Alger-Rabat : torgnole algérienne ou simple mise en scène marocaine ?

Le Matin 19-05-2017 20554

Alger-Rabat : torgnole algérienne ou simple mise en scène marocaine ?
Le diplomate marocain qui aurait été agressé par un diplomate algérien.

Le Maroc a soutenu, le 18 mai qu'un de ses diplomates a été agressé par un responsable algérien lors d'une réunion d'un comité onusien dans les Caraïbes.

Décidément les esprits s’échauffent entre Alger et Rabat. On en serait arrivé aux coups de poings, dans une rencontre diplomatique si l’on en croit la version donnée par les Marocains. L'incident se serait déroulé en plein Comité spécial des 24, une commission de l’ONU sur la décolonisation, qui se tenait jeudi 18 mai sur l’île antillaise de Sainte-Lucie. "Depuis ces dernières années, à chacune de ces réunions se pose le problème de la représentativité pour nos provinces du sud [Sahara occidental], où nos représentants élus contestent la présence du Front Polisario", soutient un responsable marocain à l’AFP.

Au cours de la réunion, Soufiane Mimouni, directeur général du ministère des Affaires étrangères algérien, "a agressé physiquement l’adjoint de notre ambassadeur à Sainte-Lucie ", accuse ce responsable marocain. Qui en remet une couche : "Notre diplomate a dû partir à l’hôpital, la réunion a été interrompue, une plainte a été déposée". Il présente des clichés, que l’AFP a donc pu consulter. On y voit un homme allongé sur le sol et auquel une secouriste porte assistance. Sans plus !!! Pas de coup de poing, ni de raclée !

Bien sûr le ministère des Affaires étrangères algérien n’a pas tardé à apporter son éclairage et parler de mise en scène. "Les informations rapportées par des médias marocains et reprises en l'état par certains sites au sujet d'une prétendue agression physique qui aurait été commise par un diplomate algérien de haut rang sur un membre de la délégation marocaine en marge de la tenue à Saint-Vincent-et-les Grenadines du séminaire régional organisé par le comité spécial de décolonisation communément appelé le C24, sont des informations inventées, infondées, fausses et mensongères et sans aucun lien avec la réalité", a affirmé Abdelaziz Benali Cherif. le porte-parole du MAE.

"Nous considérons que les accusations proférées contre notre diplomate ne sont rien de plus qu'une piètre mise en scène d'une médiocre pièce de théâtre et une répétition des méthodes et d'un scénario auxquels nous avons été habitués", a tonné le porte-parole, précisant que "la réalité des faits tels qu'ils se sont déroulés est à l'antipode de la version avancée".

Et de dérouler le film de l'événement versus Alger : "Un membre de la délégation algérienne, une jeune diplomate en l'occurrence, a fait l'objet, depuis le début des travaux du séminaire, d'un harcèlement permanent et a même été victime de tentatives d'agressions de la part d'éléments de la délégation marocaine, ce qui a amené les autorités du pays organisateur à désigner des agents pour assurer sa sécurité".

En toile de fond de cette polémique ? La présence des représentant du peuple sahraoui. "Les accusations contre notre diplomate sont une nouvelle fuite en avant et une illustration du dépit suite au travers et à l'échec subis par la diplomatie marocaine après le refus du Comité des vingt-quatre de céder à la pression visant à priver le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination", observe le porte-parole du MAE, faisant remarquer que "les hautes autorités onusiennes ont été informées des détails de ce regrettable incident". En attendant d'avoir un éventuel témoignage d'unne partie tierce, il est manifeste que la diplomatie marocaine s'emploie diablement à isoler les Sahraouis des instances internationales, voire à les y évincer. En l'espèce, il faut croire que les diplomates algériens font office de trouble-fêtes.

La rédaction avec agences

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