréchal Haftar et le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, avait permis un timide rapprochement entre les deux rivaux, qui avaient convenu d'arrêter l'escalade militaire dans le Sud.

Il s'agit de la plus grave attaque enregistrée en Libye depuis cette rencontre. Malgré l'appel au cessez-le-feu du gouvernement d'union nationale, dans l'est, le président du Parlement de Tobrouk voit dans cette attaque "une violation grave de l'accord de trève" d'Abou Dhabi et promet donc de risposter.

La paix s'éloigne à mesure que les différentes milices se renfocent. Les efforts pour ramener la paix et la sécurité aux Libyens et aux pays voisins n'ont pour l'heure pas donné de résultats probants et les accords signés ici ou là sont régulièrement violés par les groupes qui s'affrontent.

Avec RFI

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