Sellal à Médéa : une visite et des interrogations !

Le Matin 30-04-2017 13076

Sellal à Médéa : une visite et des interrogations !
Sellal reçoit le cadeau offert au Président Bouteflika de l'équipe locale l'Olympique de Médea .

Juste Dieu ! Moins cinq et l’on aurait déclaré Médéa et ses contrées proches et lointaines zones interdites.

Pendant qu'Abdelmalek Sellal disserte et s'adonne à ses promesses sans lendemains, les petites gens de la contrée semblent comme envahis ! De mémoire de Médéens, jamais la ville n’a été, en ce samedi, si quadrillée par les forces de sécurité que cette journée de visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal, causant d’immenses problèmes de circulation tant pédestres qu’automobiles. Routes et ruelles bloquées, trottoirs extrêmement surveillés aux fins d’empêcher les citoyens de voir de près ceux qui président à leurs destinés. Renversant ! Les petites gens attendront encore cette fois avant de voir ces Messieurs qui nous "gouvernent" !

Était-ce une exigence sécuritaire ou un excès de zèle des forces de police pour faire barrage et protéger les puissants du moment ? Les deux à la fois sans doute. Ces barrages "sanitaires" et sécuritaires ceusent en vrai davantage ce fossé déjà profond qui sépare la plèbe de ces "oligarques-aristocrates". Des citoyens et des voyageurs ont été bloqués dans leurs mouvements et consignés jusqu’à la fin du passage du cortège de voitures ministérielles. Un enfant de 11 ans innocemment finira par lâcher : "Ce n’est pas Dieu ou un prophète que nos policiers vénèrent tant ?" Il ne croyait pas si bien dire. On est bien dans un Etat policier qui ne dit pas son nom.

L'image de Bouteflika suspendue comme du linge sur les immeubles.

Sous d’autres cieux, la légitimité et l’aura politiques se mesurent aux bains de foule, aux contacts et aux promesses électorales tenues. Forts conscients du pouvoir que leur confère le peuple, les décideurs publics se font un devoir d’aller à la rencontre de leur peuple et d’être à leur écoute. Et ces derniers le leurs rendent bien, souvenez-vous des putschs de Hugo Chavez et Recep Tayyip Erdogan. N’est-ce pas la protection, le soutien et la détermination de leurs propres peuples qui les ont ré-imposés leaders de leurs pays respectifs. Mais ici, c'est tout une autre affaire.

Ironie du sort, l’Algerie, profitant de la maladie et de l’impotence de son President, le pays est accaparé par l’oligarchie régnante. Que de décisions maladroites ont été prises en son nom, sans considération aucune de l’image du pays, de son grand peuple et de son armée ! L’argent mal acquis coulant à flot a fini par briser mille rêves et mille espoirs du petit peuple, et que peut bien apporter une visite, somme toute, banale d’un Premier ministre en mal de clairvoyance économique à une région sinistrée depuis des lustres ? Tout le monde l'aura compris ici, il n'a rien à offrir comme trophée ni à inaugurer si ce n’est de se faire rattraper par les boniments et des promesses non tenus, à ce jour, lors d’une précédente visite.

En vérité, cette énième promenade ministérielle, drapée d’un voile pudique dénommé inspection de la wilaya et son timing cachent mal les appréhensions et la hantise de l’abstention aux prochaines élections législatives pour moult raisons, la cherté de la vie, le Ramadan et le profile des candidats. Et quelle lecture pourrait-on donner à la présence du Secrétaire général de l’U.G.T.A à ses côtés et la présence en force de ses adhérents, lors de son discours devant la société civile, des gens triés sur le volet qui ne représentent qu’eux-mêmes ?

L’hypocrisie est un hommage que le vice tend à la vertu. Les sans-voix, les sans-logis, les sans-le-sou, les malades mentaux, les écoliers et les parturientes de cette Algerie profonde, coupables du crime d’être pauvres, continueront à traîner leurs godasses vers l’infini et braver les aléas qui leur font la vie dure, puisque la puissance, la gloire et les butins sont les têtes d’affiches du présent. Nul autre pensée aux malheurs des uns n’est permise ! Terrible sentence d’un bateleur de foire aux commandes !

De Médéa, Brahim Ferhat

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