Soutenu par Alger, Emmanuel Macron pourrait être le prochain président français

Le Matin 23-04-2017 21888

Soutenu par Alger, Emmanuel Macron pourrait être le prochain président français
Abdelmalek Sellal recevant Emmanuel Macron

Emmanuel Macron est le seul candidat à la présidentielle française à venir à Alger. Sa qualification au second tour pourrait être interprétée comme une victoire d'Alger.

Ce dimanche soir à Alger on doit boire du petit lait en l'honneur de la victoire d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. En effet, Emmanuel Macron, patron du mouvement En Marche, qui vient de gagner les suffrages pour affronter au second tour Marine Le Pen, la patronne du parti d'extrême droite le Front national, fondé par son père, Jean-Marie Le Pen était le favori d'Alger.

Le candidat d'En Marche qui a braconné nombre de têtes de la gauche et du centre droit. Il a aussi su par son discours de rupture avec la politique traditionnelle attirer une jeunesse très connectée et avide de changement en dehors des appareils politiques.

Nous concernant, Emmanuel Macron a été le seul des favoris à condamner sans embages le colonialisme.

Son voyage en février dernier à Alger avec réception par Abdelmalek Sellal, Ramtane Lamamra et autres relais du régime a fait pousser des cris d'orfraie en France. Pas seulement, puisque, rappelons-nous, Macron a surtout fait des déclarations assez fermes et courages sur la période coloniale en pleine précampagne pour la présidentielle. "La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes", a-t-il déclaré à Echourouk tv. Il ajoutera sans craindre en effet de perdre quelque électorat : "Il y a eu des crimes terribles, il y a eu de la torture, il y a eu de la barbarie parce que la colonisation est un acte de domination et de non-reconnaissance de l’autonomie d’un peuple". Puis de nuancer le propos : "Et en même temps, je ne veux pas qu’on tombe, tout en reconnaissant ce crime, dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien."

Cela lui a certes valu quelques hasardeuses explications ensuite avec l'électorat nostalgique de l'empire colonial, mais sans grande conséquence sur la suite de sa campagne électorale.

Pour autant, il faut se garder de tout emportement. Emmanuel Macron, s'il est élu (ce qui est fort probable), défendra avant tout les intérêts de son pays. Quant à l'Algérie, elle sera, comme elle l'a été pour François Hollande qui a fait le même voyage en son temps, un marché à conquérir.

Le scénario de 2002

Le score est certes serré, mais le candidat d'En Marche a déjà le soutien de Benoît Hamon, le Parti communiste et François Fillon, qui ont appelé à faire barrage à Marine Le Pen. Il ne serait pas étonnant que les heures, voire les jours à venir, on assiste à la multiplication des appels à voter en faveur d'Emmanuel Macron. Là encore, il faut rester mesurer, l'électorat de François Fillon, très ancré à droite, pourrait ne pas l'écouter. Quant à Jean-Luc Mélenchon, de la France insoumise, refuse de donner des consignes de vote et s'en remet à sa base.

Cela étant dit, le scénario de la présidentielle de 2002 pourrait se rééditer quand Jean-Marie Le Pen s'est retrouvé au second tour face à Jacques Chirac. En effet, un front républicain pourrait rapidement se constituer pour faire barrage à la candidate de l'extrême droite et donner les faveurs à Emmanuel Macron.

Yacine K.

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